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Ainsi à la cérémonie d’ouverture de la réunion après avoir souhaité la bienvenue aux délégations participantes, le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale du Mali Moctar Ouane a rappelé que le sommet de Bamako s’inscrit dans un contexte très particulier et vient boucler une année dédiée à l’Afrique.

Selon lui l’année 2005 aura été marquée par l’engagement de la communauté internationale à appuyer les efforts des pays africains pour leur développement comme la décision des dirigeants du G8, à Glenneagles, d’annuler la totalité de la dette des pays pauvres, notamment africains. De même, l’Afrique fut au centre des préoccupations lors du Sommet mondial de septembre dernier, à New York.

M. Ouane a précisé que lors de ces rencontres, des efforts ont été réalisés, mais, restent insuffisants.

Il a souligné, qu’il faut par ailleurs, se réjouir, des progrès significatifs réalisés, ça et là sur le continent, non seulement dans le domaine du règlement des crises et conflits, de la restauration de la paix et de la stabilité, mais aussi en matière de protection et de promotion des droits de l’homme, ainsi que dans le respect de l’Etat de droit et des principes démocratiques.

Pour lui le deuxième Symposium international sur les pratiques de la démocratie, des droits et libertés dans l’espace francophone, qui s’est tenu à Bamako il y a quelques semaines, fut un événement de haute portée politique qui confirme l’ancrage de la démocratie sur notre continent.

Il a par ailleurs rappelé que la plupart des pays africains connaissent une situation difficile caractérisée par la détérioration des conditions socio-économiques, en particulier de la jeunesse.

Selon le ministre Ouane , partout s’élèvent avec angoisse, des interrogations qui sont entre autres : comment satisfaire les aspirations de cette jeunesse ? Quelle politique mener pour assurer son implication dans le processus de développement du continent ?

Pour lui, ils doivent (les ministres des affaires étrangères) y apporter des réponses adéquates et cette réunion y contribuera. Avant de plaider à côté de la France pour qu’elle contribue à amplifier l’élan de solidarité de la communauté internationale pour accompagner les efforts de développement de nos pays, notamment dans la mise en oeuvre effective du programme d’action mondial pour la jeunesse, adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce programme est axé sur l’éducation, l’emploi, la lutte contre la faim et la pauvreté, la santé, l’environnement, la délinquance juvénile, et aussi la pleine et effective participation des jeunes à la vie de la société et aux prises de décision.

Dans son intervention le ministre français des affaires étrangères a rappelé que lui et ses homologues ont un rôle crucial à jouer auprès des chefs d’Etat.

C’est pourquoi, selon lui, ils doivent ensemble, répondre spécifiquement et correctement aux attentes de la jeunesse africaine, qu’elles concernent l’éducation, la formation, l’emploi, la santé, la citoyenneté, l’accès au monde, parce qu’il y va de leur intérêt mutuel.

A en croire le ministre français des affaires étrangères la France attache une importance majeure à ces rencontres qui réunissent régulièrement depuis plus de vingt ans au niveau ministériel, et au niveau des Chefs d’Etat. Pour lui ce sont en effet ces échanges informels qui leurs permettent, dans le cadre d’un dialogue informel, sincère, et constructif, de prendre toute la mesure des objectifs, pour en être le meilleur porte-parole auprès des Nations Unies, du G8, de l’Union européenne ou des grandes institutions financières internationales.

Il a par ailleurs souligné que tous les sujets qui ont été abordés ensemble au cours des derniers Sommets, particulièrement celui de Paris, qu’il s’agisse du développement, durable et solidaire, ou de la résolution des conflits, sont indissociablement liés et interdépendants. Il n’y aura pas de développement durable sans résolution des conflits, ni d’apaisement des crises sans croissance et partage des richesses. Surtout, il n’y aura ni développement, ni paix, sans perspectives concrètes pour cette jeunesse qui les interpelle.

Il a demandé aux uns et aux autres de travailler avec l’appui de tous les partenaires de la communauté internationale, afin d’apporter à cette jeunesse les réponses qu’elle attend, de dissiper ses inquiétudes, de lui fournir surtout des perspectives. Le ministre français a réitéré la détermination et l’engagement de la France de tout faire pour progresser concrètement dans ce sens.

LES RESULTATS DES TRAVAUX DE LA RÉUNION DES MINISTRES

– Insertion sociopolitique et économique de la jeunesse dans le processus de développement de l’Afrique, y compris dans le secteur du commerce
De l’avis général des participants, le problème de la jeunesse africaine est le concentré de tous les problèmes du continent. A cet égard, il est urgent de trouver des solutions pertinentes à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes.

