La constitution du 25 février 1992, fondatrice de la III ème République du Mali est claire et précise sur la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Si sur le papier ces trois pouvoirs sont indépendants, dans la pratique, on assiste à des crocs en jambes entre le judiciaire et l’exécutif d’autre part.
A la faveur de l’ouverture de la session ordinaire du mois d’octobre le lundi dernier, le président de l’Assemblée Nationale, le Pr. Dioncounda Traoré a mis en garde le gouvernement par rapport à l’exécution du collectif budgétaire. Il faut rappeler à cet effet que le gouvernement, sous l’impulsion du Premier ministre Modibo Sidibé, a procédé à une coupe budgétaire des institutions de la République dont l’Assemblée Nationale pour financer son initiative riz au titre de la campagne agricole 2008-2009.
Le budjet du parlement amputé
Le budget du parlement a été amputé de plus d’un milliard 600 millions de FCFA au profit de l’initiative riz. L’Assemblée Nationale qui n’a pas été consultée au préalable, a dénoncé l’attitude du gouvernement. “Sur avis de la Commission Finances, j’ai crée au sein du parlement une cellule d’appui dénommée Unité d’Analyse de Constrôle et d’Evaluation du Budget d’Etat, avec pour mission d’apporter à l’Assemblée Nationale à travers la commission Finances, un appui en vue de renforcer les capacités techniques du parlement en la matière. L’Assemblée Nationale du Mali entend jouer son rôle dans la plénitude de ses prérogatives”, a affirmé Dioncounda Traoré.
La diplomatie parlementaire en marche
Pour rehausser l’éclat de la cérémonie d’ouverture de sa 3ème session ordinaire de la 4ème législature, l’Assemblée Nationale du Mali, sur initiative de son président Dioncounda Traoré, a invité des parlementaires africains à Bamako. Ont répondu à l’invitation les délégations des parlements du Bénin, du Cameroun, de la République Démocratique du Congo et du Togo.
Ces délégations étaient conduites respectivement par le Pr. Mathurin Coffi Nago, président de l’Assemblée Nationale du Bénin, Djibril Yeguie Cavaye, président de l’Assemblée Nationale du Cameroun, Vital Kamérhé, président de l’Assemblée Nationale de la République Démocratique du Congo et Mme Massara Djobo Ouro-Bang’na, 2ème vice-présidente de l’Assemblée Nationale du Togo.
Chacun de ces chefs de délégation a livré un message devant l’Assemblée Nationale du Mali. L’ouverture de la cérémonie a été retransmise en direct sur les antennes de la télévision et de la radio nationale du Mali. Parmi les adresses des chefs de délégation, celle de vital Kamérhé a le plus séduit l’auditoire.
Le président de l’Assemblée Nationale de la République Démocratique du Congo, en bon panafricaniste, a démontré qu’il est l’un des fils spirituels de Patrice Lumumba. Il s’est exprimé en ces termes : “Mais, hélas, dans certaines localités, la pluie excessive a causé d’importants dégâts. Nous déplorons ainsi des sinistres, notamment à Diangounté Camara, où malheureusement il y a eu pertes en vies humaines, à Lambidou, Fatao, Béma, Tomodo, Koprokegnepein.
Je voudrais avoir une pensée émue pour les habitants de ces zones et les assurer de la solidarité de l’Assemblée nationale du Mali. Je voudrais saluer les députés des dites localités. Car je sais que, toutes sensibilités confondues, ils n’ont ménagé aucun effort pour soulager les populations sinistrées”.
Dioncounda prêche le consensus
Le président Dioncounda a invité ses collègues de l’Assemblée nationale pour la rendre encore plus en adéquation avec les réalités politiques actuelles du pays, en tout cas à trouver les voies et moyens d’un arrangement institutionnel interne, conduisant à un consensus fort dans cette optique.
Il serait souhaitable selon Dioncounda Traoré
Primo : Que les députés oeuvrent à conférer une certaine stabilité dans les directions des différentes instances (Bureau de l’Assemblée, bureaux des commissions, etc), aboutissant à une capitalisation des expériences acquises, et évitant d’avoir continuellement à remettre l’ouvrage sur le métier ;
Secondo : Qu’ils arrivent à conforter le débat démocratique au sein de l’Hémicycle, par une distribution des temps de parole permettant une plus grande expression de l’opposition, tout en restant bien entendu dans un cadre respectant le fait majoritaire. Celui-ci constitue en effet le socle fondamental de la démocratie.
Il serait enfin souhaitable de revoir les modalités pratiques d’organisation des interpellations du gouvernement, ainsi que celles des questions orales, afin de les rendre plus efficaces et conformes à la Constitution du Mali.
A la fin de la cérémonie aux environs de 19 heures, le Premier ministre Modibo Sidibé a précipitamment quitté les locaux de l’Assemblée Nationale sans autres formes de procès. Est-ce c’est la preuve que la méfiance s’est installée entre l’exécutif et le législatif ?
Daba Balla KEITA
08 Octobre 2008