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Depuis le lundi 17 novembre, un nouveau dossier sulfureux éclabousse la mairie du district de Bamako, après celui du Marché rose qui n’a pas fini de faire des vagues. Il s’agit de lots à usages d’habitation, abusivement retirés à leurs propriétaires pour être redistribués à des personnalités de haut rang (ministres, chefs d’institutions, gouverneurs, députés, hauts cadres de l’administration) et à des parents et proches des maires qui ont diligenté ces retraits. Il a fallu que le président ATT soit alerté pour que le gouverneur du District, Ibrahim Féfé Koné, adresse une lettre confidentielle aux différents maires de Bamako pour leur intimer « de surseoir à cette pratique et d’annuler éventuellement toutes les nouvelles attributions« . En attendant que tous les éléments d’appréciation soient réunis.

Un groupe de femmes expropriées s’est transportée, le 17 novembre 2008 devant la mairie du District de Bamako. Acte gravissime dans notre tradition, l’une d’elles s’est même dénudée pour maudire le maire, Adama Sangaré.

Face à l’impassibilité du maire, le président de la Cellule des «sans voix», Sambou Fané, se tournera vers le Président ATT qu’il parviendra à joindre au téléphone le même jour aux environs de 16h30. Il lui fait part des préoccupations de son association.

En retour, ATT le conseille de mettre fin au sit – in, d’annuler la serie de marches projettées et d’user des voies de recours légales. Le chef de l’Etat lui suggère donc d’aller à la rencontre du maire et du gouverneur du District de Bamako.

A le croire, le premier a refusé de le recevoir tandis que le second a été attentif à ses doléances, au cours de l’audience qu’il a bien voulu lui accorder dans l’après – midi du mardi 18 novembre.

La lettre confidentielle du gouverneur Féfé

Soixante douze heures après, le gouverneur Ibrahim Féfé Koné a adressé à l’ensemble des maires de la capitale une lettre confidentielle.


Dans cette correspondance, il écrit ceci :
« Il m’a été rapporté que certains d’entre vous se livreraient à des opérations de retraits des lots à usage d’habitation en violation des textes fonciers et domaniaux en vigueur, notamment le décret 02 -112/ P-RM du 6 mars 2002 déterminant les formes et les conditions d’attribution des terrains du domaine privé immobilier des collectivités territoriales.

Aussi, je vous demande de surseoir à cette pratique et d’annuler éventuellement toutes les décisions se rapportant à de nouvelles attributions de parcelles retirées afin d’éviter tout contentieux pouvant être préjudiciable à la collectivité et à vous-mêmes. Les retraits doivent se faire suivant une procédure qui suppose une mise en demeure préalable et une notification de retrait à l’ancien propriétaire.

Aussi, il suppose une investigation approfondie sur le degré de mise en valeur de la parcelle à retirer et de son statut du moment (existence éventuelle de TF). Je vous invite donc à respecter cette procédure sinon à mettre fin à tout retrait de parcelle. Je veillerais personnellement au respect de ces instructions et annulerais purement et simplement toute décision de retrait qui serait prise en violation des textes en vigueur « .

Il faut dire que sur la décision de réaffectation des lots retirés, il figurent Sory Ibrahim Zallé (étudiant), Aminata Cissé Zallé (étudiant), Moussa Balla Zallé (élève) tous des enfants du défunt maire de la commune V, dont l’épouse travaillerait à la commission domaniale de la même commune . Ces heureux jeunes gens bénéficient respectivement des parcelles N° OM/17, OM/19 et JV/5 retirés à de pauvres gens qui ont tardé à les mettre en valeur.

Une autre anomalie porte sur la parcelle 108/B construite jusqu’au béton. Elle a été saisie sur Fanta Macalou dans le lotissement de Kalaban Coura Sud extension, en commune V du District de Bamako et attribuée à un certain Yaya Sangaré, cultivateur de son état.

La personne qui fait la transaction serait la même Mme Zallé.

Que dire de cette veuve, Mme Sanogo Assitan Traoré, présidente des femmes CAFO de quartier Mali, veuve, compressée de la SOMIEX avec cinq orphelins dont un malade mental, en location, qui s’est vue retirer son unique espoir : la parcelle VE/6 dans le même lotissement de Kalaban Coura Sud extension attribuée à Kadiatou Doumbia, secrétaire de son état.

On sait, par ailleurs, que des ministres, des gouverneurs, des cadres civils et militaires ont bénéficié de ces parcelles retirées à des malheureux.

Il faut espérer que toute la lumière soit faite rapidement sur cette affaire.


Chahana TAKIOU

25 Novembre 2008