Plusieurs recommandations ont été émises par les participants parmi lesquelles on peut citer :
– l’insertion de la jeunesse passe par l’éducation, la formation, le renforcement des capacités, toutes choses qui nécessitent d’importantes ressources financières;
– l’instauration d’un commerce équitable par l’ouverture des marchés des pays développés aux produits des pays en développement. Ceci passe par la suppression des subventions accordées par les pays développés à leurs agriculteurs. Le cas du coton est édifiant à cet égard. Ce commerce équitable est à même de procurer plus de ressources financières que l’aide publique au développement. A cet égard, le Sommet de Bamako doit lancer un appel afin que la Conférence de l’OMC prévue à Hong Kong puisse répondre aux préoccupations de l’Afrique;
– La création d’un environnement propice à l’épanouissement de la jeunesse par la promotion de la paix, de la stabilité et de la démocratie dans nos pays;
– la ferme condamnation du phénomène des enfants soldats et la nécessité de mettre en place des stratégies appropriées pour leur réinsertion dans la vie active;
– la création d’un Observatoire de la jeunesse africaine.
– les retours des compétences africaines en Afrique
– la création d’un environnement africain propice à l’épanouissement des compétences africaines;
-la jeunesse africaine face aux grands enjeux sanitaire
L’accent a été mis particulièrement sur :
– le péril grave que représente le VIH/SIDA, les autres maladies connexes ainsi que la grippe aviaire pour la jeunesse africaine et pour l’avenir du continent.
– l’importance de la sensibilisation constante des jeunes dans le cadre d’une vision globale de santé intégrée axée sur le développement durable.
– la relance des programmes de vaccination.
– la création d’un centre africain de lutte contre le VIH/Sida et les autres maladies infectieuses.
Formation et emploi, dans ce sous thème, l’accent a été mis sur :
– la promotion de programmes de formation permettant aux jeunes de devenir créateurs d’emplois et non demandeurs d’emplois.
– la nécessité de prendre en compte les préoccupations et les aspirations des jeunes ruraux en vue parlant de créer un environnement propice au développement de l’agriculture.
Parlant des phénomènes migratoires comme facteurs d’intégration les participants ont mis l’accent sur:
– l’établissement d’une véritable coopération entre le Sud et le Nord pour la recherche d’une solution consensuelle au phénomène de l’immigration.
– la prise en charge par les mécanismes de suivi du dialogue Afrique-Europe de la question de l’immigration.

Dado CAMARA

23E SOMMET AFRIQUE-FRANCE

Bamako accueille ses hôtes

C’est les 3 et 4 décembre 2005 que s’est tenu le 23ème sommet Afrique-France à Bamako. Pour la circonstance 53 chefs d’Etat et de gouvernements ont été accueillis par le président de la République du Mali Amadou Toumani Touré et son gouvernement.

A cette occasion la journée du vendredi a été déclarée chômée et payée à Bamako et Kati. Et cela pour permettre à la population de sortir massivement afin d’accueillir les hôtes de notre pays.

A l’aéroport, en plus de la délégation malienne, 500 dogons avec leurs masques étaient sur place pour l’animation. Dans la journée du vendredi réservée à l’arrivée des chefs d’Etat et de gouvernement, le président de la République togolaise Faure Gnassingbé a été le premier président a foulé le sol malien à 11h 23 mn à bord d’un avion 5VTGE.

C’est à partir de 18h que le numéro un Français Son Excellence Jacques Chirac a été accueilli par le président ATT. Comme l’a souligné lui même, avant d’aller au salon d’honneur, il a d’abord fait un tour devant ses frères dogons pour les apprécier. C’est après qu’il a adressé son amitié au président ATT et au peuple malien. Pour lui, ce sommet sera l’espoir de la jeunesse africaine.

Avant de souligner que la jeunesse souhaite avant tout la démocratie, la paix, les institutions stables puis naturellement les conditions de vie normales (éducation, emploi…). Pour lui les dirigeants africain sont déterminés afin qu’on puisse apporter avec la coopération internationale des réponses attendues.

En plus, il a rappelé que les préoccupations actuelles liées notamment aux problèmes commerciaux, de financement, de développement exigent de la part de Communauté Internationale un effort plus important.

