Au niveau de la clientèle
Il est important de rappeler que l’ouverture du secteur des télécommunications à la concurrence au Mali s’inscrivait, à l’origine, dans le cadre stratégique d’offrir plus de services aux populations et à moindre coût. Mais la liberté pour le citoyen de recourir au réseau de son choix (entre le réseau public et son concurrent privé) était une forte préoccupation des autorités nationales.
L’aéroport de Bamako Sénou, en décidant d’affecter à d’autres besoins les numéros Sotelma habituels, qui plus est, existent depuis une trentaine d’années, au profit d’un seul nouveau numéro Ikatel, porte un coup dur à cette liberté si chère pour le citoyen de pouvoir choisir entre deux et/ou plusieurs situations.
Cette liberté fondamentale qui n’est plus contestée dans beaucoup d’autres domaines comme la presse (où des médias privés existent à côté des médias publics), la santé (où le citoyen est libre d’aller dans un CSCOM ou dans une clinique privée)… ne devrait pas poser un problème au niveau des télécommunications.
Mieux, entreprise d’Etat, l’aéroport est certainement d’utilité publique, et devrait, par conséquent, donner la possibilité à chaque citoyen d’appeler à partir du réseau de son choix et vers le réseau de son choix pour s’informer.
Au niveau des tarifs
En leur temps, les deux numéros Sotelma dédiés au renseignement à savoir 220 27 01 et 220 27 04 permettaient à un usager d’appeler à 71 F CFA TTC toutes les quatre minutes, soit 17,75 F CFA TTC par minute. Or, avec le nouveau numéro GSM lkatel pour les renseignements à l’aéroport, l’usager paie 150 F CFA TTC par minute.
Autrement, le changement du numéro de renseignement de l’aéroport de Sénou fait payer à toute personne qui appelle pour s’informer neuf fois plus d’argent que par le passé. Ce n’est donc pas certainement les clients, qui vont payer plus que par le passé, qui gagnent dans l’application de cette nouvelle décision de l’aéroport de Bamako Sénou. Et la liste des victimes est bien plus longue qu’on ne le croit.
L’Etat sevré de renseignements
A ce jour, nul n’ignore que, pour mieux maîtriser les dépenses de l’Etat, celui-ci discrimine sur toutes ses lignes téléphoniques, les appels vers les téléphones portables.
Autrement, dans un ministère, une préfecture ou une direction nationale, aucun fonctionnaire ne peut appeler vers une ligne Malitel et/ou lkatel.
Ce qui voudrait dire qu’avec le nouveau numéro GSM lkatel des renseignements de l’aéroport, aucun fonctionnaire, même pour des raisons de service très officielles, ne pourrait désormais appeler pour s’informer sur son vol ou celui de son supérieur ou autres.
Une grande première dans notre pays.
L’Etat se retrouve victime et pris en otage par la décision d’un de ses démembrements ! Désormais, c’est aux fonctionnaires d’Etat de mettre la main à la poche en utilisant leur propre portable pour une cause de leur service.
La lutte contre la pauvreté freinée
Ce qui vaut pour l’Etat l’est aussi pour les paisibles citoyens qui vont devoir payer plus pour s’informer sur les renseignements de l’aéroport de Sénou au profit d’une minorité qui s’enrichit sur le dos de la majorité.
Une situation inédite et paradoxale au même moment où toutes les autorités des plus hautes aux plus locales sont engagées dans une lutte historique pour faire reculer les frontières de la pauvreté dans notre pays.
Une lutte qui amène aujourd’hui les mêmes autorités à réaliser des reformes partout où cela est possible avec une seule finalité : faire payer moins les citoyens dont les revenus respectifs ne résistent pas assez déjà aux phénomènes économiques mondiaux comme par exemple la hausse des prix des hydrocarbures.
Mais pour l’instant, l’ouverture à la concurrence du secteur des télécommunications, qui devrait se traduire par la baisse des tarifs d’appel, aboutit à l’effet contraire, en tout cas au niveau de l’aéroport de Bamako Sénou.
Ceux qui paient aujourd’hui 150 F CFA TTC par minute pour un appel vers le nouveau numéro GSM lkatel des renseignements de l’aéroport en ont la preuve. Car ils se rappellent encore qu’ils ne payaient que 17,75 F CFA TTC par minute quand ils appelaient auparavant vers les numéros Sotelma des renseignements de l’aéroport qui étaient 220 27 01 et 220 27 04.
Direction de Communication Sotelma
14 août 2006.