Si la privatisation de l’EDM a été un échec, selon le ministre de l’Energie, des Mines et de l’Eau, la renationalisation avec la reprise de 66% des actions par l’Etat devient aujourd’hui une catastrophe pour les clients.
Faut-il le rappeler, l’Energie du Mali (EDM) évaluée à 20 millairds de FCFA a été bradée en 2000 à 13 milliards de FCFA au consortium SAUR International et Groupe Aga Khan.
Ce consortium détenant du coup 60% du capital (dont 39% de Saur International et 21% du fonds Aga Khan) contre 40% revenant à l’Etat malien.
Ainsi, l’EDM, publique est transformée en EDM SA privée.Le nouveau repreneur, SAUR International, conformément au contrat de concession s’était engagé à investir 400 milliards de FCFA sur 20 ans dont 141 milliards les cinq premières années.
Au 31 décembre 2003, seulement 41 milliards ont été effectivement investis. Toute chose qui a fait douter l’Etat, quant au respect de l’engagement par SAUR International.
En effet, l’épave a été jetée dans l’eau un vendredi 15 octobre avec la décision du Mali de reprendre à SAUR International, le contrôle de son patriomoine énergique. Donc il s’agissait de reconquérir une souveraineté cédée à autrui.
C’est le ministre de l’Energie, des Mines et de l’Eau Hamed Dianne Séméga, qui annonce à la presse le 15 octobre 2005 que la privatisation de l’EDM a été un échec”. L’Etat malien reprend ainsi 66% des actions après le retrait de SAUR International.
Cette action du gouvernement et la nomination de notre frère Djiteye à la tête de la direction de l’EDM, a été vivement saluée par la population malienne, qui a estimé que l’Etat vient de relever un défi en démontrant que la rationalité du marché a des imperfections nécessitant la régulation étatique et le contrôle parlementaire et citoyen.
Les uns et les autres pensaient que l’Etat va prendre ses responsabilités en consentant d’énormes efforts afin qu’une partie de la population jouissent de l’eau et de l’électricité par un rabaissement du coût.
Malheureusement, il n’en fut rien. Au contraire, les populations sont de plus en plus lésées avec des coupures d’eau et d’électricité.
Le coût de l’électricité et de l’eau n’a pas été non plus ajusté à la bourse de la population malienne dont plus de 65% vivent en deça du seuil de pauvreté.
A quoi a donc servi la reprise de l’EDM par l’Etat, si les attentes de la population ne sont pas toujours comblées?
L’EDM qui meurt à petit feu, aurait-on appris, s’est vu secourir par l’Etat, qui a donné à la direction la somme de trois milliards, pour permettre à celle-ci de continuer ses activités.
Dans une grande société publique comme l’EDM dont le capital est estimé à des milliards de FCFA, l’Etat doit avoir son mot à dire sur la gestion et procéder chaque fois à des contrôles inopinés.
Moussa TOURE
10 mai 2006.