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L’assemblée générale du comité de pilotage de la Gare routière de Sogoniko dimanche dernier avait pour objectif d’informer les uns et les autres sur l’évolution du contentieux qui l’oppose à la mairie du district sur la rénovation de la gare. Les occupants persistent et signent : il ne bougeront pas d’un iota.

Le comité de pilotage de la Gare routière de Sogoniko a organisé le 7 septembre 2008 dans l’enceinte de la gare une assemblée générale. Cette AG est intervenue à un moment où des rumeurs au sein même de la gare font état de plusieurs versions, suscitant l’inquiétude chez des occupants qui se sentent floués depuis qu’ils ont reçu une lettre de la mairie du district les invitant à quitter les lieux au plus tard le 15 de ce mois.

D’entrer de jeu, le président du comité de pilotage, Hamidou D. K. Coulibaly, a rassuré les commerçants et transporteurs sortis très nombreux. « Il n’y aura rien le 15 septembre, personne ne va bouger dans ces conditions », a-t-il déclaré, ajoutant, pour expliquer ce refus, que les conditions de rénovation de la gare sont mal négociées.

Le 2e vice-président du comité, Magan Traoré, a pour sa part, démenti formellement des affirmations du 2e adjoint au maire du district, Youssouf Coulibaly, qui, au cours d’une conférence de presse le 28 août 2008, affirmait que les occupants de la gare ont toujours été associés au projet de rénovation.

« C’est lui-même qui a révélé que c’est depuis trois ans, sous le mandat de feu Moussa Badoulaye Traoré que la mairie a initié la rénovation de la gare. Nous, en tant que comité de pilotage, n’avons été informés de cela qu’il y a trois mois et par une voix officieuse » , a-t-il soutenu, révélant que la mairie a fait un nouveau plan sans les consulter et de s’interroger : « Comment la mairie peut faire un plan alors que le recensement suit son cours à la gare ? ».

M. Traoré a affirmé que lorsque son comité a saisi la mairie pour en savoir davantage sur le projet, le 2e adjoint de l’hôtel de ville a aussitôt convoqué une rencontre au cours de laquelle il leur aurait présenté la fille de l’opérateur économique, chargé d’exécuter les travaux de rénovation.

Plainte contre la mairie

Aujourd’hui, l’affaire prend une tournure nouvelle avec, selon le comité de pilotage, l’implication personnel du chef de l’Etat pour une issue heureuse. « Nous avons adressé deux lettres. L’une à la CCIM et l’autre au ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales », a informé le président, qui a précisé que le comité s’est plaint au ministre « du harcèlement subi par les occupants dans l’exécution de la rénovation, un projet quidevrait plutôt servir et non desservir », peut-on lire dans la lettre.

La mairie, dans ses propositions de sortie de crise, a demandé aux commerçants de s’installer aux Halles de Bamako, une proposition qui n’est, aux yeux du comité, qu’une arnaque car jugeant que « les Halles sont aujourd’hui sous la gérance d’une société privée ivoirienne qui pose des conditions drastiques d’installation ».

Si la mairie a fait une proposition aux commerçants, elle n’a, par contre montré aucun site pouvant abriter les transporteurs, d’où la colère de ceux-ci. Aujourd’hui, les occupants posent des conditions à leur déguerpissement. Ils exigent que la mairie fixe de commun accord avec les commerçants et transporteurs des principes d’une démolition prenant en compte les intérêts des occupants, dont certains ont investi des millions dans la construction des magasins et autres kiosques.

« Si nous devons quitter, il faut que la mairie puissent tenir compte de plusieurs paramètres au besoin dédommager les gens qui ont toute leur vie ici à la gare » , a soutenu Albert Maïga, président des commerçants de l’autogare. Ce dernier a révélé qu’en 91 que lorsque l’Etat leur cédait la cour de la gare il n’y avait aucune construction et aujourd’hui les magasins qui s’y trouvent sont, d’après lui, l’œuvre des occupants.

Le comité de pilotage de la gare, sur instruction de son avocat, a porté plainte contre la mairie devant le Tribunal du commerce. Ce qui démontré que les parties sont loin de tomber sur un compromis.

Aussi les commerçants et transporteurs de la gare croient-ils également que c’est une perte de casser la gare, qui fait actuellement une recette mensuelle de plus de 4 millions de F CFA pour la mairie qui doit plutôt, selon eux, soutenir l’ambition des autorités du gouvernorat qui envisageraient la construction vers Niamana d’une gare routière moderne répondant aux normes internationales.

L’assistance tout en scandant « An tè wili bi an tè wili sini » (nous ne bougeons aujourd’hui et nous ne bougerons pas demain) a réaffirmé son soutien et sa solidarité au comité de pilotage.

Amadou Waïgalo

09 Septembre 2008