Pour non-respect des clauses d’engagement, le gouvernement malien vient de retirer à 71 sociétés minières leurs permis d’exploitation.
La nouvelle est tombée en fin de semaine dernière. Plus de 70 sociétés minières ont été frappées d’interdiction d’activités par le gouvernement qui ne semble pas dire son dernier mot car, il s’apprête à étendre la mesure à plusieurs autres sociétés opérant dans le secteur de la recherche et de l’exploitation de l’or.
Si l’on en croit l’Agence de presse africaine qui rapporte la nouvelle, le retrait de ces 71 permis de recherche octroyés à des sociétés découle du non-respect des clauses d’engagement ; raison pour laquelle ils ont été annulés pour un total de 222 conventions d’établissement en cours de validité.
Mais pourquoi la direction nationale de la géologie et des mines qui est l’autorité de tutelle a attendu tout ce temps pour sévir à un moment où la campagne « Publiez ce que vous payez » bat son plein ? Peut-elle dire aujourd’hui, en toute transparence, ce que l’or rapporte à l’économie malienne ? Dans quelles conditions ces permis d’exploitation ont été passés ? Des questions auxquelles nous n’aurons peut-être jamais de réponse.
Toujours est-il que l’or demeure le 1er produit d’exportation au Mali. Pourtant, le pays n’engrange que 20 % des retombées du « métal jaune ». Une situation qui s’explique par le fait que le pays ne peut pas faire la recherche encore moins l’exploitation. Il est obligé de faire appel aux expertises des pays comme l’Afrique du Sud. A ce rythme, le pays ne récolte que des poussières.
En 2006, l’or a rapporté à l’économie malienne une contribution de 116 milliards de F CFA. Le Mali est officiellement le 3e exportateur d’or en Afrique après l’Afrique du Sud et le Ghana. Une position enviable certes, mais qui n’a jusque-là pas amélioré les conditions de vie des Maliens. Devant cette situation regrettable, la société civile est récemment montée au créneau pour exiger plus de transparence dans les ressources tirées de l’or.
Dans le même ordre d’idée, une enquête menée par la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) indique que l’or du Mali profite plus aux compagnies minières qu’aux communautés et à l’Etat. Le constat dressé par le rapport intitulé « Mali, l’exploitation minière et le droit commun », est que le cours de l’or se porte bien sur le marché international. Dans le même temps, les pays producteurs au sud du Sahara ne gagnent que des broutilles.
Selon les enquêteurs de la FIDH, l’or est le symbole aveuglant d’une richesse nationale qui ne profite pas aux Maliens en ce sens que 94 % de l’or est exporté. Pis, l’Etat n’a aucun moyen de contrôle physique de la production et de la qualité de l’or ni d’un moyen pouvant mesurer l’impact de la pollution environnementale.
Près de 40 autres conventions d’établissement sont en instance de signature, a révélé le gouvernement malien soulignant toutefois que seules six sociétés minières étaient actuellement en activité, dont deux en phase de développement.
Les projections officielles tablent sur une production de 46,013 tonnes en 2008 pour une réalisation de 52,753 tonnes en 2007 et un niveau record de 58,382 tonnes deux années auparavant.
Mohamed Daou
19 Mars 2008.