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Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Choguel Kokala Maïga, au nom du chef de l’Etat, a présidé samedi à Koulikoro une série de rencontres scellant les retrouvailles entre les travailleurs naguère licenciés et le repreneur de l’Huilerie cotonnière du Mali – Huicoma – (le Groupe Tomota).

Les deux parties ont fumé le calumet de la paix et promis de ne considérer désormais que le développement de l’entreprise, et partant de la région.

C’est une affreuse incompréhension qui fut à la base du licenciement à la mi-septembre de 293 travailleurs de l’usine Huicoma de Koulikoro.

Sur la base d’un préavis déposé le vendredi 9 septembre, des travailleurs qui réclamaient l’élaboration d’un plan social et le paiement de la prime de panier… ont cessé de travailler le lundi suivant.

Estimant qu’il y avait grève illégale et « sabotage » sur les installations, le nouvel acquéreur d’Huicoma, alors même qu’il s’était engagé à préserver les emplois lors de la cérémonie officielle de cession, avait dû sortir les muscles : en mettant à la rue, tous droits payés, 293 chefs de famille dans une localité, qui ne devra sa survie qu’à l’Huilerie cotonnière du Mali.

L’épine dans les pieds de l’Etat était grosse. L’UNTM, les notabilités, la société civile, les imams, les autorités administratives et politiques de Koulikoro ne sont également pas demeurés en reste pour désamorcer la bombe sociale qui risquait d’éclabousser tout un monde.

Au bout de « 15 réunions en une semaine », les médiateurs sont parvenus à amener les protagonistes à la raison.

EngagementsLe Groupe Tomota, en plus de la reprise des « licenciés », s’engage à moderniser l’outil de production pour tirer l’Huicoma du gouffre dans lequel elle se trouve (le déficit est de l’ordre de 25 milliards ; il était sous-évalué au moment de la cession).

Les travailleurs, de leur côté s’engagent à produire tout en se tenant loin des mouvements d’humeur. « Nous n’avons pas saboté le travail au profit de SNF ou de Dagris contrairement à ce que croyait Alou Tomota. Nous sommes tous pour le développement d’Huicoma et nous allons nous battre pour cela », a promis Zakaria Diawara du syndicat.

« Pour que l’Huicoma retrouve sa réputation d’antan, il faut qu’elle soit redressée. Donc, des décisions s’imposent dans l’intérêt de l’entreprise mais nous sommes dans un pays de dialogue pour résoudre toutes les difficultés. Posez les problèmes, relancez-nous, interpellez-nous judicieusement », a pour sa part recommandé la DGA d’Huicoma, Mme Sidibé, pour qui une direction qui veut aller de l’avant ne peut pas avoir du mépris pour les travailleurs.

Le ministre du Commerce et les notabilités ont abondé dans le même sens exhortant les travailleurs à plus d’effort et de travail bien fait. « Ce sont vos enfants, encadrez-les, encouragez-les, sortez-les des solutions extrêmes », a dit le ministre s’adressant aux représentants des populations de la Capitale du Méguétan.

Pour le ministre Maïga, l’exigence quasi-drastique des travailleurs de mettre en place un plan social ne tient pas la route dès lors que le repreneur s’est engagé à sauvegarder les emplois.

Le gouverneur de Koulikoro et le représentant de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) ont assisté aux rencontres.

Abdoul Majid Thiam
(envoyé spécial)

10 octobre 2005.