Et, a en croire, le président français, la France plaide pour l’adjonction de financement innovant permettant de répondre à ces besoins. Il a annoncé qu’il allait être question de tous ces problèmes au cours du sommet. Il faut aussi rappeler que le dernier arrivé a été le président du Nigeria M. Olessegun OBASANJO qui a été accueilli le dimanche matin.

Signalons que 23 chefs d’Etat plus celui du Mali, 5 premiers ministres, des vices-premiers ministres, des ministres des affaires étrangères ont pris part au sommet.

Dado CAMARA

23E SOMMET AFRIQUE-FRANCE

Bamako a battu le record de participation en Afrique

Le 23è sommet des chefs d’ Etat d’Afrique et de France s’est tenu à Bamako au Centre International de conférences. La capitale malienne a battu le record de participation en Afrique. En effet, les 53 Etats africains ont répondu à l’appel avec 24 chefs d’Etat présents, 5 vice-présidents, 6 premiers ministres et des ministres des affaires étrangères. Les absents les plus remarqués sont entre autres Mohammar Khadaffi, Bouteflika, Osni Mubarak, Paul Kagamé, Paul Biya,Laurent Gbagbo, Lansana Konté. La cérémonie d’ouverture était placée sous les auspices du Président Français Jacques Chirac et de son homologue malien Amadou Toumani Touré.

LES AVEUX D’ATT

Dans son allocution, le président de la République du Mali S.E. Amadou Toumani Touré a d’abord salué et remercié les chefs d’Etat africains et français pour leur participation au 23è sommet Afrique-France. C’est ainsi qu’il dira que le Mali reçoit la France au nom de l’Afrique.

Par la même occasion, il a adressé sa gratitude au Secrétaire Général adjoint de l’ONU, aux Présidents et Directeurs Généraux, aux Représentants des Organisations et Institutions africaines et internationales. Il a salué ainsi la France et le Comité d’Organisation pour la réussite du sommet.

ATT a particulièrement salué le président Français S.E. Jacques Chirac pour son engagement. Il dira qu’il est un homme courageux, ténace, porteur d’idéaux, de vision et de principes pour faire triompher les valeurs de solidarité, de respect et de partage.

Pour le président malien, loin des passions idéologiques, la relation Afrique-France est fondée sur un dialogue confiant et cela depuis 32 ans; d’où une consolidation du partenariat dans la sérénité et l’ouverture.

Cadre d’échanges, le lien Afrique-France constitue un maillon important de la relation Afrique-Europe au développement de laquelle le président Chirac oeuvre avec conviction et détermination”, a-t-il dit.

ATT a remercié la France pour son engagement dans l’annulation de la dette de 14 pays très endettés tout en souhaitant l’extension à un plus grand nombre de pays. “L’Europe comme la France est un allié naturel de l’Afrique”, a-t-il ajouté.

Le partenariat euro-africain en constant progrès est favorisé par la proximité géographique, les relations historiques marquées par les péripéties de la colonisation, la participation africaine aux deux guerres mondiales et les liens culturels à travers les communautés de langues comme la Francophonie, le Commonwealth, l’espace lusophone et hispanophone, a-t-il indiqué.

Et de souligner que l’Union Européenne est le principal donateur pour l’aide publique au développement. L’Afrique est un continent en pleine mutation avec des progrès incontestables, mais rarement soulignés à leur juste valeur, a-t-il poursuivie.

Selon ATT, 15 ans après le sommet de la Baule, le processus de démocratisation, les droits de l’homme et les réformes économiques ont fait du chemin en Afrique. “La bonne gouvernance est une volonté largement partagée au sein de la classe dirigeante qui croit plus que jamais en l’intégration africaine comme voie de salut pour le continent”, a-t-il affirmé.

Pour preuve, il citera le passage de l’OUA à l’Union Africaine, la mise en place du Conseil de Paix et de Sécurité, l’adoption du NEPAD, le renforcement des organisations sous-régionales- Malgré ces acquis, des difficultés réelles demeurent à travers le continent à savoir le défi de la paix et de la sécurité, la souffrance, les conflits armés.

Et de préciser que ces conflits ont en commun la très forte implication des jeunes usant de la violence comme mode de vie, un enjeu de renforcement de leur statut social. Ce qui peut aboutir progressivement au banditisme, à la rébellion.

Rappelant le thème du sommet, le président ATT signalera que la jeunesse aspire à une éducation de qualité. Il évoquera ainsi les maux qui minent la jeunesse notamment le chômage, le VIH-SIDA et les IST.

