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En politique, aucune recette n’a jamais servi deux fois. Cela est connu par tous les initiés de la chose. C’est ce qui explique peut être l’hésitation voire même le refus des leaders de l’opposition à répondre favorablement à l’appel du président de la République, M. Amadou Toumani Touré (ATT) à faire partie du futur gouvernement en gestation. Et pourtant cette position cadre mal avec les intérêts des cadres et militants qui veulent leur part de gâteau commun.

C’est pourquoi, dès l’annonce du Chef de l’État, des CV ont commencé à tomber sur la table des présidents de partis politiques. Peut-on affirmer que le consensus politique, initié par ATT de 2002 à 2007 est bel et bien terminé même si les leaders des partis politiques de l’opposition issus du RPM, du PARENA et du SADI ne voient pas cela de la même manière ?

En réaction à l’appel du président ATT, Djiguiba Keïta dit PPR, secrétaire général du PARENA affirme que leur formation politique n’a pas été consultée. El Hadj Ibrahim Boubacar Keïta du RPM se dit favorable au principe mais déplore la méthode “folklorique d’ATT”. Quand est-il du parti SADI du Dr. Oumar Mariko ?

L’équation du principe et de la méthode

Le récent appel du président de la République à l’adresse de l’opposition pour qu’elle rejoigne le gouvernement remanié continue de faire couler les salives. Cet appel d’ATT a surpris plus d’un observateur de la scène politique malienne. Selon nos informations, le Premier ministre et les membres du gouvernement ont appris la mauvaise nouvelle pour eux à travers les antennes de la télévision nationale.

En effet, le dimanche 28 mars 2010, ATT était l’invité d’une émission au cours de laquelle, il devait apporter des témoignages et éclaircissements sur les événements du 26 mars 1991 qui ont mis fin au régime de Moussa Traoré.
Les leaders de l’opposition à qui l’appel est adressé ont été également informés à leur tour à travers le petit écran alors qu’il existe des canaux (audience, tête-à-tête, séance de travail…) à cet effet.

Le président du Rassemblement Pour le Mali (RPM), l’Honorable Ibrahim Boubacar Keïta, lors d’une de ses tournées à Dioïla et Massigui dans la région de Koulikoro, a répondu à l’appel d’ATT en disant qu’il est favorable au principe de faire partie du futur gouvernement, mais il a ajouté que la méthode est folklorique. Que faut-il entendre par le mot folklore utilisé par IBK ?

Le secrétaire général du PARENA, M. Djiguiba Keïta dit PPR, contacté par nos soins sur la question de la participation de son parti au prochain gouvernement, nous a affirmé qu’ils n’ont pas été consultés. Et si ATT vous contactait ? Pour le moment, nous n’en sommes pas là, a-t-il ajouté.

Quant au Dr. Oumar Mariko, secrétaire général du Parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (SADI), nous n’avons pas pu être en contact avec lui, malgré nos tentatives. Sa femme Korotoumou Théra nous a finalement dit que l’Honorable Mariko est en réunion.

Mettre les partis politiques à équidistance

Jusque-là une tradition républicaine s’est installée au sommet de l’État dans un contexte de multipartisme. Puisque les partis politiques ont pour vocation la conquête et l’exercice du pouvoir, les présidents Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré ont pris l’habitude de consulter les leaders des partis politiques à chaque fois quand il s’est agi de former un gouvernement.

Depuis, la consultation des partis politiques est devenu un préalable à la formation d’un nouveau gouvernement. Il semble que le président de la République n’a pas pris en compte ce préalable dans son appel à l’opposition le 28 mars dernier à la télévision nationale. Sous l’effet de la surprise et tenant compte du préalable, IBK a qualifié de folklorique l’appel d’ATT. Le PARENA a tout simplement rappelé qu’il n’a pas été consulté.

Au-delà de ces considérations, ATT a affiché son intention de donner la chance, aux différents prétendants politiques à son fauteuil en 2012. Il appartient aux leaders de l’opposition de saisir la ball au rebond. Au cas contraire, le président de la République doit revoir ses cartes.

Le gouvernement Modibo Sidibé mis en place en octobre 2007 remanié en 2009 comprend 6 partis politiques à savoir l’ADEMA, l’URD, le CNID, le MPR, l’US-RDA, le Mouvement Citoyen. Au sein de la même équipe, on retrouve les technocrates qui ne sont pas affiliés du moins officiellement à un parti politique.

Daba Balla KEITA

09 Avril 2010.