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Depuis environ deux décennies l’école malienne connaît, de façon récurrente, des années scolaires et universitaires ponctuées de perturbations et de troubles. Notre école est, en effet devenue le théâtre de nombreux dysfonctionnements, conduisant à des entorses graves au déroulement normal des cours, voire à des années blanches. Une situation préoccupante car elle porte en elle, tous les germes de la dégradation de la qualité de la ressource humaine, la plus précieuse de toutes les ressources.

En effet, pour mieux partager certaines de ces préoccupations avec d’autres acteurs de la vie publique et d’approfondir la réflexion sur les sujets d’actualité, le Parti pour la Renaissance Nationale (Parena) a initié en collaboration avec la Fondation Friedrich Ebert, les 25 et 26 octobre 2008 dans l’enceinte de la salle de conférences de la Dette Publique de Bamako, un séminaire sur le thème : “La question de l’éducation au Mali et les Accords de Partenariat Economique”.

Deux jours durant, les participants ont mené une analyse critique sur les questions concernant les Accords de Partenariat Economique ACP-UE et les questions de l’éducation au Mali en vue d’envisager par des recommandations, des réponses idoines susceptibles d’améliorer les performances dans le cadre de l’éducation, la croissance économique et le développement dans les pays africains.

La première journée est axée sur l’école et la seconde journée sur les Accords de partenariat.

La cérémonie d’ouverture était présidée par le Président du Parti pour la Renaissance Nationale (Parena), Tiébilé Dramé en présence du représentant de la Fondation Friedrich Ebert, Dr Doumbia Salabary, des élus nationaux, des responsables des services centraux des finances et de l’éducation, des représentants des organisations de la société civile, des militants du Parena et ceux d’autres partis politiques du District de Bamako.

Dans son intervention préliminaire, le Président du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA), Tiébilé Dramé a au nom du parti, souhaité la bienvenue à tous les participants à cette cérémonie qui signe la rentrée politique du Parena.

Il a salué l’engagement et la sollicitude de la Fondation Friedrich Ebert.

Le Président du Parena n’y est pas allé par le dos de la cuillère pour fustigier les mauvaises conditions que nous imposent les institutions de Bretton Woods à travers des privatisations et la fabrique des chômeurs à travers le pays.

A en croire M.Tiébilé Dramé, le Parena a toujours été du débat national, tout le débat national, et chaque fois qu’il a pu, il s’est fait fort d’apporter sa contribution aux solutions des problèmes que connaît notre pays, qui sont des problèmes normaux et communs à de nombreux pays africains, à ce stade précis de leur évolution.

C’est le cas de l’éducation qui nous concerne, dans le prolongement des réflexions menées par ce parti, il y a déjà quelques années, et dans la perspective du Forum sur l’éducation décidé par notre gouvernement pour proposer un remède adéquat à la crise éducative dans notre pays, et que plus personne ne peut nier, tant elle est récurrente et têtue.

Ce que nous tenterons de faire ici, c’est de ne laisser aucune prémisse non interrogée concernant les arguments et les analyses entendus sur les causes et les manifestations de cette crise. Car la solution réside, d’abord, dans l’analyse des prémisses. Selon le président du Parena, la stratégie qui doit mener à une école stabilisée, capable de relever le défi de la formation de masse et de qualité coûte chère. Elle requiert des sacrifices importants à un pays dont les ressources sont limitées et qui, paradoxalement, n’a jamais compté, au cours de son évolution, une aussi grande proportion de jeunes au sein de sa population.

Il a également fait savoir que c’est là un défi fondamental. Comment dès lors assurer l’accès universel à l’éducation avec des moyens aussi limités, en dépit de l’augmentation notable du budget de l’éducation et l’aide fort appréciable des partenaires techniques et financiers ?

Comment contenter les élèves et les maîtres, les étudiants et les professeurs, dans ce contexte de déficit de ressources marqué par l’explosion de la demande sociale?

M. Dramé a affirmé « lors de nos travaux, nous aurons le courage de reconnaître que nous sommes peut-être coupables, il y a une génération, de n’avoir pas anticipé le croît démographique dans notre pays, ainsi que ses implications en termes de planification des besoins ».

Car, il faudra bien le concéder : ce sont, en partie, les carences du passé qui exacerbent les faiblesses du présent. Ceci étant, dans l’examen rigoureux des prémisses souvent avancées et des argumentaires entendus sur la crise de l’école, il serait sain de ne pas s’appesantir, plus que de raison, sur les déficits de gouvernance du passé.

Selon lui, il nous faudra statuer sur l’école telle qu’elle est présentement gérée par les parties prenantes : les pouvoirs publics, l’administration scolaire, les élèves et étudiants, les parents d’élèves, il nous faudra faire la part entre les questions structurelles et conjoncturelles qui handicapent l’école.

De la même manière, nous ne pouvons pas échapper ici à l’exercice d’identifier, d’analyser et de séparer les problèmes académiques et pédagogiques de ceux qui relèvent d’un autre domaine


Toutes les prémisses doivent être questionnées, car l’analyse ne vaut que par la qualité des prémisses sur laquelle elle est fondée.

Ce sont toutes les facettes d’une même réalité, j’allais dire d’une même crise qui est celle de nos familles, celle de la jeunesse. En un mot, une crise sociologique que seul le tournant correctement abordé d’une gouvernance efficace et prévoyante permettra de résoudre.

En ce qui concerne le Forum sur l’école, il me plait de vous annoncer que le Parena y participera, s’il est invité pour apporter notre contribution à sa réussite. Une manière pour rendre hommage au travail colossal abattu par le Comité d’organisation et pour un diagnostic rigoureux, sans complaisance des tares de notre système , le lieu des propositions permettant au Mali de poser les jalons d’une école nouvelle repensée et adaptée aux exigences du monde d’aujourd’hui et de demain.

Mais nous ne nous faisons pas d’illusions, car notre conviction est qu’au vu de la crise profonde que traverse le Mali, qu’au vu de la crise profonde de la société malienne, ce qu’il faut, ce n’est pas seulement un audit de l’école et du système éducatif, c’est un audit général de la société malienne. C’est donc des états généraux de la Nation qui s’imposent, si l’on veut en éviter la sclérose. Avec la ferme conviction, comme hier, que le Mali peut transcender et vaincre ses difficultés.” a déclaré M. Dramé.

Il est à noter que les conclusions du séminaire permettront au Parena de verser sa contribution au forum national sur l’éducation pour influencer les politiques en cours.

Le Premier ministre, le ministre des Finances, le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique, le ministre de l’Education de base, de l’alphabétisation et des langues nationales recevront les recommandations du séminaire ainsi que la société civile, les partis politiques, les représentations diplomatiques accréditées au Mali et les institutions internationales (Banque Mondiale, FMI, l’Union Européenne).

Gnimadi Destin

27 Octobre 2008