Il a rappelé que le forum de Bamako, tenu il y a un mois environ, a montré une jeunesse africaine volontaire, résolue à prendre une part décisive dans la résolution ses problèmes. Parlant de l’exode, le président de la République du Mali affirmera que l’émigration clandestine interpelle les pays de départ, de transit et d’accueil. Il a déploré certaines conditions de voyage des jeunes qui s’adonnent à la migration.

Pour lui, il est nécessaire de lutter contre les réseaux d’émigration clandestine. Au rythme où l’on avance d’ici 2025, 1 Africain sur 10 vivra en dehors de son pays d’origine et de ce fait, les statistiques prouvent qu’il y a 16,3 millions de migrants à l’échelle du continent africain.

Il est encore possible de mieux ordonner le mouvement à la fois pour la sécurisation des candidats au départ et pour leur meilleure insertion dans les pays d’accueil. Je souscris donc entièrement à l’idée d’une conférence entre l’Europe et les pays d’Afrique concernés par l’immigration”, a-t-il déclaré. Il a tout de même incité les pays africains à travailler pour retenir les jeunes et faciliter la réinsertion de ceux qui décident de retourner aux pays.

Le président malien a salué la politique de codéveloppement élaborée en 2002 entre la France et le Mali pour le co-financement des projets appuyés par les associations des migrants en France. Toutefois, il a rappelé l’apport important de la diaspora africaine qui s’élève à 120 milliards de Fcfa permettant de financer des centaines de projets.

ATT pense que le développement par une croissance économique soutenue demeure le seul moyen de prospérer les populations africaines. Il n’a pas manqué d’évoquer les richesses du continent que sont les ressources agricoles, minières, fauniques, halieutiques et une flore diversifiée. Pour lui, l’Afrique profite peu de ses ressources agricoles sur le marché mondial.

C’est ainsi qu’en parlant du coton africain produit par 33 pays, il a indexé les subventions des contonculteurs des pays riches comme source de pauvreté des producteurs de coton en Afrique.

ATT reclame l’équité dans les relations commerciales internationales tout en fondant l’espoir sur les négociations qui se tiendront bientôt à Hong-Kong dans le cadre de la 6è conférence ministérielle de l’OIC.

Pour finir le “Diatigui” des chefs d’Etat africains dira que l’accélération des mutations et l’incertitude nécessitent d’agir vite pour apporter les réponses appropriées aux nombreuses préoccupations du continent et des jeunes.

CHIRAC REAFFIRME

A son tour, le président Français S.E. Jacques Chirac a remercié son homologue et tout le peuple malien pour l’hospitalité qui a été offerte à la délégation française. Pour lui, l’Afrique a changé notamment par l’ambition de ses dirigeants et de ses peuples ayant réussi une transformation, une nouvelle approche de la paix, de la démocratie et du développement humain.

Selon lui, le chemin à parcourir est long, mais par l’effort des Africains et de la Communauté Internationale, le continent noir impressionnera le monde par ses succès. Il a assuré du soutien de la France pour cette renaissance.

Près des deux tiers de la population Africaine ont moins de 25 ans, a-t-il dit un défi démographique majeur face faux réalités de la mondialisation.
L’avenir de l’Afrique est dans sa jeunesse, l’avenir des jeunes africains est d’abord en Afrique” a-t-il poursuivi. Et d’ajouter que l’Afrique a d’abord la responsabilité de mettre un terme aux crises meurtrières qui la secouent.

Pour le président Français, grâce à l’engagement sans précédent de l’Union africaine et de l’ONU, la paix et l’état de droit progressent. Dans ce domaine aussi, Jacques Chirac a réitéré le soutien de la France.

Il pense que l’urgence, c’est aussi la lutte contre la pauvreté, la formation, la création des centres d’apprentissage et de formation professionnelle vu que l’Afrique souffre de pénurie de main d’oeuvre spécialisée dans les domaines comme la santé, le transport, le bâtiment.

Il a souligné comme cause principale de l’émigration des milliers d’Africains, la difficulté de travailler et de construire sa vie dans son pays.

Avec un taux de 5% de croissance en moyenne ces dernières années, l’Afrique est sur la voie du développement. Pour renforcer cette dynamique, les engagements de la Communauté Internationale à l’égard du continent, confirmés lors du sommet du G8 de Glenneagles, doivent être pérennisés et, dans le même temps, l’Afrique doit poursuivre ses réformes politiques économiques et sociales”, a indiqué le président français.

