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La cérémonie, très riche en couleurs, a commencé aux environs de 9h par la remise des trophées de reconnaissance aux anciens Bâtonniers du Mali. Une manière d’immortaliser les « infatigables du droit« .

Ils sont au nombre de sept : Georges Albert Dongar, le premier bâtonnier du Mali en 1949 ; Hamaciré N’Douré, avocat stagiaire à Paris en 1952 et, deux ans plus tard, il s’installe à Abidjan avant de rentrer au pays en 1957. Il fut treize fois ministres dont trois à la Justice.
Me Demba Diallo fut de tous les combats de la vie. Défenseur acharné des droits humains et l’un des leaders du Mouvement démocratique, « ça goloba » a été, une fois de plus, immortalisé. Ces trois hautes personnalités ont reçu, à titre posthume, la reconnaissance du Barreau.
Mes Drissa Traoré, Magatte Sèye, Kassoum Tapo, Fatoumata Sylla ont également reçu la même distinction. Cette dernière communément appelée « Fanta » est la première femme avocate du Mali, première femme Bâtonnier et première femme ministre de la justice.
Elle a été fortement applaudie par ses confrères lors de la remise de son trophée de reconnaissance par l’actuel bâtonnier, Seydou Ibrahim Maïga.

Ensuite, il est revenu à celui-ci de prononcer son discours de la rentrée du Barreau « placée sous le signe du renouveau de l’avocat« . L’avocat malien, relève le bâtonnier Maiga, est aujourd’hui plus fragile par rapport à ses autres confrères de la sous-région, « ses conditions d’exercice sont devenues des plus précaires, la concurrence à l’intérieur et à l’extérieur de notre profession est rude, atypique, voire déloyale « .

Aussi, demande t-il une plus grande concertation avec les pouvoirs publics pour définir les conditions d’exercice de la profession d’avocats au Mali.
Et assurer une plus grande visibilité de l’Ordre et faire connaître davantage la mission et le rôle de l’avocat, dans la société. « La construction de la maison de l’avocat, tant demandée au gouvernement participe de ce processus » a déclaré Me Maiga.

Avant d’insister sur la mise en place d’une assistance financière de l’Etat en faveur des avocats afin de leur faciliter d’accomplissement de leur mission de service public au sein du système judiciaire pour la consolidation de l’Etat de droit, garant de tout développement.

Une occasion de mettre en valeur les talents d’orateurs

En outre, évoquant la Rentrée de la Conférence du Stage, une première au Mali, Me Maiga dira qu’elle est à la fois une institution, une école, mais aussi un symbole. « La mise en place de cette institution par l’Ordre des avocats vise à donner l’opportunité aux confrères, notamment aux plus jeunes d’entre nous, d’exercer leurs talents d’orateurs et de plaideurs dans un concours dit d’éloquence » a t-il expliqué.

Cet exercice a effectivement eu lieu sans qu’il ne soit un concours pour la simple et bonne raison que trois jeunes avocats de nationalités différentes ont plaidé devant l’assistance avec éloquence sur des thèmes différents.

Il s’agit du Français Amboise Liane qui a parlé de l’Afrique, du Sénégalais Corneille Georges Aliou Bady (Gorée est-elle submersible ?) et du Malien Alassane Diop (la jeunesse doit-elle s’enflammer ?) et le tout a été couronné par la brillante prestation du Bâtonnier Kassoum Tapo qui a su manier éloquence et culture générale.

Le clou de la cérémonie a été l’intervention du gouvernement Ousmane Issoufi Maiga, qui a vivement salué la Conférence du stage, avant d’inviter le barreau à mettre l’accent sur la formation et la spécialisation des avocats. Il lui a également fait savoir que le gouvernement partage sa vision relative à l’harmonisation des règles au sein de l’espace UEMOA.

Il a laissé entendre que le gouvernement qu’il dirige compte sur le Barreau pour faire de la justice malienne une référence, une justice accessible, une justice de qualité, une justice dont les décisions rendues sont acceptées par tout le monde.

Précisons enfin que tous les Barreaux de la sous-région et ceux de Luxembourg et de Paris sont présents à ces assises qui dureront trois jours. Le thème central, faut-il le rappeler, porte sur « le cadre des investissements au Mali et la législation de la concurrence dans les pays de l’espace UEMOA« .

Chahana TAKIOU

24 février 2006.