D’entrée de jeu, le président de l’ADEMA M. Traoré soulignera, selon nos informations, que le président de la République, après sa brillante élection à la tête de l’Etat en mai 2002, a rendu une visite mémorable à l’ADEMA-PASJ. Le peuple de la Ruche n’est pas prêt d’oublier, a-t-il dit, ce geste amical et courtois du chef de l’Etat. L’occasion était bonne pour le président de l’ADEMA de réaffirmer le soutien de son parti au président ATT. En effet, poursuivra-t-il, depuis l’élection de celui-ci à la magistrature suprême, la Ruche n’a pas cessé de militer à ses côtés.
Le parti soutient l’action du chef de l’Etat et donne son feu vert aux projets de loi qui lui sont favorables. L’ADEMA reste toujours dans cette dynamique, a-t-il renchéri. Toutefois, cela ne l’empêche pas d’adresser des critiques et suggestions au chef de l’Etat en tant que parti expérimenté ayant à son actif dix ans de gestion du pouvoir. Le parti entend mettre cette grande expérience au service de l’actuel locataire de Koulouba.
Pour terminer son mot d’introduction, le président de l’ADEMA dira qu’il s’agit d’une discussion en famille avec le chef de l’Etat dans le souci de mieux cerner les attentes de celui-ci vis-à-vis de la Ruche.
Après ces échanges fraternels, les deux parties feront le tour des questions d’ordre national. C’est ainsi qu’elles aborderont tour à tour les problèmes brûlants de l’heure comme la crise scolaire, la privatisation de la CMDT, la sécurité alimentaire, la lutte contre la corruption et la délinquance financière.
Les responsables du PASJ n’ont pas manqué d’attirer l’attention du chef de l’Etat sur le chômage chronique qui frappe aujourd’hui nombre de cadres du parti (parmi ces cadres on peut citer Soumeylou Boubeye Maïga). Ils ont dénoncé également la chasse aux sorcières dont certains cadres ADEMA ont été victimes notamment au niveau du ministère de l’Education nationale.
Par rapport à l’état de santé du PASJ, le président du parti M.Dioncounda Traoré répondra que le parti a traversé des turbulences, mais est aujourd’hui en train de remonter la pente comme en témoignent les élections communales passées.
En définitive, les responsables ADEMA ont décidé de ne pas s’arrêter en si bon chemin dans leur communication avec le chef de l’Etat. Les deux parties ont décidé d’organiser à l’avenir des rencontres périodiques.
Quant au président ATT, il s’est dit satisfait de la réunion et a apprécié la démarche de l’ADEMA-PASJ. Seulement, a-t-il regretté, son devoir de réserve ne lui permet pas d’en faire autant.
En fait, il s’agissait pour l’ADEMA-PASJ de clarifier davantage ses rapports avec la Présidence. En effet, ces rapports comportaient depuis quelque temps pas mal de zones d’ombre. On se rappelle que le rapprochement ADEMA-RPM avait tantôt amené plus d’un observateur de la scène politique à douter de la sincérité du soutien de l’ADEMA à l’actuel président de la République.
Mieux, d’aucuns avaient parlé de déstabilisation du pouvoir en place. Ce fameux rapprochement aujourd’hui tombé en désuétude, avait sérieusement mis à mal les rapports ATT-ADEMA. Et, comme si cela ne suffisait pas, est venue se greffer à ce problème, la grogne de certains cadres ADEMA qui avaient soutenu le candidat ATT au détriment du candidat officiel du parti aux présidentielles de 2002.
Confrontés aux affres du chômage, ces derniers avaient attendu en vain le retour de l’ascenseur. De guerre lasse, ils avaient commencé à tirer à boulets rouges sur le chef de l’Etat, histoire de lui rendre la monnaie de sa pièce. Sans compter que le rapprochement ADEMA-PARENA-UDD-CND en cours n’était pas de nature à arranger les choses.
Tant et si bien que les rapports ATT- ADEMA connaissaient un pourrissement qui allait crescendo. C’est probablement pour pallier cette situation et éviter le pire que le CE a eu l’idée géniale de combler le déficit de communication avec Koulouba en vue de remettre les pendules à l’heure. Il était en effet à craindre que les actes isolés posés par certains cadres du parti ne passent aux yeux de Koulouba pour ceux de la direction nationale.
Ce, d’autant que le silence lourd du CE semblait plaider en faveur des frondeurs. Décidément, trop de non-dits alimentaient les nuages qui planaient sur les rapports du parti avec le chef de l’Etat.
C’est conscient de tout cela que le CE est sorti de sa réserve le samedi dernier en initiant une rencontre avec la Présidence.
Il fallait à tout prix briser la glace afin que les rapports du parti avec ATT reviennent à la normale. Quitte bien entendu à désavouer certains cadres ADEMA hostiles au locataire de Koulouba.
En effet, en envoyant une forte délégation composée de 26 membres, le parti de l’Abeille a voulu prouver au président ATT, si besoin en était, que la grande majorité du peuple ADEMA était acquise à sa cause malgré les apparences.
Cette rencontre de l’ADEMA avec le chef de l’Etat ne constitue-elle pas un désaveu pour l’ancien ministre Soumeylou Boubèye Maïga et non moins premier vice-président de l’ADEMA ? Ce d’autant que beaucoup voyait derrière les campagnes de presse contre le Président de la République la main invisible de l’ancien directeur de la sécurité d’Etat.
Derrière ces retrouvailles ATT-ADEMA, faut-il voir la main invisible d’Alpha Oumar Konaré ? On se rappelle qu’à la veille des élections de 2002, celui-ci avait demandé aux responsables ADEMA de ne pas prendre ATT pour un adversaire politique. Alors, vient-il une fois de plus de rappeler ses troupes à l’ordre ?
En tout cas, avec la rencontre du samedi, l’ADEMA vient de franchir un grand pas dans la normalisation de ses rapports avec le président ATT en lui prouvant que le parti se désolidarise des manoeuvres secrets orchestrés contre le locataire de Koulouba par certains irréductibles insatiables.
Samou KONE – 28 février 2005