Il trouve nécessaire d’étendre la mesure d’annulation de dette à d’autres pays très endettés. Le président français estime que l’aide publique se portera à 0,7% du PIB de la France d’ici 2012 et sera doublé en dix ans. De ce fait, il s’est personnellement engagé pour convaincre l’Union européenne à faire de même d’ici 2015.

Pour réaliser les Objectifs du Millénaire (OMD), le président Français pense qu’il faut porter à 150 milliards de dollars par an l’aide publique. Il a rappelé que la France instituera en 2006 un prélèvement de solidarité sur les billets d’avion qui rapportera chaque année plus de 200 millions d’Euros pour aider les pays pauvres.

Parlant des matières premières, il dira que la volatilité des cours engendre des chocs insupportables, et d’indiquer qu’un remède a été trouvé à savoir que le FMI mettra en place une facilité destinée aux pays qui souffrent de ce phénomène, d’où à elle seule la France consacrera 1 milliard de dollars.

Parlant du coton, il aborde dans le même sens que son prédécesseur. Il a lancé un appel aux USA de supprimer les subventions à leurs producteurs de coton comme l’Europe a entrepris de le faire.

La France est l’avocat inlassable de l’Afrique, elle s’engagera pour que le prochain G8 de Saint Petersbourg marque une mobilisation exceptionnelle pour l’Afrique. Et cela dans trois domaines essentiels à savoir la formation professionnelle, les infrastructures et la valorisation des ressources du sous-sol”, a-t-il affirmé.

Les entrepreneurs, cadres, chercheurs, professeurs, artistes, selon lui exercent des activités, par nature, liées à l’échange, d’où il a décidé de leur faciliter la délivrance de visas de longue durée à entrées multiples. Aussi, prévu sera-t-il, la France continuera à accueillir sur son sol de nombreux étudiants africains.

Pour Jacques Chirac, il s’agira de mener le combat pour une Afrique sûre de son identité et résolument moderne, débarrassée des idéologies et des archaïsmes, forte de son patrimoine culturel et fière de ses conquêtes, audacieuse et entreprenante, rappelant que l’Afrique est le berceau de l’humanité et aujourd’hui incarnée par sa jeunesse.

Notre relation ne sera jamais banale”, a-t-il soutenu, car nous partageons une même langue. Depuis les indépendances, indique notre interlocuteur, l’Afrique comme la France a changé, ce qui ne changera pas, c’est l’engagement déterminé de la France en faveur de l’Afrique, la jeunesse nous jugera sur nos actes, ajoutera-t-il ?

LES VERITES DE BONGO

Prenant la parole au nom des chefs d’Etat Africains présents à Bamako, S.E. El Hadj Oumar Bongo Odimba indiquera que les chefs d’Etat ayant fait le déplacement à Bamako sont heureux de se retrouver autour de ATT afin de parler d’une seule voix, celle de l’Afrique. La participation de nombreux chefs d’Etat, pour lui, prouve leur détermination à prendre en compte le problème de la jeunesse.

Rappelant le thème, le chef d’Etat gabonais affirme que les Etats africains manquent de moyens pour satisfaire les besoins de la jeunesse face aux nombreux défis à relever. Il a cependant signalé que le Gabon a initié un programme qui prend en compte les jeunes depuis leur naissance jusqu’à leur entrée dans la vie active.


LA JEUNESSE EN COLERE

La porte-parole de la jeunesse africaine Madame Tamoifo Nkom Marie a remercié les chefs d’Etat d’Afrique et de France présents à Bamako pour le sommet. Au-delà des préoccupations d’ordre émotionnel, a-t-elle dit, l’Afrique est malade de sa jeunesse, Fer de lance de tout peuple civilisé, la jeunesse africaine est généralement absente dans la prise de décisions et lors des grands débats sur le développement, a-t-elle regretté.

Pour elle, on ne fait allusion à elle que lorsqu’il est question d’émeutes, d’incendies, de conflits armés, d’abus de stupéfiants, de chômage, de pédophilie, de Sida. Elle a rappelé la jeunesse africaine d’autan qui s’est battue pour la libération du continent avec comme porte-flambeau Lumumba, Modibo Kéïta, Nkrumah, Nasser, Bourguiba, Negus Haïlé Selassié, Amilcar Cabral, Houphouët Boigny Nelson Mandela, L.S Senghor, Cheick Modibo Diarra entre autres.

