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La Commission Electorale Nationale Indépendante est une structure dont le maintien ou pas divise profondément les partis politiques. Ils ont chacun exprimer les raisons qui motivent leurs différents arguments au cours de la réunion de la Commission consultative chargée d’avaliser les propositions de la Commission technique.

La CENI a, certes, été proposée par la commission technique, mais le Ministre de l’Administration territoriale a voulu connaître l’avis des politiques sur la nécessité du maintien ou pas de la CENI. La question est-elle un piège de l’Administration en direction des partis politiques où vice versa ? s’est interrogé le représentant d’un parti politique. Tentant de rassurer ce dernier, le Ministre a expliqué que la question n’est ni un piège de l’Administration encore moins des partis politiques.

Elle rentre tout simplement dans un souci de clarification des textes pour qui connaît l’histoire de la CENI au Mali. Car selon Kafougouna Koné, depuis l’expérience malheureuse des élections de 1997 organisées par la CENI, le maintien ou non de cette structure a toujours fait l’objet d’un débat pendant les différentes phases de relecture qui ont précédé cette relecture.

Mais à en juger par l’intérêt qu’a suscité cette question auprès des responsables politiques, on serait tenter de dire que la commission technique a pêché en ignorant la question dans ses propositions. Au cours des débats plusieurs personnes ont pris la parole pour donner leur point de vue et les arguments qui motivent cet avis.

A en croire les partisans du maintien, parmi lesquels le Cnid, le Bdia, la CENI doit être maintenue et renforcée malgré les insuffisances constatées çà et là. Pour eux le peuple malien a payé le prix fort pour avoir la démocratie qu’il est justement en train de construire. Et la CENI, qui est un acquis de cette démocratie, un élément fondamental dans la construction de cette démocratie.

C’est pourquoi, ils proposent de la maintenir contre vents et marrées. Ce maintien suppose une rédéfinition du rôle de la CENI, le renforcement de ses pouvoirs car certains d’entre eux se posent même la question souvent de savoir ce que fait exactement la structure. Ils pensent que le maintien de la CENI est une certaine garantie face à une administration qui montre encore des signes de faiblesses dans sa gestion des opérations électorales.

Quant aux partis qui réclament la suppression de la CENI, ils se repartissent en modéré, c’est-à-dire ceux qui posent des nouvelles exigences dont le non respect aboutit à la suppression, et les radicaux qui exigent purement et simplement la suppression de la CENI.

Les modérés, parmi lesquels les partis de l’Ard, sont favorables à la suppression de la CENI dans sa forme actuelle. Pour Me Hassan Barry qui a pris la parole au nom de ce regroupement, la CENI doit disparaître à cause de son coût, elle est devenu budgétivore. Le comportement de ses membres reste à désiré car, estime-t-il, une fois un militant envoyé à la CENI, il ne se préoccupe plus des intérêts du parti, mais de son intérêt personnel.

Les partis n’ont aucun pouvoir de sanction contre leur représentant au sein de la Commission Electorale Nationale Indépendante. Mieux, depuis l’institution de la CENI, aucune voix n’a été supprimée sur la base d’un rapport de la CENI. Alors, défend fermement Hassan Barry, si la CENI doit exister, il faut la reprendre sous une nouvelle forme en corrigeant toutes les lacunes.

Les radicaux (PSP, FAMA) iront plus loin en demandant tout simplement la suppression de la CENI qu’ils jugent inutile dans le contexte actuel. Ils avancent presque les mêmes raisons que les modérés, mais ils exigent quant à eux la suppression tout court de la CENI.

En attendant la solution définitive, la commission technique de relecture de la loi électorale a fait de nouvelles propositions sur la composition de la CENI qui demeure 15 membres désignés dans la loi actuelle par les partis politiques (10), le syndicat autonome de la magistrature (01), le Conseil de l’ordre des avocats (01), les confessions religieuses (01), les associations de défense des droits de l’homme (01) et la Cafo (01).

La commission technique a proposé de supprimer les postes du syndicat de la magistrature et la Cafo. Le premier se retrouve dans le Comité consultatif des droits de l’homme qui aura une place, et la seconde dans les associations et organisations féminines qui se retrouvent avec deux représentants à la CENI.

Les partis gardent leurs dix représentants et le Conseil national de la Société civile fera son entrée dans la CENI avec un seul représentant, au même titre que les confessions religieuses.

Idrissa Maïga – 1er Mars 2005