Partager

C’est la même litanie, la même rengaine : les Accords d’Alger respectent l’intégrité territoriale du Mali dans son préambule ; l’armée ne quittera pas Kidal mais les casernes seront « délocalisées », il y aura un Conseil régional de coordination et de suivi et des unités spéciales, chargées de la sécurité.

« C’est donc en toute conscience que nous avons signé ces accords. Nous n’avions pas vendu le Mali, ces accords ne sont pas ceux de la honte, nous n’avons pas capitulé. Ce n’est pas une question de Général Pétain. Car nous ne sommes pas en guerre contre un autre pays. Pétain, c’est lors de la guerre que la France a livré contre l’Allemagne. En réalité, nous avons signé ces accords pour défendre la vie des populations parce que nous ne pouvons pas faire une guerre qui va occasionner la perte en vies humaines des Maliens« , a déclaré Général Kafougouna Koné. Une manière de répondre à certains organes de presse, notamment L’Indépendant, qui ne partage pas ses explications et analyses sur les Accords d’Alger signés en violation du Pacte National et des textes régissant la décentralisation (voir notre précédente parution) dans la mesure où le document signé par Kafougouna Koné ne parle que de Kidal et rien pour Gao et Tombouctou, deux composantes essentielles de ce Pacte. Pas une seule ligne concernant ces deux régions. Contrairement à ce que ATT et le Général-négociateur en chef veulent faire croire à l’opinion publique nationale et internationale.

Auparavant, l’hôte des leaders politiques avait expliqué à ses invités ce qu’il croit être à l’origine des attaques des camps militaires de Kidal. « Avant le 23 mai, nous étions partis à Kidal en compagnie du directeur de cabinet de Kadhafi pour recenser les préoccupations des dissidents, comprendre leur motivation réelle puisque certains déserteurs étaient déjà dans la montagne. D’autres missions avaient déjà été dépêchées avant la nôtre notamment la ministre en charge de l’emploi. Ils m’ont posé quatre doléances : autonomie de la région de Kidal, réinsertion des ex-combattants, réinsertion au sein de l’armée des soldats déserteurs, l’emploi des jeunes« , a révélé Kafougouna Koné. Avant de préciser que sa réponse a été de dire que le premier point n’est pas négociable et que les autres pourraient être discutés. Il a ainsi rappelé tous les efforts faits par le Mali lors de la rébellion de 1990, sanctionnée par le Pacte National.

Il s’agit de la prime de démobilisation de 700 000 FCFA accordée à chaque combattant et même à « certains de leurs cousins élèves et étudiants à Bamako » de la réinsertion de certains combattants dans l’armée, la police, la gendarmerie et la douane.

Ce n’est pas tout. Kafougouna Koné a révélé que deux programmes – le PAREM et Car – Nord ont été mis en route en leur faveur afin qu’ils bénéficient de prêts allant de 500 000 FCFA à 2 millions et de 3,5 millions à 10 millions pour les chefs.

Le système de revolving a été bloqué selon le ministre pour la simple et bonne raison que le taux de recouvrement était de 8 %.

« J’étais entre deux groupes, celui des ex-combattants dirigés par Iyad Ag Ghali et la coordination des chefs de fraction. Ils m’ont demandé de mettre en place un projet de 1,2 milliard de nos francs de prêt remboursable par an et pendant 6 ans. Je n’ai pris aucun engagement. Après les discussions ont continué, Iyad est venu à Bamako. Il a échangé avec le chef de l’Etat et a promis de revenir dans dix jours. Entre temps, il y a eu l’attaque du 23 mai. Iyad qui avait la confiance du pouvoir avait réussi à muter tous ses éléments à Kidal. C’est eux qui détenaient les clés de tous les magasins, ce qui leur a facilité l’attaque des camps militaires« , a laissé entendre le ministre en charge de l’Administration territoriale.
C’est dire que si l’Etat avait sérieusement négocié avec Iyad et ses hommes, il n’y aurait pas eu les attaques du 23 mai, sanctionnées par la mort de quatre personnes et d’un déploiement impressionnant de militaires et de matériel de guerre à Kidal. Cela a un coût.

Alors pourquoi le pouvoir n’a-t-il pas évité l’attaque-mutinerie pendant qu’il avait cette possibilité au lieu de prêter le flanc à la guerre et de tourner casaque en signant des Accords qui font honte à la République et à la éémocratie attiste. /(A suivre).

Chahana TAKIOU

11 juillet 2006