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La révision des listes électorales est dans une phase critique à travers le territoire national en raison d’un déficit criard des cahiers de recensement. Les membres des commissions administratives ne savent plus à quel saint se vouer tant ils sont confrontés à la pression des populations, qui veulent s’inscrire, et à l’incapacité du ministère de l’administration territoriale de faire face à ses responsabilités.

La révision des listes électorales a officiellement commencé le 1er octobre 2008. Les commissions administratives s’attèlent depuis lors aux inscriptions, radiations et corrections avec les moyens mis à leur disposition. Plus de quarante cinq jours après, le ministère de l’administration territoriale et des collectivités locales n’a pas pu mettre à la disposition des commissions administratives la quantité de cahiers de recensement nécessaire pour les inscriptions.

Au centre secondaire de Badalabougou où siège la commission de révision des listes électorales de la commune V du District de Bamako, c’est la stupéfaction. Il n’y a plus de cahiers de recensement. « Vous constatez vous-même que les gens viennent et repartent sans pouvoir s’inscrire à cause du manque de cahiers de recensement. Nous ne pouvons pas les recenser, parce que seuls les cahiers de recensement permettent d’attribuer un numéro d’identification à la personne inscrite… », précise le rapporteur de la commission de révision des listes électorales de la commune V, Lamine Diakité.

En fait, Diakité n’a fait que souligner un désarroi qui a affecté l’ensemble de commissions administratives. Toutes les commissions administratives des communes peuplées du Mali sont pratiquement dans la même situation.

Le ministère de l’administration territoriale et des collectivités locales serait naturellement au courant des faits puisqu’il a envoyé des missions de supervision dans toutes les régions du pays pour constater l’effectivité des travaux des commissions administratives.

Ces missionnaires auraient même fait des promesses de cahiers de recensement, qui n’ont jamais été tenues. S’agissant du déficit de cahiers de recensement et de l’incapacité du département à satisfaire ce besoin, des voix commencent à se lever pour prédire ce que seront les élections communales de 2009, à savoir une véritable catastrophe électorale qui n’aurait rien à envier aux élections présidentielles de 1997.

Le Mali de 2009 n’aura pas besoin de çà. Si l’administration de Kafougouna Koné est en panne, elle doit s’assumer et arrêter l’hémorragie. Tenez vous bien, les inscriptions étaient prévues seulement pendant le mois d’octobre, mais jusqu’au 14 novembre 2008, elles étaient possibles, sauf qu’il n’y a pas de cahiers de recensement. On est dans la deuxième quinzaine du mois de novembre, les affichages pour les vérifications n’ont pas encore commencé. Même si, en commune V, il y a une forte probabilité que cela soit vers le 20 novembre.

Les partis politiques en cause

L’administration territoriale, malgré ces difficultés, continue de diffuser des sketchs pour inciter les populations à aller s’inscrire pour les prochains scrutins. Et, tout cela ne fait que compliquer la tâche aux commissions administratives.

Le hic, c’est que ces commissions sont composées de membres des partis politiques et de l’administration. Aucun parti politique ne s’est jusque là pas assumé face à cet état de fait qui menace terriblement la bonne organisation des communales de 2009. Autrement dit les partis politiques sont complices de cette défaillance de l’administration territoriale.

En fait, l’administration de Kafougouna Koné doit être réellement en panne. Pour avoir la version du ministère de l’administration territoriale sur le déficit de cahiers de recensement, nous n’avons pas pu contacter les responsables de la structure, malgré nos multiples tentatives. Ils sont absents ou indisponibles.

Le secrétaire général du département, Mamadou Seydou Traoré, qui était présent le vendredi dernier, n’a pas jugé nécessaire d’échanger avec notre reporter qu’il a fait trainer dans son secrétariat pendant plus de deux heures. Il était simplement occupé pendant plus d’une heure de temps, dans son bureau, à s’entretenir avec un visiteur qui n’était là qu’à bavarder avec lui. Pendant ce temps, il ne semblait guère se soucier des difficultés qu’ont ses administrés, ni même son administration, encore moins les commissions administratives.

C’est la conséquence de l’immobilisme des secrétaires généraux. Une fois qu’ils sont installés, ils oublient les raisons de leur présence. Le renouveau de l’action publique, que prônent le chef de l’Etat et le Premier ministre, n’a pas encore sonné dans les bureaux du ministère de l’administration territoriale et des collectivités locales. Les usagers doivent encore patienter, car le changement de comportement des agents de l’administration a du chemin à faire. Est-il besoin de souligner que dans une telle administration, il n’est pas facile de résoudre les problèmes.

I. MAÏGA

17 Novembre 2008