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Au Mali, le salaire reste un sujet tabou pour bien de travailleurs. Mais la Banque mondiale, qui a réalisé une étude sur le climat des investissements dans certains pays africains dont le nôtre, a réussi à interroger 1134 salariés sur leur revenu mensuel.

De cette enquête, il ressort l’ampleur des écarts/types, les variations de rémunération au sein d’une même catégorie d’emploi sont fortes. En outre, les différentiels de salaire sont très élevés entre types d’emplois.

Les employés qualifiés des entreprises manufacturières gagnent en moyenne près de 98 500 F CFA contre 84 000 F CFA dans le tourisme et 87 000 F CFA dans les transports. Un travailleur de production non qualifié dans le secteur manufacturier gagne ainsi environ 39 000 F CFA par mois alors qu’un manager a un revenu d’environ 250 000 F CFA.

Dans le secteur manufacturier, les salaires comptent pour environ 92 % de la rémunération totale, le reste étant composé d’allocations et de bonus. La composante bonus de productivité des rémunérations est très faible, moins de 1 % de la rémunération.

Ce chiffre est proche de la proportion observée en Ouganda (1,3 %), mais bien inférieur par exemple au Nigeria où de tels bonus comptent pour plus de 6 % de la rémunération ou en Erythrée (7 %) du total.
Les différentiels de salaires persistent aussi au niveau de la répartition par sexe des rémunérations.

Conforme au secteur public

En moyenne, dans le secteur manufacturier, les hommes perçoivent entre 31 et 63 % de plus que les femmes à position hiérarchique égale. On remarque également que dans les trois secteurs, les employés qualifiés femmes ont une rémunération supérieure à celle des hommes.

Ceci peut être expliqué par le fait que les femmes sont souvent victimes de « sous-catégorisation ». Par exemple une employée avec un poste de cadre niveau 1, sera catégorisé comme travailleur qualifié avec le plus haut échelon.

L’enquête souligne que la rémunération des travailleurs de production non qualifiés varie fortement selon les secteurs, la taille des firmes, leur localisation et leur orientation commerciale.

Ainsi, de forts différentiels de salaires, inter firmes persistent. Les données indiquent aussi que la rémunération des employés non qualifiés ne semble pas exagérément élevée au Mali.

Une explication communément avancée pour le niveau de rémunération constaté en zone CFA, et donc au Mali, est le fait que l’évolution globale des rémunérations réelles semble largement déterminée par celle des rémunérations dans le secteur public. Le niveau actuel de rémunération au Mali est lié au fonctionnement microéconomique du marché du travail.

L’étude révèle enfin que le cadre réglementaire au Mali demeure malgré tout assez lourd en matière de détermination des salaires.

Il repose d’une part sur l’existence d’un Smig qui est une borne minimale de rémunération, et d’autre part sur des conventions collectives professionnelles qui définissent les minima de rémunération par catégories d’emplois.

Ces paramètres font d’ailleurs l’objet de négociations entre le Patronat et les syndicats.

Ainsi, les rémunérations dans le secteur formel ont une limite inférieure découlant des conventions collectives, mais peuvent varier à la hausse au sein de chaque firme/secteur.

Sidiki Y. Dembélé

16 mars 2006.