Evoquant la mondialisation, Madame Tamoifo a souligné que les jeunes sont au coeur de beaucoup de combats et gardent beaucoup d’espoir pour l’avenir du continent. Elle a interpellé la jeunesse à la création des ONG, associations, coopératives et entreprises.

Selon elle, la jeunesse africaine montre la vision d’une société africaine plus exigeante tout en dénonçant les pseudo modèles de développement, revendiquant plus d’éthique et d’innovation à la tête des Etats.

Le temps nous est compté. Et l’Afrique ne peut plus se permettre des dérives et les errements politiques, la mauvaise gouvernance. La vitalité, la créativité et les ressources humaines non encore entamées de notre génération et des générations à venir constituent un capital qui ne doit pas être compromis”, a averti Madame Tamoifo.

“Nous exigeons l’élaboration de politiques de développement claires et opérationnelles articulées au tour de la jeunesse sur les thématiques suivants”, a-t-elle déclaré :

S’agissant de la Formation et de l’emploi, les jeunes souhaitent :
– le renforcement des programmes nationaux de promotion de l’emploi;
– la prise de mesures appropriées de soutien aux filières de production rurales impliquant des jeunes;
– l’accroissement des moyens pour la formation professionnelle et l’apprentissage;
– la ratification et la mise en oeuvre des conventions internationales dans le domaine de l’emploi et de la formation des jeunes;
– la prise en compte dans les différents programmes de formation et de promotion de l’emploi, de la spécificité des jeunes en difficulté et de celle des handicapés de la scolarisation de la petite fille.

S’agissant des grandes questions environnementales et sanitaires, ils suggèrent :
– l’engagement personnel des Chefs d’Etat dans la lutte contre la pandémie du VIH/SIDA;
– la mise en oeuvre et le suivi-évaluation des grands programmes de communication pour le changement de comportement;
– le développement et le renforcement des services de proximité en conseils et assistance, en promotion de la santé sexuelle reproductive;
– la gratuité et l’accès universel des Personnes vivant avec le VIH/SIDA aux Anti Rétro Viro et l’accès gratuit aux préservatifs pour tous
– la libéralisation des licences de fabrication de médicaments essentiels en matière de VIH/SIDA.

S’agissant de l’insertion sociopolitique et économique, ils suggèrent aussi :
– la prise de dispositions légales pour la représentation des jeunes dans toutes les instances de prise de décisions à l’échelle locale, nationale et internationale;
– le renforcement des mécanismes de suivi et d’accompagnement des initiatives des jeunes à l’échelle locale, nationale ou sous-régionale;
– l’insertion des jeunes ruraux par l’accès au foncier;
– la prise de mesures spécifiques au profit des groupes vulnérables;
– l’allègement des conditions d’accès des jeunes aux financements nationaux et internationaux;
– la création et le renforcement des Conseils Nationaux de la Jeunesse;
– la mise en place d’Observatoires de la jeunesse;
– la multiplication de salons régionaux et nationaux de la créativité au niveau africain et de chaque pays;
– la mise en place d’un Conseil de la jeunesse Africaine et de la Diaspora.

S’agissant des migrations, ils souhaitent :
– la multiplication des actions d’échange culturel et de codéveloppement pour une meilleure compréhension de la migration comme facteur de développement;
– la promotion des formations de proximité et de projets jeunes pour la réduction du déséquilibre nord/sud;
– la sensibilisation des jeunes à la législation des pays d’accueil et la mise en oeuvre effective des accords et conventions internationales en matière d’immigration.
– le développement des infrastructures, opportunités et mécanismes au niveau rural pour attirer les jeunes africains à y revenir;
– la valorisation des ressources humaines nationales et africaines pour endiguer le phénomène de la fuite des cerveaux;
– la mise en oeuvre du dispositif d’évaluation par pair du NEPAD pour faciliter la bonne gouvernance.


Salifou BANGALI

23E SOMMET AFRIQUE -FRANCE

Les chefs d’Etat répondent à la jeunesse

Le 23e sommet Afrique-France a pris fin par un point de presse animé conjointement par les présidents Malien ATT, Français Jacques Chirac et la représentante de la jeunesse Africaine Madame Tamoifo Marie N’Kom. Les conflits armés, le chômage, l’immigration sont entre autres des thèmes qui ont été abordés.

