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Jeudi 23 juin 2005, nous avons pris place à bord d’un car en partance pour Sikasso. A dix neuf heures, au moment où le véhicule allait démarrer, deux éléments des forces de sécurité embarquèrent pour occuper des sièges bien précis. Convenablement armés, l’un s’installa à l’avant du véhicule à côté du chauffeur, l’autre, au milieu, tout juste, après la portière qui donne accès à cette partie du car.

Le responsable de la compagnie nous a rassuré : «ce sont des éléments d’escorte. Depuis quelques mois, nous ne prenons plus le risque de lancer nos cars sur les routes à une heure avancée de la nuit sans certaines précautions de sécurité».

Selon lui, la situation était devenue intenable. Il ne se passait plus de semaine sans que des bandits n’interceptent des cars et des camions de marchandises pour délester les passagers de leurs biens. «Pour éviter ces tristes événements, en collaboration avec les autorités chargées de la sécurité du pays, nous avons mis un dispositif en place» a-t-il révélé.

Longtemps exposée au phénomène des coupeurs de routes, la région de Sikasso a décidé de prendre le taureau par les cornes pour bouter ces bandits d’une autre époque en dehors du pays.

Désormais, aucun véhicule ne peut quitter une grande ville de la région sans des éléments d’escorte. Mieux, les conducteurs ont tellement pris conscience du danger qu’ils acceptent de se regrouper pour faire le chemin ensemble.

Sur toutes l’étendue de la région, le système est organisé de telle sorte que les convois démarrent tous les soirs à vingt deux heures, sous une escorte des éléments chargés de la sécurité.

Des usagers qui ont souhaité garder l’anonymat, saluent le dispositif mis en place même s’ils regrettent quelques désagréments liés aux contraintes de temps.

Recrudescence de l’insécurité

Sans accuser qui que ce soit, tous nos interlocuteurs sont unanimes pour dire que le phénomène des coupeurs de routes a pris de l’ampleur depuis le déclenchement de la crise politico-militaire en côte d’Ivoire. «On a toujours eu des attaques sporadiques comme partout au Mali. Mais, les attaques ont pris l’allure d’un fléau avec la crise qui sévit au Sud de notre région» précise un commerçant de Sikasso, habitué des routes de la région.

A.B, fonctionnaire à Sikasso a indiqué qu’à la faveur de la crise en côte d’Ivoire, les prisons ivoiriennes, surtout celles du Nord du pays ont été vidées de leurs locataires. Selon lui, c’est cette pègre de la sous région qui a reflué sur le Mali et sème la terreur sur les routes de la région de Sikasso.

Il a cependant salué le dispositif sécuritaire mis en place et le résultat déjà obtenu. «Pour couper désormais une route dans la région de Sikasso, les bandits vont réfléchir par deux fois, tant l’opération serait suiccidaire avec le dispositif mis en place» a-t-il déclaré.

Assane Koné

29 juin 2005