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Le limogeage du ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Commerce, Mme Ba Fatoumata Nènè Sy, le vendredi 4 Avril 2008, n’est peut-être que le début d’un scénario tant annoncé par les observateurs politiques. En tout cas, lorsqu’on tient compte des causes de ce limogeage (incompétence, carence…), tout laisse croire qu’un autre, ou d’autres remaniements sont possibles. Après Mme Ba Fatoumata Nènè Sy donc, à qui le tour?…

Rappelons que le Chef de l’Etat Amadou Toumani Touré, investi en Juin 2007 pour un second mandat, a nommé Modibo Sidibé au poste de Premier ministre. Ce dernier, sur ordonnance du Décret n° 07383/PR du 3 Octobre 2007, et sur proposition du Président de la République, a formé son gouvernement composé de 26 ministres dont 7 femmes.

Auparavant, dans toutes ses interventions, le Président ATT n’avait cessé de déclarer que pour la formation du nouveau gouvernement, il aura besoin d’hommes et de femmes intègres, compétents et honnêtes, pour la bonne réalisation du Programme de Développement Economique et Social (PDES), un programme sur la base duquel il a été réélu, une base sur laquelle l’équipe de Modibo Sidibé a été formée.

On se rappelle également que pour la formation de ce nouveau gouvernement, les partis politiques devaient envoyer les CV (Curriculum Vitae) des ministrables. Toute chose qui n’a pas été sans conséquences. D’où la naissance de conflits au sein de certaines formations politiques.

Le cas qui a attiré l’attention de plus d’un, c’est celui où l’ex- ministre de l’Industrie et du Commerce, le président du MPR, Choguel Kokalla Maïga, qui avait remué ciel et terre pour pouvoir soit rester à son poste, soit occuper un autre portefeuille ministériel.

Aussi, pour paraître ministrable, beaucoup de candidats à la course avaient procédé à toutes sortes d’acrobaties, dont on peut citer principalement l’introduction de faux CV (Carrières de la Vie). Tandis que ceux qui occupaient déjà un poste ministériel procédaient à des opérations de charme en s’auto attribuant un bilan élogieux. Ce faisant, ils avaient tous oublié, sinon foulé aux pieds l’expression populaire : “L’homme qu’il faut à la place qu’il faut ”.

En effet, comme pour confirmer cette hypothèse, après six mois d’exercice, certains ministres ont étalé au grand jour leur incompétence à gérer le département dont ils ont la charge. Entre autres, sont cités Mme Diabaté Fatoumata Guindo, ministre chargé des Relations avec les Institutions et Porte-Parole du gouvernement, Mme Gakou Salimata Fofana, ministre du Logement, des Affaires Foncières et de l’Urbanisme, Ahmed Sow, ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau.

La désormais ex-ministre de l’Industrie et du Commerce, Mme Ba Fatoumata Nènè Sy, faisait partie du lot, qui vient d’ailleurs d’en payer le prix, puisqu’elle a été limogée et remplacée par un ingénieur polytechnicien de son état, M. Ahmadou Abdoulaye Diallo.

Ainsi, si les raisons de ce limogeage -à savoir l’introduction de faux CV, l’incompétence, la carence…, comme évoquées par certains- venaient à être confirmées, on est en droit de prédire, sans risque de se tromper, qu’un autre remaniement est possible. Il concernera surtout les ministres dont les compétences et la véracité du CV sont mis en cause.

Mais en attendant que tombe l’épée de Damoclès, c’est la panique à bord du “bateau gouvernemental” de Modibo Sidibé. Et chaque ministre, de s’interroger : A qui le tour de passer à la trappe? Aussi, ces derniers temps, les affaires des marabouts, féticheurs et autres charlatans marchent si bien qu’ils ont de quoi faire bouillir la marmite, et pendant longtemps, apprend-on.

D’ailleurs, un adage ne dit-il pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres? Cet adage est valable tant du côté de Mme Ba Fatoumata Nènè Sy et Ahmadou Abdoulaye Diallo -le tout nouveau ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Commerce- que de celui des ministres menacés de limogeage et leurs “voyants“.

Aussi, par rapport à un autre remaniement ministériel, une seule question brûle actuellement toutes les lèvres : va-t-il se réaliser dans l’immédiat? A cette question, seuls le Président de la République et le Premier ministre pourront répondre.


Moussa TOURE

15 avril 2008.