Le président de la République, ATT a tenu à saluer et remercier la presse dans son ensemble pour avoir donné au sommet toute sa dimension. Le Mali a battu le record de participation en Afrique, de ce fait, ATT dira que cela est un honneur pour le Mali. Il a particulièrement salué la participation de Ellen Johnson Sirleaf, élue récemment au Libéria. Il s’est dit touché par la déclaration faite par la jeunesse.

Parlant des conflits armés en Afrique, le président malien indiquera que si les jeunes décident de ne plus participer aux conflits, ce sera la paix. Il a lancé un appel à la conscience des jeunes. Cependant, il trouve que le phénomène enfants soldats s’estompe peu à peu et certains de ces enfants se sont scolarisés.

Il ajoutera ainsi que les réfugiés constituent aussi un phénomène récurrent sur le continent. Et de saluer la prise en charge de ces réfugiés par le HCR, les ONG, l’UNICEF, la Croix-rouge entre autres. Par rapport à la diaspora africaine, ATT indiquera que la double nationalité est permise au Mali.

Sur la crise ivoirienne, le président Malien déclare que le Mali a tout intérêt pour que la paix revienne en Côte d’Ivoire, car non seulement le Mali a environ 2,5 millions de ses citoyens en Côte d’Ivoire, mais aussi, c’est par le port d’Abidjan que les produits importés parvenaient au Mali. “Nous avons autre chose à faire que d’aider une rébellion”, a-t-il martelé en réponse à un journaliste ivoirien.

Le président Français Jacques Chirac a d’abord remis la réponse des chefs d’Etat aux jeunes et s’est dit satisfait de l’accueil réservé par le Mali à la délégation française.

Répondant à la question relative aux banlieues parisiennes qui étaient sous tension le mois dernier, il dira qu’il n’y a pas de lien entre ces drames et la polygamie et d’ajouter que les jeunes qui y habitaient ont connu de réels problèmes d’insertion sociale. Pour lui, dans ces quartiers périphériques, les misères se sont accumulées créant des conditions inhumaines.

Sur la crise ivoirienne, Jacques Chirac a affirmé qu’aucune décision n’a été prise et que les 3 présidents impliqués dans la recherche de solution se sont déjà rendus en Côte d’Ivoire (NDLR : Obasanjo, Mamadou Tandia et Tabo M’Beki) afin de discuter avec les différents protagonistes.

La France déploie, selon lui, beaucoup d’efforts pour apporter une solution juste et durable à la crise ivoirienne. Il a expliqué que les forces “Licorne” sont en Côte d’Ivoire avec le mandat de l’ONU et en accord avec l’Union Africaine.

Chirac s’est félicité de la présence du 1er Ministre Somalien présent pour la 1ère fois au Sommet Afrique-France. Il a fustigé certaines presses soutenant que c’est la France qui complique la crise ivoirienne. Pour lui, ces presses ne méritent pas considération. Le Président Français a invité les jeunes africains à rester dans leur pays en développant des initiatives qui seront appuyées par les décideurs avec l’aide des bailleurs de fonds.

La jeunesse à son tour a été surprise de la réponse spontanée des chefs d’Etat. Madame Tomoifo a salué la promptitude des chefs d’Etat d’Afrique et de France qui est pour elle une grande considération pour la prise en charge des problèmes de la jeunesse africaine.

Salifou BANGALI

REDUCTION DE LA MORTALITE MATERNELLE ET NEONATALE

Les premières Dames évaluent les activités de Vision 2010

Selon les statistiques, sur 100.000 naissances vivantes 870 décès maternels sont constatés en Afrique, contre 30 dans les pays développés. Fort de ce constat, les premières Dames d’Afrique de l’Ouest et du centre, réunies à Bamako en mai 2001 ont adopté des recommandations dont l’objectif principal est la réduction de 50% du taux de la mortalité maternelle et néonatale et du tiers celui de la morbidité, d’ici 2010.

En marge du 23ème sommet Afrique-France, les premières Dames de l’Afrique ont fait leur évaluation à mi-parcours de la « vision 2010 » pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale pour mesurer le chemin parcouru.

A l’ouverture de la rencontre la première du Mali Mme Touré Lobbo Traoré a souligné que la conférence des chefs d’Etat a un lien avec la rencontre des premières Dames qui se penche sur la source de la vie à travers la relation mère-enfant.

Selon elle, les actions à entreprendre pour atteindre ce résultat ont été identifiées à savoir la promotion de la femme, l’amélioration de la qualité des soins et la disponibilité d’un personnel, qualifié et motivé.

