Avec 71, 20 % des suffrages, le président sortant a été plébiscité dès le premier tour. C’est dans sa salle d’audience pleine à craquer que la Cour constitutionnelle a proclamé samedi les résultats définitifs du scrutin présidentiel du 29 avril dernier.
C’était au cours d’une cérémonie solennelle présidée par le président de l’institution, Salif Kanouté entouré des huit autres conseillers.
Alors que la cérémonie était annoncée pour 17 heures, déjà à 16 heures, la salle d’audience de la Cour refusait du monde. Les nombreux invités et le public se bousculaient pour occuper les rares places encore disponibles. Nombreux sont ceux qui n’ont pas pu accéder à la salle faute de place.
Certains voulaient coûte que coûte entrer dans la salle mais se sont heurtées à l’opposition des éléments des forces de l’ordre, fortement mobilisés sur les lieux.
L’atmosphère était très tendue dans la salle où on avait du mal à supporter la chaleur étouffante.
Parmi les candidats, seuls Mme Sidibé Aminata Diallo et Madiassa Maguiraga étaient présents. Les autres candidats se sont fait représenter par leurs mandataires. La cérémonie a aussi enregistré la présence du ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, le général Kafougouna Koné, du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Fodié Touré et du délégué général aux élections, le colonel Siaka Sangaré.
Prévue pour 17 heures, la cérémonie ne débutera qu’à 19 heures. Il était exactement 19 heures passées de 10 minutes quand les 9 sages de la Cour firent leur entrée dans la salle. Sans tarder, le président de la Cour, Salif Kanouté débuta la lecture de l’arrêt portant proclamation des résultats définitifs du scrutin du 29 avril dans un silence de cimetière.
Après avoir évoqué les « considérant« , Salif Kanouté a détaillé les différentes requêtes déposées par les candidats du Front pour la démocratie et la République (FDR) : Ibrahim Boubacar Kéita, Tiébilé Dramé, Mamadou Sangaré et Soumeylou Boubèye Maïga. D’autres requêtes avaient été introduites par leurs mandataires à travers le pays. Il s’agit de requêtes demandant l’annulation des opérations électorales pour « fraude généralisée sur toute l’étendue du territoire national« .
Les requérants ont aussi dénoncé « la campagne précoce et outrancière » du président sortant, relayée par la télévision nationale et faite de manifestations culturelles, de création de comités de soutien très expressives, de dons et fournitures de matériels aux populations.
Autres « fraudes » évoquées par les candidats du FDR : « la circulation des bulletins de vote à la veille des élections ; le bourrage des urnes le jour du vote ; l’utilisation des moyens de l’État ; la manipulation grave et répétée du fichier électoral ; le vote prématuré des femmes à Loulouni ; l’implication des officiers de l’armée dans la campagne » etc.
Salif Kanouté a également fait lecture des observations écrites adressées à la Cour par les avocats du candidat Amadou Toumani Touré, à la suite de la saisine de la Cour par les candidats Ibrahim Boubacar Keïta, Tiébilé Dramé, Mamadou Sangaré et Soumeylou Boubèye Maïga.
La Cour a estimé que les requêtes numéros 117, 118, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125 et 126 relatives à l’annulation des opérations électorales du 29 avril 2007 ont été introduites au delà des 5 jours qui suivent la date du scrutin, c’est-à-dire le 4 mai 2007 à minuit.
Par conséquent, elle les a déclarées irrecevables en la forme pour cause de forclusion. Elle a également déclaré non fondées des requêtes des candidats Ibrahim Boubacar Kéita, Tiébilé Dramé, Mamadou Sangaré et Soumeylou Boubèye Maïga et les a par conséquent rejetées.
La Cour a aussi rejeté la demande d’audition des requérants devant elle. Après avoir fait le décompte des voix par bureau de vote sur le territoire national et au niveau des ambassades et consulats, les 9 sages ont opéré diverses rectifications d’erreurs matérielles et procédé aux redressements qu’ils ont jugé nécessaires.
A la lumière de tous les constats faits, la Cour a donné les résultats suivants : 6 884 352 électeurs inscrits, 2 494 846 votants, 198 518 bulletins nuls, 30 845 suffrages annulés, 2 265 483 suffrages valablement exprimés. Le taux de participation s’élève à 36,24 %, la majorité absolue étant de 1 132 742.
Le candidat Amadou Toumani Touré qui a recueilli 1 612 912 suffrages soit 71, 20 % a donc été déclaré élu dès le premier tour par la Cour constitutionnelle. Il se succède ainsi à lui-même pour un nouveau mandat de cinq ans. ATT est suivi de loin par Ibrahim Boubacar Kéita qui a obtenu 433 897 soit 19,15 %. Tiébilé Dramé vient en troisième position avec 68 956 voix (3,04 %). C’est Oumar Mariko qui occupe la 4è place en récoltant les voix de 61 670 électeurs (2,72 %). Mamadou Sangaré arrive en 5è position avec 35 776 voix, (1,58 %). Il est suivi par Soumeylou Boubèye Maïga qui a obtenu les suffrages de 32 973 votants (1,46 %). Mme Sidibé Aminata Diallo occupe la 7è place avec 12 443 (0,55 %). Enfin Madiassa Maguiraga est 8è avec 6 856 voix (0,30 %).
Le mandat du président élu prend effet à partir du 8 juin prochain à minuit. La Cour a ordonné la notification séance tenante de l’arrêt au président de la République et aux candidats, par les soins du gouvernement aux représentants de l’État dans les circonscriptions administratives ainsi qu’aux chefs des missions diplomatiques et consulaires.
M. KEITA
L’Essor du 14 mai 2007.
[
Télécharger l’arrêt de la cour constitutionnelle N°07-175/CC-EP en date du 12 mai 2007->http://att2007.ml/IMG/pdf/arretcour.pdf]