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Le secteur économique malien, dans sa composante majoritaire, a très mal apprécié l’octroi par des banques de la place de 75 milliards de F CFA à une poignée de commerçants, de surcroît insolvables. Mécontents d’être les dindons de la farce, ils ont décidé de s’organiser pour bouder la mise en œuvre du Programme de développement économique et social (PDES) qui est la feuille de route du président de la République pour son dernier mandat.

La révélation avait été faite la semaine dernière par notre confrère Le Républicain. La Commission bancaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) vient d’adresser un rapport au président de la République concernant cinq opérateurs économiques maliens qui doivent la bagatelle de 75 milliards de F CFA à des banques de la place.

La Commission bancaire a fait le constat selon lequel cette catégorie de commerçants bénéficient depuis un certain temps de ce genre de passe-droit auprès des établissements financiers nationaux. Son courroux est d’autant plus grand que les créances sont accordées dans des conditions les plus douteuses sous le couvert du favoritisme des plus hautes autorités du pays.

Un soutien occulte qui motive les bénéficiaires des 75 milliards de F CFA à ne pas honorer les échéances prévues dans leurs engagements signés auprès des mêmes banques. D’autres opérateurs économiques se sentant victimes d’exclusion pensent que le régime en place a choisi parmi eux ses hommes, qui s’enrichissent dans l’impunité totale sur le dos du contribuable malien. Ce sont les mêmes personnes qui sont attributaires d’exonérations fantaisistes.

Pour eux, « en créant cette discrimination, l’Etat a en même temps créé les conditions de la division au sein du secteur privé. D’un côté, il y a ceux qui triment à la sueur de leur front pour joindre les deux bouts et de l’autre, il y a ceux qui ont tout à l’œil. Comment le président qui dit vouloir faire du secteur privé la locomotive du développement peut accepter une telle situation ? Comment peut-il mettre en œuvre son PDES avec un secteur privé lamentablement déchiré pour les beaux yeux d’une minorité insignifiante ? ».

Dans ces conditions, puis que la division est savamment entretenue au sommet de l’Etat, qui semble faire sien le slogan « à chacun son opérateur économique », il n’est pas question, à leurs yeux, de participer à la réalisation du PDES.

Il faut rappeler que le secteur privé participe pour l’essentiel dans la réalisation du PDES tel que formuler par le président ATT. Des opérateurs économiques, imports-exports aussi bien que des commerçants détaillants, qui n’entendent plus être les dindons de la farce, ont décidé dorénavant de prendre leurs responsabilités pour ne plus cautionner cette situation. Ils décident de boycotter le PDES, même si cela passe par leur « auto-exclusion ».

Abdrahamane Dicko

17 Décembre 2007.