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L’État réagit à la crise mondiale actuelle en mobilisant hommes, intrants et ressources pour accroître de moitié la production de riz dès la campagne prochaine.

Annonce faite par le Premier ministre

Face à la hausse généralisée des prix des céréales et à la poursuite de cette tendance à la hausse dans les années à venir, le gouvernement vient de mettre en œuvre un « plan d’opération riz pour la campagne 2008-2009 » qui va coûter plus de 45 milliards Fcfa dont une subvention orientée principalement sur les intrants (semences et engrais) et l’appui conseil.

Le financement de l’opération sera assuré principalement sur le budget 2008 par une réduction des dépenses de fonctionnement de l’administration à concurrence du montant requis.

A ce propos, le Premier ministre Modibo Sidibé a évoqué la réduction du train de vie de l’État lorsqu’il expliquait hier le contenu de ce plan d’opération au cours d’une interview accordée à la presse.

Modibo Sidibé a précisé que l’opération se concentrera sur le riz car cette céréale symbolise, à elle seule, la flambée des denrées de première nécessité. Un phénomène aisément compréhensible dans un pays grand consommateur de riz.

UNE RECOLTE DE 1 618 323 TONNES

Considéré comme une réponse structurelle à la crise actuelle du riz, le plan d’opération est une étape dans la réalisation de la volonté exprimée dans le Programme de développement économique et social du président de la République de faire du Mali une puissance agricole.

Ainsi pour son exécution, le plan d’opération riz s’appuie sur les stratégies définies dans la Déclaration de politique générale du Premier ministre : accroître la productivité des différents systèmes de production par une intensification agricole et valoriser les filières agricoles en y apportant de la valeur ajoutée par la mise en œuvre d’unités de transformation adaptées et performantes.

Les prévisions établies militent en faveur de la réussite de l’opération. Ainsi la production attendue de riz pour la campagne 2008-2009 est de 1 618 323 tonnes, soit une augmentation de 50% par rapport à la campagne précédente.

Cette embellie attendue permettra de dégager une production de riz marchand de 1 million de tonnes. Elle devrait ainsi couvrir les besoins alimentaires internes du pays (900 000 tonnes) et dégager une excédent commercialisable de 100 000 tonnes.

La mise en œuvre de l’opération sera centrée sur une intensification de la production sur les superficies exploitables. Facteurs privilégiés : engrais, semences, eau. La disponibilité et l’accessibilité des engrais sont le facteur le plus incitatif pour emporter l’adhésion des producteurs au processus de production.

Le service appui conseil est également pris en compte pour sensibiliser les producteurs et assurer le suivi de l’opération. En raison de la production attendue, les groupements de producteurs disposeront d’équipements post-récolte tant pour la récolte que pour la transformation. Un dispositif de commercialisation s’emploiera à mettre en relation groupements de producteurs et opérateurs privés.

La volonté du gouvernement de faire de la campagne 2008-2009, une campagne de réponse nationale à la crise du marché international du riz, se concrétise aussi par une subvention publique. Celle-ci devrait couvrir partiellement le coût total d’une opération estimée, pour le moment, à plus de 45 milliards de Fcfa.

TRAVAILLER PLUS POUR VIVRE MIEUX

Le gouvernement s’engage ainsi à apporter une subvention pour le financement des engrais, de la semence et de l’appui conseil, a annoncé le Premier ministre. La subvention sur l’engrais, par exemple, permettra de faire baisser le prix de cession du produit aux paysans. L’État mettra aussi à crédit des équipements à disposition des organisations paysannes.

Il participera ainsi au fonctionnement de la station pompage de la plaine de San Ouest, renforcera les moyens affectés à l’appui conseil avec un équipement complémentaire de 200 motos, a précisé Modibo Sidibé. Ces motos, par exemple, coûteront 325 millions Fcfa.

Si le dispositif de commercialisation repose sur un appui aux groupements concernés, le financement à crédit des équipements sera assuré par l’État à travers un mécanisme impliquant les banques et le Système financier décentralisé (SFD).

Analysant l’impact attendu de l’opération, le Premier ministre l’expliquera ainsi : permettre à notre pays de « prendre son sort alimentaire en main« . Le pays regorge de potentialités et possède suffisamment de travailleurs rompus à la tâche, constatera-t-il.

« L’objectif de l’opération est de travailler plus, produire plus et gagner plus« , a-t-il résumé en exhortant nos compatriotes à travailler plus pour vivre mieux. Le plan d’opération riz devrait largement profiter aux producteurs grâce à une récolte totale évaluée à 300 milliards Fcfa et surtout un revenu net par hectare qui passera, selon les projections, de 300 000 à 500 000 Fcfa en raison de la subvention et du gain de productivité.

Pour la première fois notre pays couvrira l’intégralité de ses besoins en consommation interne et sera exportateur net de riz. Cette abondance profitera naturellement aux consommateurs grâce à un approvisionnement correct du pays en riz. Pas de pénurie, pas de spéculation, donc des prix à la consommation abordables.

Plus généralement, l’opération aura un effet bénéfique sur l’économie nationale, en améliorant la contribution du secteur riz à la croissance économique nationale, en jouant positivement sur la balance des paiements grâce à l’exportation de plus de 100 000 tonnes de riz.

L’opération riz promet donc beaucoup et montre que notre pays est déterminé à réagir pour surmonter une mauvaise passe qui alarme le monde entier aujourd’hui.


M. KÉITA

L’Essor du 16 avril 2008.