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Les relations commerciales entre le Mali et le Ghana datent des années d’indépendance. Elles ont connu une progression notoire depuis 2002 avec l’éclatement de la crise ivoirienne.

Ces relations ont abouti à la signature, le 24 avril 2004, d’un protocole de coopération. Depuis lors, le volume des marchandises maliennes transitant par les ports ghanéens (Tema et Takoradi) a plus que triplé.

Cependant, les usagers maliens de ces ports sont confrontés à certains problèmes, tout comme les chauffeurs ghanéens qui viennent livrer les marchandises.

Pour circonscrire ces difficultés et trouver les solutions idoines, une forte délégation du pays de Kwamé Krumah séjourne actuellement dans notre pays.

Conduite par M. Gordon Anin et M.C Cyril Nettey, respectivement directeur du port de Tema et du port de Takoradi, la délégation comprend les représentants des autres services ghanéens intervenant dans le trafic des marchandises (douane, police et sécurité, chargeurs, transitaires, travailleurs portuaires, chambre de commerce…).

Cette délégation et le Conseil malien des chargeurs (CMC) se sont rencontrés hier dans la salle de conférence du CMC.

A travers cette rencontre, il s’agissait pour la partie ghanéenne de recenser les préoccupations des chargeurs et transitaires maliens dans la fréquentation de ses ports et d’envisager, dans la mesure du possible, des solutions.

Pour les chargeurs maliens, les principaux avantages des ports ghanéens sont la rapidité et la sécurité des marchandises. La distance estimée à 2 200 km est l’handicap majeur.

Une augmentation du délai de franchise à 30 jours

Le président du CMC, Amadou Djigué, a profité de l’occasion pour féliciter les responsables portuaires du Ghana pour les efforts qu’ils n’ont cessé de déployer afin de faciliter le transit des marchandises à destination ou en partance de notre pays.

Pour lui, ce n’est pas pour rien que les Maliens préfèrent les ports de ce pays malgré la distance au détriment d’autres plus proches.

 » Dans les affaires, on va là où l’on est sécurisé. Si le volume du trafic de nos marchandises par le Ghana a triplé quelque part, cela s’explique par le dynamisme de l’administration portuaire qui s’est toujours montrée à l’écoute de nos doléances  » a souligné M. Djigué.

D’autres intervenants ont reconnu la rapidité et la disponibilité des responsables portuaires ghanéens.
Cela n’a pas empêché, le président du CMC d’inviter les visiteurs, à toujours faire mieux, car tant que les gens travaillent ensemble, il y aura toujours des problèmes.

Comme principale doléance, le président du CMC a évoqué la question du délai de franchise en demandant une augmentation de celui-ci de 21 à 30 jours compte tenu de la distance qui sépare les deux pays.

Il a mis également l’accent sur l’insuffisance des aires de dépôtage et surtout les tracasseries dont font l’objet les transporteurs maliens de la part de la douane du Burkina Faso, un pays traversé pour arriver au Ghana. Cette question, selon les chargeurs maliens a été maintes fois évoquée devant les Burkinabé.

Malgré les engagements pris dans le cadre de la grande commission mixte Mali – Burkina et les textes de l’UEMOA, les hommes en uniforme du pays des hommes intègres continuent de rendre le parcours désagréable. Ils vont même souvent plus loin en ouvrant les plombs de certains conteneurs.

Ce qui, aux dires du Président du CMC, est une violation du droit international sur le commerce du conteneur, qui veut qu’un conteneur une fois plombé, aille jusqu’à destination si tous les documents afférents l’accompagnent. Pour les cas douteux on peut le déplomber mais cela de façon exceptionnelle.

Amadou Djigué a révélé que malgré toutes les facilités qu’offre le Ghana, si le Burkina continue d’être un obstacle, il y aura moins de marchandises maliennes vers les ports de Tema et Takoradi.

Un programme de rénovation des ports de Tema et Takoradi
Les Ghanéens ont reconnu la fidélité des opérateurs économiques aux ports de Tema et Takoradi. La part de transit des marchandises maliennes a, au cours de l’année 2003, dépassée, celle des autres pays sans littoral comme le Niger et le Burkina Faso.

Ce qui veut dire que notre pays est un enjeu majeur pour le Ghana en terme de transit portuaire. D’où la grande réceptivité des autorités ghanéennes à l’égard des doléances maliennes.

Face aux préoccupations soulevées, la délégation a donné des réponses. Ainsi, dira Gordon Anin, depuis 1990, le gouvernement de son pays a mis en place un programme qui vise à faire des côtes ghanéennes, la porte d’entrée naturelle de l’Afrique de l’Ouest.

Toute chose qui s’est traduite par l’installation des équipements modernes, le renforcement de la sécurité et l’agrandissement des magasins de stockage. Ce vaste programme se poursuit aujourd’hui avec la réalisation de deux magasins de stockage à Tema et trois à Takoradi dont le but est d’offrir plus d’espace aux marchandises.

Toujours dans l’effort de développement du transit, il y a un programme de construction d’un parking moderne avec hébergement dans les deux ports.

Le représentant de la douane ghanéenne expliquera que les mesures de sécurité visent à protéger son pays et les pays partenaires. C’est ainsi que les conteneurs sont passés au scanner et ne sont déplombés que lorsqu’il y a contradiction entre les documents et le contenu réel.

Par contre, les Ghanéens n’ont pas été avares en reproches à l’endroit de la partie malienne. Selon eux, leurs chauffeurs hésitent désormais de venir au Mali à cause des tracasseries abusives de la police malienne.

Toute chose qui sera confirmée avant d’être regrettée par les opérateurs économiques qui font les frais de ces comportements peu conviviaux des forces de sécurité.

Au terme de la rencontre chacune des parties s’est déclarée satisfaite du déroulement avant de s’engager à faire de son mieux pour des relations commerciales mutuellement fructueuses et profitables.

Youssouf CAMARA

04 août 2005