Pour elle, ce vaste programme qui interpelle les Etats et les partenaires au développement exige un effort important de mobilisation de ressources humaines, techniques matérielles et financières.

C’est ainsi qu’il a souhaité « que cette rencontre de Bamako, puisse permettre, l’élargissement de l’initiative 2010 à toutes les régions d’Afrique confrontées au même fléau ».

Après ce mot d’introduction l’assistance a eu droit à la projection d’un film de la Fondation pour l’Enfance qui retrace les efforts déployés par cette Fondation à travers sa présidente Mme la première Dame du Mali pour l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant.

Et cela à travers les dons de matériels pour améliorer la condition socio-économique des femmes, comme le précise Mme Touré la lutte contre la mortalité maternelle et néonatale ne dépend pas seulement de l’amélioration des soins obstétricaux et néonataux d’urgence mais aussi de l’amélioration des conditions de vie des femmes.

Après ce mot d’introduction de la première Dame du Mali la ministre de la santé Maïga Zeinab Mint Youba a fait une présentation des tragédies de réduction de la mortalité maternelle et néonatale en Afrique de l’Ouest et du centre.

C’est ainsi qu’elle a rappelé que derrière chaque décès maternel se cachent 30 à 40 complications graves et débilitantes. Avant de souligner les causes de ces complications qui sont entre autres : la fécondité trop élevée, les pratiques traditionnelles néfastes, la pauvreté.

Et pour remédier à ces complications, selon la ministre de la santé, il faut des stratégies d’intervention efficaces comme la promotion de la planification familiale, l’accessibilité géographique et financière des services de santé, la prise en charge des urgences obstétricale.

Elle a par ailleurs rappelé que le forum organisé en mai 2001 avait enregistré la participation de 18 pays d’Afrique de l’Ouest et du centre avec comme réponse l’adoption et la signature de la déclaration de Bamako par les épouses des chefs d’Etats et l’élaboration d’un cadre logique.

Selon elle, pour atteindre les objectifs de la vision 2010, des domaines prioritaires d’intervention ont été soulignés qui sont entre autre le domaine politique (engagement national, mobilisation des ressources financières et humaines); le domaine juridique et législatif et le domaine de l’éducation.

En plus elle a souligné les points essentiels de la déclaration de Bamako comme le plaidoyer pour l’affectation des ressources financières et humaines adéquates pour les soins obstétricaux et néonatals d’urgence, la sollicitation des appuis des chefs d’Etats et de gouvernements, des pouvoirs publics des organisations internationales et ONG pour la réalisation des objectifs de la vision 2010.

Avant de préciser quelques recommandations du forum à savoir l’élaboration d’un plan d’action pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, le développement des mécanismes de pérennité des actions, la mise en place des mécanismes de suivi de la déclaration de Bamako.

Suite à cette présentation du ministre de la santé, le Pr Halehonou a exposé les résultats de la 4ème réunion du comité régional de suivi des activités « vision 2010 ». Il a souligné des principaux résultats obtenus selon le cadre logique élaboré en 2001 au niveau de différents domaines, les contraintes majeures et les perspectives.

Ces différentes interventions ont été suivies d’échanges au cours desquels, des premières Dames ou leur représentantes ont fait des contributions, partagé leurs expériences. Ces échanges ont été suivis par la lecture des résolutions des premières Dames.

Dans ces résolutions lu par Mme Antoinette Sassou-Nguesso, les premières Dames s’engagent entre autres à tout mettre en oeuvre pour l’inscription de la réduction de la mortalité maternelle et néonatale dans l’agenda politique de l’Union Africaine afin de lui assurer un haut niveau de priorité au moins égal à celui de la lutte contre le VIH/Sida, le paludisme et la tuberculose.

Elles demandent en plus l’appui des chefs d’Etat et de gouvernements, des pouvoirs publics, des organisations internationales et non gouvernementales pour créer un environnement propice à l’atteinte des objectifs de la vision 2010 et pour mettre en oeuvre dans chaque pays un programme multisectoriel de réduction de la mortalité maternelle et néonatale.

A la clôture des travaux Mme Touré Lobbo Traoré a rappelé ses homologues que le grand défi qui les attend reste l’application des recommandations de Bamako.

Pour elle, si elles parviennent à relever ce défi, elles contribueront positivement à la réduction du taux de la mortalité maternelle et néonatale en Afrique.

Dado CAMARA

05 décembre 2005.