A la tête d’une forte délégation d’opérateurs de la filière bétail-viande de Côte d’Ivoire, le ministre ivoirien du Commerce a, pendant deux heures d’horloge, échangé avec les professionnels maliens dudit secteur, venus très nombreux, le lundi 11 octobre 2010, participer à une rencontre visant à atténuer les tracasseries dont sont l’objet les exportateurs d’animaux sur le corridor Bamako-Abidjan. C’est la salle de conférence Moussa Balla Coulibaly du CNPM qui a servi de cadre à cette rencontre dont les principaux animateurs étaient les ministres malien et ivoirien en charge du commerce que sont, respectivement, Amadou Abdoulaye Diallo et Yapo Yapo Calice.
Nous sommes le même peuple et nous allons continuer à le revendiquer sans démagogie » a tenu d’abord à rappeler le ministre Yapo Yapo Clarise. Et le ministre malien de l’Industrie, du Commerce et des Investissements, Ahmadou Abdoulaye Diallo, de renchérir en disant que « Le Mali, c’est le prolongement géographique de la Côte d’Ivoire et la Côte d’Ivoire est le prolongement économique du Mali » et que « nos deux pays partagent le même espace économique et douanier« .
En dépit de ces professions de foi, force est de reconnaître que la réalité est tout autre. En effet, les exportateurs maliens d’animaux à destination du pays de feu Houphouët Boigny vivent, avec leurs camions à bétail, un véritable calvaire sur la route, tant du côté malien qu’ivoirien. D’abord sur le territoire national, de Ségou à Zégoua, un convoyeur de bétail doit payer quelque 100 000 FCFA de frais illégaux aux postes de contrôle.
Pour le reste du tronçon, c’est-à-dire jusqu’à Abidjan, il sera obligé de débourser encore quelque 600 000 à 800 000 FCFA de frais indus.
L’objet de cette visite du ministre ivoirien du Commerce était précisément de chercher voies et moyens pour assurer un ravitaillement correct de son pays en bétail et surtout en moutons pour la fête de Tabaski qui pointe déjà à l’horizon.
Avec la tenue de l’élection présidentielle, prévue pour le 31 octobre 2010, les officiels ivoiriens s’inquiètent que les marchés d’Abidjan ou d’ailleurs dans le pays ne soient pas approvisionnés en moutons pour cause d’insécurité sur l’axe Mali-Côte d’Ivoire. C’est pour cela que cette très forte délégation est venue informer les professionnels maliens de la filière bétail-viande et les autorités de notre pays sur les nouvelles dispositions sécuritaires prises visant à rendre ce corridor beaucoup plus fluide, donc beaucoup moins tracassier. En cette veille de l’élection présidentielle ivoirienne et de la fête de Tabaski, le ministre Yapo Yapo a rassuré les opérateurs économiques maliens, et singulièrement les exportateurs de bétail, que « la sécurité sur le corridor sera assurée par les éléments des forces de l’ordre« .
Inutile de dire qu’il y a eu, du fait de la guerre, beaucoup de difficultés qu’il va falloir maintenant transcender afin d’éviter toute rupture de ravitaillement en viande et en bétail du marché ivoirien.
Le souci des autorités ivoiriennes étant également d’éviter que les musulmans (des électeurs surtout) ne soient pas dans l’incapacité de trouver un mouton à immoler lors de la fête de Tabaski comme cela est recommandé.
Au cours de cette rencontre, beaucoup d’intervenants, parmi lesquels Cheickna Hamalla Bathily, président du Syndicat national des producteurs de lait et viande du Mali, sont revenus sur les efforts déployés par Alassane Draméra, le président de Badengo SA, un Malien résidant en Côte d’Ivoire et l’un des grands organisateurs de la filière, en vue de la réduction du coût de passage d’un camion à bétail qui est tombé de 600 000 FCFA, l’an passé, à 300 000 FCFA aujourd’hui.
C’est dire qu’on est loin encore du bout du tunnel pour les exportateurs maliens de bétail, usagers de l’axe Bamako-Abidjan. Espérons qu’une telle rencontre puisse se renouveler afin qu’on cesse de parler dorénavant de rackets, de taxes illégales, de corruption, de perte de temps, de maltraitance des animaux transportés dans des conditions non conformes.
En tout cas, le ministre ivoirien du Commerce a promis de revenir au Mali après le 31 octobre, date du premier tour de l’élection présidentielle.
La délégation ivoirienne a quitté Bamako, avant-hier dans la soirée, pour le Burkina Faso.
Avec certainement le même message.
Mamadou FOFANA
13 Octobre 2010