Si le retour des militaires de l’Alliance nécessite une négociation souvent profonde ou discrète, pourquoi aucune politique nationale ne s’intéresse au retour de ces milliers de femmes et d’enfants qui ont déserté leurs demeures par simple crainte de représailles ?
Effectivement, toutes ces familles, composées de milliers de civils, en majorité des femmes et des enfants, ont été obligées de fuir leurs demeures par simple crainte de représailles. Les départs ont été précipités et accentués à partir du 10 Avril 2008, date du double assassinat d’un officier et d’un imam. Aujourd’hui, ces familles ont juste besoin d’une large sensibilisation et d’une remise en confiance pour regagner leurs résidences abandonnées.
Souvent victimes de désinformation et d’intoxication, elles ont quitté le confort de chez eux pour vivre l’horrible misère de l’exode. Elles sont abandonnées à leur propre sort dans des camps de misères, dans des conditions déplorables, démunies du minimum nécessaire à leur survie.
Il est difficile, voire impossible de déterminer le nombre réel de personnes déplacées pendant les hostilités, compte tenu du manque d’informations et de statistiques qui a caractérisé le conflit depuis son origine. Ces déplacés, dont l’essentiel s’était rendu en Algérie (Tinzawatene, Bordj, etc.) et au Burkina Faso, n’ont bénéficié d’aucune assistance internationale. Aussi, les autorités algériennes ont même refusé aux ONG internationales l’accès aux populations concernées.
En Algérie, contrairement au Burkina, ni l’ONU, ni les autres acteurs internationaux (MSF, CICR, MDM et autres) n’ont pu avoir accès aux populations, malgré leurs maintes tentatives d’examiner de plus près la situation des déplacés afin de leur porter assistance pendant la période du conflit. Il fallait que le gouvernement algérien accepte la nécessité d’intervention humanitaire et propose une solution répondant à la situation des déplacés, lançant un appel par exemple aux organisations internationales spécialisées en matière d’élaboration de stratégies pour les réfugiés et de réalisation d’études dans ce genre de phénomène.
Seul le Croissant Rouge algérien avait une présence autorisée restreinte en marge de manœuvre, très rudimentaire et plutôt symbolique. Les réfugiés ont été rassemblés dans un enclos de barbelés ressemblant à une prison ou à un ranch contenant des animaux.
Après ce refus à la Communauté internationale, l’heure a maintenant sonné pour celle-ci de se consacrer enfin à la question du retour des déplacés et d’assister le gouvernement malien dans le renforcement de ses capacités à mettre en œuvre les normes internationales dans ce domaine. Car les autorités maliennes sont très préoccupées par les conditions de vie précaire des populations touchées par le conflit au Nord.
Le gouverneur de Kidal avait déclaré sa détermination à aider les civils qui reviendront à Kidal, il a même préparé des stocks importants de céréales dans le cadre d’un soutien pour leur accueil. C’est déjà bien, mais je suggère que cette nouvelle soit véhiculée, leur faire parvenir la nouvelle par une commission de notables par exemple, leur faire part de la relance socio-économique envisagée par les hautes autorités et les rassurer de l’amélioration des mesures de sécurité mises en place après leur départ.
Il faudra informer ces déplacés dispersés un peu partout que la sécurité est rétablie dans les anciennes zones de conflit grâce aux négociations et les inciter au retour au bercail. Cela nécessite à mon humble avis une simple sensibilisation et disseminage de l’information.
Parmi ces déplacés, je pense aux enfants dont la scolarisation a été interrompue, sans oublier les tout-petits qui sont en âge d’être scolarisés. En sachant que la rentrée scolaire est effective depuis le 06 Octobre, l’urgence s’impose de réintégrer ces enfants dans leurs établissements scolaires pour que germe en eux un esprit de futurs patriotes, afin qu’ils deviennent demain des adultes responsables, utiles à la nation plutôt que de les laisser errer sans but à la merci des frontières et des camps d’entraînement.
Nous savons que les enfants réfugiés vivent une expérience traumatisante pour leur âge et les séquelles peuvent être un obstacle à leur développement tant intellectuel que psychologique. Il est plus que nécessaire de les aider en organisant leur scolarité et un suivi psychologique adapté.
Nos expériences et nos observations, à partir d’événements récents chez nous, prouvent que les adultes ont tendance à transmettre, souvent malgré eux, les effets du traumatisme par leurs discussions incessantes sur la guerre et la projection de leur angoisse sur les enfants. La solution thérapeutique du mal transmis doit se trouver dans la scolarisation de cette génération future. N’oublions pas que tous ceux qui aujourd’hui sont qualifiés de seigneurs de guerre ont vécu presque un parcours similaire durant leur enfance.
Abdou Salam AG ASSALATT
Kidal
09 Octobre 2008