La salle Modibo Kéita de l’hémicycle, les arbres, la cour de l’Assemblée nationale, tous savaient, hier, qu’un événement se préparait au sein de cette auguste assemblée. Une rentrée parlementaire qui n’avait rien à envier à la rentrée des classes avec ses touts nouveaux bleus, ses verts et les autres. Une atmosphère surchauffée, malgré la pluie matinale, a plané sur tout Bagadadji durant toute la matinée.
Des alentours jalonnés par des hommes en uniformes, à l’intérieur de la salle de délibération de l’Assemblée nationale, tout vibrait au rythme des pas des nouveaux élus convoqués, hier, pour la première session de la 4e législature. La grande salle, qui porte le nom du premier président, a refusé du monde au point de contraindre certains à suivre, contre leur gré, l’événement à la télévision.
A 9 h déjà, les sièges de l’étage étaient tous occupés, les allées, les coins et recoins avaient trouvé preneurs et les commentaires fusaient de partout. « On a bien fait de sortir sous la pluie. Sinon on allait rater l’élection de Dioncounda », confie un spectateur à son compagnon.
A peine, celui-ci ouvre la bouche qu’un de leurs voisins s’invite au débat et lance, « qui vous a dit que Dioncounda serait élu. Tu rêves ou quoi ? ». Les hostilités sont ouvertes. Nous changeons de quartier. Dans le couloir, une dame, au téléphone, demande à son interlocuteur de ne plus venir, « il n’y a plus de places. Nous sommes assises à même le sol. Mieux vaut suivre à la télé ».
En bas, où siégeaient les élus vêtus de leurs plus beaux habits, c’est la couleur vert, jaune, rouge des macarons qui frappait. Entre les allées, faufilaient des confrères avec une armada de l’ORTM, des photographes aussi nombreux que les élus. « Toi aussi à l’Assemblée. Tu ne traites pas, d’habitude, de question politique », nous lance un confrère. Une pique passée en travers de mes oreilles, attentives, au dialogue entre l’honorable Ousseyni Guindo de Sikasso et Assarid Ag Imbarcawane. Après, répondant à notre question sur ses impressions sur la campagne et cette rentrée, « ça été dur dè ! Mais ça va aller. Mon succès ? Le courage et le travail », dit-il dans un brouhaha.
Premiers couacs
C’est IBK, l’ancien président de l’AN qui faisait son entrée dans la salle sous des applaudissements nourris. Pendant que d’anciens élus, les verts, se ruaient sur lui avec de nombreux salamalecs, d’autres, les bleus, plongeaient leurs yeux, soit dans un journal, ou regardaient partout et nulle part, l’air hagard.
Le siège 140 occupé par IBK était toujours noir de monde. Ses voisins immédiats, son colistier de la Commune IV et Safiatou Traoré de la Commune III étaient dans les bonnes grâces. Ah… ! Oumar Mariko, le bic en main, avait le nez plongé dans un document. Mais que pouvait-il écrire ainsi ? Les autres, c’est ce public venu nombreux que le président de séance ne cessait pas de menacer de faire déguerpir tant il faisait du bruit.
Avec 42 minutes de retard, le secrétaire général de l’AN, Seydou N. Kéita ouvre les débats. Au même moment éclatent des discussions entre la sécurité et des journalistes qui étaient dans les allées. Leur loge étant prise d’assaut par d’autres, Cheickna Hamalla Bathily, en tête, ils étaient obligés de s’asseoir, à même le sol, pour faire leur travail.
Après le constat d’huissier, les premières piques entre l’honorable Ouleymatou Tamboura et Ag Imbarcawane, les noms des candidats, le doyen d’âge, Moussa Oumar Diawara de Kayes, 67 ans, suspend la séance. Dans les couloirs, le premier candidat Dioncounda Traoré nous confie, « je suis confiant et j’ai été toujours confiant dans la vie », avant de taquiner la nouvelle députée de la Commune III, « petite honorable ».
A la reprise, après l’élection de Dioncounda Traoré, des voisins à moi, ont relevé ses premiers couacs. « Au lieu d’aller saluer Mountaga, son adversaire, il se dirige d’abord vers IBK. Ah, la politique ! ». Son camarade, par contre, n’a pas apprécié le fait que, dans son premier discours, il n’ait salué et félicité son prédécesseur. Commentaires de simples spectateurs. La séance est levée. Nous nous éclipsons. Mais, le film se poursuit…
Sidiki Y. Dembélé
04 septembre 2007.