La réunion ministérielle de Bamako marque un nouveau tournant
La réunion ministérielle Union Européenne-Union Africaine en format “Troïka” qui s’est tenue à Bamako, les 1er et 2 décembre 2003, a comblé toutes les attentes des deux parties. C’est du moins ce qui ressort de la Conférence de presse organisée à l’issue de cette rencontre à l’hôtel Plaza. Initiées en avril 200 à l’occasion du Sommet de Caire, les relations entre l’Union Européenne et l’Afrique se sont développées au cours des dernières années. La naissance de l’Union Africaine et du NEPAD, le renforcement du rôle des communautés économiques régionales ont changé les relations entre l’UE et l’Afrique dont les discussions s’articulent principalement autour des thèmes prioritaires tels que la paix et la sécurité, la gestion des affaires publiques, l’intégration et le commerce, les grandes questions de développement, etc.
Pour rendre effectif le dialogue politique entre l’Union-Européenne et l’Union- Africain et assurer un suivi, trois mécanismes ont été introduits. Il s’agit des sommets des Chefs d’Etat et de gouvernement, les réunions ministérielles et les réunions birégionales au niveau des hauts fonctionnaires. Dans le cadre d’une Troïka, chaque partie est représentée par sa présidence actuelle, sa présidence future et le Président de sa commission respective.
Après le recul provoqué par l’annulation du Sommet Union Européenne-Afrique de Lisbonne, le dialogue entre Européens et Africains a été relancé avec succès avec la première réunion officielle de la Troïka ministérielle qui s’est tenue à Rome en Novembre 2003.
Depuis, les Troika ministérielles de l’Union-Européenne et l’Union Africaine se tiennent régulièrement deux fois par an, alternativement en Europe et en Afrique. C’est fort de ce partenariat entre communautés, que la Commission de l’Union Européenne a adopté le 12 octobre 2005 une Stratégie d’aide à l’Afrique appelée la “Stratégie de l’UE pour l’Afrique.”
Ce plan renforce les relations entre l’UE et l’Afrique en proposant un “partenariat stratégique” pour la sécurité et le développement. La stratégie fait suite aux décisions prises par le Conseil européen en juin 2005, d’accroître et d’améliorer l’aide au développement, d’accélérer sa mise en oeuvre et de cibler l’aide en particulier sur l’Afrique.
Elle s’articule autour d’un certain nombre d’exigences clés pour assurer le développement durable,tels que la paix et la sécurité, une gouvernance judicieuse et efficace, le commerce, l’interconnectivité, la cohésion sociale et la viabilité écologique.
En outre, elle réaffirme l’engagement pris par l’UE d’accroître son aide à l’Afrique et de renforcer son efficacité. C’est justement dans le cadre de ce processus de renforcement de l’efficacité de l’Afrique à faire face à ses besoins que se situe la Troïka ministérielle de Bamako (tenue les 1er et 2 décembre 2005).
La Troika africaine était dirigée par le ministre nigérian des Affaires Etrangères, M. Oluyemi Adenyi, représentant le président de l’Union-Africaine. Du côté Européen, les débats étaient dirigés par Lord Triesman David, Ministre britannique chargé des affaires africaines.
Les deux parties ont reconnu les efforts déployés ces derniers temps dans le cadre de la revitalisation et de la redynamisation des relations UE-Afrique. Elles se sont en outre engagées à privilégier ce cadre de concertation pour plus de dialogue et de partage afin de dégager un schéma de vue générale pour le raffermissement des liens UE-Afrique et de débattre d’autres questions lors de la prochaine Troika ministérielle qui doit se tenir les 17 et 28 avril 2006 à Vienne.
La rencontre de Bamako est revenue sur les grands dossiers de l’heure tels que les conflits en Afrique et l’instauration de la paix sur le continent. Du conflit Darfour en passant, la crise ivoirienne aux problèmes somaliens jusqu’aux régions des grands lacs, tous ont été passés au peigne fin sans oublier l’Ethiopie et l’Erythrée.
Comment promouvoir la paix et prévenir les conflits? Les deux parties continuent de s’y pencher même si le mécanisme d’évaluation par les pairs constitue à leurs yeux une opportunité qu’il faut saisir.
Le terrorisme, il en a été question. L’opérationnalisation du Centre Africain d’Etude et de Recherche sur le Terrorisme est une mesure préconisée et un maillon essentiel dans le cadre de cette lutte en Afrique. La gouvernance : l’observation des élections, la lutte contre la corruption et toute autre forme de délinquance financière sont entre autres questions qui étaient au coeur de la rencontre de Bamako.
L’intégration sous-régionale, le commerce international dont les négociations de DOHA, la prochaine réunion ministérielle de l’OMC à Hong-Kong, la lutte contre les maladies invalidantes en Afrique (VIH, tuberculose, paludisme…), tout ont été analysés par la Troïka ministérielle de Bamako à l’issue de laquelle, africains et européens ont dégagé des canevas de travail, qui seront renforcés lors des prochaines réunions, en vue d’amorcer le développement en Afrique.
Adama S DIALLO
06 décembre 2005.