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Une délégation malienne les a rejoints la semaine dernière, conduite par le ministre malien de l’Administration territoriale, Kafougouna Koné, et les discussions ont enfin avancé.

Si des points achoppent encore, la partie gouvernementale malienne ne faisant pas toujours la même lecture de l’Accord d’Alger que “l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement“, un début de calendrier d’application a été accepté par les deux parties, deux mois après la signature à Alger de l’ “Accord pour la Restauration de la paix, de la sécurité et du développement dans la Région de Kidal”.

D’ici la semaine prochaine, on devrait voir enfin un allègement du dispositif militaire sur la ville de Kidal, la mise en place du groupe technique de sécurité, le cantonnement des ex-insurgés avec le retour des armes, munitions et matériels enlevés le 23 mai, et avant la fin du mois de septembre l’installation du Conseil régional de coordination et de suivi, ainsi que la préparation du forum sur le développement de la Région de Kidal.

Après les accords de la honte, le retrait de la honte

On apprend, de source sûre, que l’armée malienne a commencé à plier bagage de Kidal. Ce retrait intervient justement après de fortes pressions exercées sur le gouvernement malien par les bandits armés de Teghargharet par l’intermédiaire du «facilitateur» algérien.

Ils accusaient notamment les autorités maliennes de se livrer à des atermoiements pour se réarmer en retardant l’application des clauses des accords d’Alger. Pour la circonstance, leur Iyad Ag Aghali, accompagné d’une forte délégation, s’était rendu la semaine dernière dans la capitale algérienne.

Et certainement pour calmer l’ardeur guerrière des bandits armés de l’Azawad, on apprend que le Général Kafougouna Koné, principal artisan de ces accords de la honte, vient de faire un détour à Alger.

Le résultat de son séjour est une catastrophe pour la nation malienne toute entière et un drame pour le peuple : la clique des Généraux qui nous gouvernent vient, tout simplement, de céder au chantage des rebelles. L’armée malienne va quitter Kidal qui sera livré au pillage de quelques hors-la-loi dignes du temps de Al Capone et de Lucky Luciano.

Parce qu’on devine déjà les intentions de ceux qui ont formé un gouvernement bis en République du Mali, sans compter les répercussions de cette mainmise sur les populations de la huitième région et sur les richesses du terroir. Car, n’en doutons pas, ils vont faire main basse sur tout ce qui bouge. Et les ressources du pétrole (s’il y en a) n’en parlons pas

Plus grave encore, l’arrêt du recrutement de 3 000 jeunes dans les corps habillés, une opération qui était en cours. Ainsi, pendant qu’on embauche au nord, on débauche au sud. D’où la grande inquiétude des jeunes ayant fait acte de candidature pour le recrutement militaire, qui sont en bonne position du reste ainsi que celle de leurs parents qui ne comprennent pas aujourd’hui cette soudaine suspension des opérations.

On n’a jamais vu une telle reculade de la part de dirigeants responsables. Et, justement, dès le début de la crise, ATT avait promis au peuple malien qu’il allait «agir avec fermeté, responsabilité et sens de la mesure». Mais à présent où est la responsabilité, où est la fermeté, où est le sens de la mesure ?

Le peuple malien assiste, impuissant, à la démission collective de ses principaux dirigeants qui sont en train de le plonger dans le chaos et la misère morale.Ils en porteront la lourde responsabilité devant l’histoire. En attendant, chaque jour que Dieu fait, les rebelles, dans leur stratégie de la surenchère, brandissent l’arme secrète de la politique de la chaise vide.

Ils ont réaffirmé au médiateur algérien leur volonté de retirer leurs représentants au sein du comité de suivi si jamais leurs nouvelles doléances ne sont pas prises en compte. C’est désormais chose faite mais le Mali perd, en même temps, sa souveraineté sur Kidal. Une partie du territoire national vient d’être bradée sous le prétexte fallacieux que ” la paix n’a pas de prix “. Mais, comme l’a dit l’autre, si la paix n’a pas de prix et la dignité alors ?

Chaque jour on tombe de Charybde en Scylla. Mais, pour ATT et Kafougouna, la roche Tarpéienne est tout près du Capitole.


Mamadou Lamine DOUMBIA

06 septembre 2006.