Partager

«Je ne sais plus ou mettre la tête. Je suis assaillie de tous les côtés par les dépenses», se lamente Maïmouna Touré, une brave veuve de Niaréla.

Elle n’est pas la seule dans cette situation très peu confortable. De nos jours la majorité des parents d’élèves a perdu le sommeil face à l’équation des dépenses de la rentrée scolaire.

«On n’est jamais prêt pour faire face à ces dépenses. Il y a toujours des imprévus, surtout que le caprice est dans la nature des enfants», ajoute-t-elle.

«Je suis venu au marché avec 50 000 F CFA. Il ne me reste plus un sou. Heureusement que j’ai payé l’essentiel des fournitures et des habits de mes enfants», se plaint un ébéniste rencontré près du palais de justice de la commune III.

C’est dire que la reprise ne s’annonce pas pour les seuls écoliers. Leurs parents sont également sur des brèches en cette période où c’est l’argent qui manque le plus pour la majorité des familles.

La rentrée coïncide cette année avec le début du Ramadan, c’est dire que beaucoup de responsables de familles vont pousser des cheveux blancs pendant ce mois d’octobre.

N’ayant pas droit à se soustraire de leurs obligations, les chefs de famille sont appelés à faire à jongler entre les dépenses pour supporter les charges familiales.

Imaginez un peu le calvaire d’une veuve abandonnée à elle-même qui doit procéder à l’inscription d’au moins quatre enfants, payer leurs fournitures scolaires et ceux de ses enfants déjà à l’école, acheter des habits ou encore la tenue scolaire, etc.

C’est réellement de la mer à boire avec de maigres revenus à répartir entre de nombreuses poches de dépenses.

Fuyant la pléthore dans les établissements publics, ceux qui ont peu de moyens optent pour le privé.

«L’inscription de mes deux garçons en première année et au jardin d’enfants m’a coûté près de 50 000 F CFA. Sans compter leurs tenues et les fournitures», témoigne un confrère.

Les tarifs varient selon les établissements mais sans commune mesure avec la qualité de l’enseignement dispensé. C’est dire que dans le privé, les écoles les plus chères ne sont pas forcément les meilleures.

Une donne qui échappe à beaucoup de parents pour qui l’essentiel c’est d’inscrire leurs enfants dans une structure privée d’enseignement. C’est beaucoup plus une raison de fierté que de recherche de qualité pour beaucoup de gens.

Des fournitures abordables

La seule bouffée d’oxygène est que les prix des fournitures sont presque restés stables. Le paquet du cahier 100 pages était cédé entre 1 250 et 1 500 F CFA samedi dernier au Grand marché et au Dibidani.

La douzaine des 50 pages était vendue presque au même prix. Quant aux sacs, le prix dépend naturellement de la qualité. Mais, il y a en pour toutes les bourses.

N’empêche que ce n’est qu’à la dernière minute qu’il y a eu une certaine affluence chez les vendeurs. «Les fournitures sont moins cher, mais nous n’avons pas d’argent pour le payer», nous explique une dame rencontrée au marché Dibidani.

Un constat fait par beaucoup d’autres interlocuteurs interrogés sur place.

Au niveau de l’habillement, c’est la friperie qui a la côte. «J’ai presque habillé tous mes cinq enfants dans la friperie. C’est moins cher et ce sont des vêtements de très bonne qualité», confesse une mère de famille en essayant de dissimiler des regards indiscrets le soutien-gorge qu’elle venait de s’offrir elle-même.

«Depuis une semaine, mes recettes journalières ont doublé voire triplé. La rentrée nous permet vraiment de faire de bonnes affaires», reconnaît Alima, une jeune vendeuse installée devant le tribunal de la commune III.

On ne déplore pas de spéculation à ce niveau. «Les prix sont raisonnables par rapport à la qualité des habits proposés», indique une cliente.
La solidarité face aux équations

Dans cette crise généralisée, la solidarité joue beaucoup dans la résolution des équations des dépenses de la rentrée. «Nous nous somme répartis les dépenses mon mari et moi. Je m’occupe des habits, des chaussures…

Et il prend en charge les inscriptions et les fournitures. Pour ce qui est du transport, nous avons l’habitude de gérer cela ensemble. La rentrée occasionne trop de dépenses pour être le fardeau d’une seule personne», souligne Mme Oumou Dicko, agent d’une ONG de la place.

«Je n’ai que deux enfants. Mes revenus me permettent donc de faire face à leur scolarisation. Malheureusement, mes sœurs et frères n’ont pas assez de moyens. Je suis obligé de voler à leur secours. Chaque année je leur envoie des fournitures, des habits et souvent de l’argent en liquide. La scolarisation des enfants doit être une affaire de tous. Ceux qui ont les moyens doivent épauler ceux qui n’en ont pas», déclare un jeune cadre de l’administration.

Ce n’est pas en tout cas pour rien qu’Octobre est décrété le mois de la Solidarité et de la lutte contre l’exclusion dans notre pays.

Si ce devoir d’assistance des nécessiteux était compris de tous, peu de parents seraient condamnés à des nuits blanches à l’approche de la rentrée scolaire.

Aux enfants maintenant de donner le meilleur d’eux-mêmes pour que le sacrifice consenti par les pauvres parents ne soit pas vain !


Moussa Bolly

04 octobre 2005.