Si toutes les Organisations onusiennes partenaires de la FAO, à savoir le FIDA et le PAM, ont réaffirmé leur engagement à soutenir l’Union Africaine dans ses efforts pour le développement de l’agriculture en Afrique et pour la sécurité alimentaire du continent, le Directeur Général de la FAO, le Dr Jacque Diouf, n’a pas manqué, quant à lui, de rappeler la place de choix qu’occupe l’agriculture dans le combat de son organisation, et cela, pour la simple raison que l’agriculture constitue un des potentiels du continent capable de générer des ressources et d’assurer la sécurité alimentaire des population.
Jacques Diouf, comme tout le monde, a constaté avec regret que pendant que l’agriculture émerge ailleurs dans le monde, c’est une régression spectaculaire qui est enregistrée en Afrique dans le domaine agricole. Ce qui est inacceptable aujourd’hui, dira-t-il, eu égard aux ressources dont dispose l’Afrique.
Il a donc exhorté les Etats africains au respect des engagements de Maputo appelant les Etats à consacrer 10% de leur budget national au secteur agricole. Le Directeur Général de la FAO parlera aussi des efforts consentis par son organisation dans l’accompagnement des Etats africains de la formulation des programmes nationaux dans le domaine agricole de l’élaboration de près de 200 projets avec des investissements bancables dont la mise en oeuvre est en cours, des projets centrés sur des aménagements hydro agricoles, la maîtrise de l’eau et du renforcement des ressources disponibles.
Jacques Diouf a aussi souligné la nécessité pour l’Afrique d’aller vers la mise en oeuvre du Plan Détaille de Développement de l’Agriculture du NEPAD, qui constitue, à ses yeux, un programme clé qui doit se traduire en acte concret pour l’amélioration des ressources agricoles et pour le développement social et économique en Afrique. La FAO, dira son Directeur Général, continuera à accompagner les Etats africains dans leur combat pour une agriculture moderne intensifiée et pour la sécurité alimentaire du continent.
Le ministre Seydou Traoré a, dans son discours d’ouverture, fait un aperçu sur la situation de l’agriculture du continent qui reste jusque-là tributaire des aléas climatiques. Hier c’était des criquets en Afrique de l’Ouest, aujourd’hui, dira le ministre, c’est l’Afrique orientale qui se trouve dans une situation conjoncturelle avec des crises humanitaires. Si l’Afrique réagit, elle n’anticipe pas, selon Seydou Traoré, face aux défis de la sécurité alimentaire, de la réduction de la pauvreté et de la gestion durable des ressources naturelles.
A ces défis, dira t-il, il convient d’ajouter celui du manque de compétitivité des produits agricoles de l’Afrique dans un contexte de libéralisation et de mondialisation. Pourtant, des volontés politiques en la matière, il n’en manque pas. Seydou Traoré citera à cet effet les rencontres de Maputo en 2003, de Syrte en 2004 etc. “Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), dans son volet agricole constitue l’expression volontariste et scientifiquement élaborée de ce refus de l’Afrique de sombrer dans le fatalisme de l’insécurité alimentaire”, a indiqué le ministre Seydou Traoré.
Même si la démarche adoptée aujourd’hui rassure, comme en témoignent les multiples concertations régionales et panafricaines pour l’élaboration du Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA) du NEPAD et sa déclinaison en Programmes nationaux et sous-régionaux, Seydou Traoré pense que la situation doit interpeller ceux qui sont chargés de développer l’Agriculture, de nourrir la population africaine et d’offrir à l’Afrique une place digne de ce nom dans le concert des Nations.
“La situation des 27% de la population africaine souffrant de malnutrition chronique, n’autorise pas à demeurer dans des constructions théoriques, mais engage plutôt à l’action” , a laissé entendre le ministre de l’Agriculture, l’action tant sur le plan national que sur le plan sous-régional, africain et international.
Dans tous les cas, dira le ministre, la performance des systèmes de production sera largement conditionnée par la maîtrise de l’eau et le processus de production des semences de qualité. Chose qui n’a de chance de réussir que lorsque l’environnement international est favorable aux échanges par le respect strict des règles édictées tout en accordant aux pays en développement des préférences tarifaires pour leur permettre d’asseoir la base de leur développement économique.
Un clin d’oeil sur le chemin parcouru et des propositions consistantes d’axes prioritaires, permettront aux ministres africains en charge de l’agriculture de jeter les jalons d’une Afrique débarrassée de l’insécurité alimentaire, gage de son développement.
Adama S. DIALLO
02 février 2006.