Le sentier de restauration dont le coût avoisine près de 70 millions de Fcfa sur l’ensemble du bâtiment a commencé en novembre 2004.
Les travaux, placés sous la supervision de Gisèle Taxil, spécialisée en architecture de terre, comprennent l’enlèvement du revêtement en ciment sur l’ensemble de l’édifice, la réfection de la toiture, la restauration de la maçonnerie en terre et la pose des enduits traditionnels afin de restituer à l’édifice son lustre d’antan.
Le chantier d’une trentaine de personnes se déroule en coordination technique avec la Direction Nationale du Patrimoine Culturel, les autorités municipales et religieuses de la ville de Mopti.
Réalisée dans le style architectural soudanais et présentant des analogies évidentes avec celle de Djenné, la grande mosquée de Mopti est une structure imposante, entourée par un haut mur en terre battue.
Sa composition générale est basée sur un plan rectangulaire dont la symétrie est rigoureuse. Avec un mât de 17 mètres de haut, la partie extérieure du bâtiment est une composante verticale rehaussée par des piliers semi encastrés, placés très près les uns des autres et couverts par de hauts pinacles. Les deux façades principales symétriques présentent un minaret central en pointe et deux tours, placées sur les côtés.
L’espace intérieur est constitué par une grande salle surmontée d’une terrasse plate soutenue par plusieurs rangées de piliers rectangulaires massifs et couvrant une superficie d’environ 360 m2.
Le bois de rônier est utilisé sur tout le toit, les fenêtres et les torons qui servent d’échafaudage lors des travaux de crépissage. Les torons ont également une fonction esthétique.
Les matériaux de construction et les techniques originales prévoyaient l’utilisation du banco pour les briques, le mortier et les enduits. L’entretien des enduits conduit, à renouveler chaque année le crépis, le banco qui est un mélange de terre et de patte de riz.
Cet entretien régulier assuré par l’ensemble de la communauté se traduit par une augmentation de l’épaisseur des murs extérieurs et les formes plus arrondies qu’ils ont prises au fur des années.
En 1978, l’enduit de banco des parties supérieures a été pour la première fois détaché et remplacé par un revêtement en ciment.
Cette intervention qui visait à réhabiliter voire supprimer les entretiens réguliers a altéré l’esthétique du monument et contribué fortement à sa dégradation.
Au regard de son importance à la fois historique, architectural et culturelle, la grande mosquée de la Venise malienne a été retenue par le Trust Aga Khan de la Culture dans le cadre du projet de réhabilitation de l’architecture traditionnelle au Mali.
Le 14 octobre 2004, le monument a été inscrit à l’inventaire par le Ministère de la Culture. » Après la fin définitive des travaux, il faudrait que l’entretien annuel soit le souci principal des autorités religieuses de Mopti.
L’enduit est une couche d’usure, donc il faut l’entretenir au mieux « , confie, l’architecte Gisèle Taxil, qui dit avoir travaillé dans de très bonnes conditions dans une ville qu’elle a bien aimée.
Prenant l’engagement de veiller à l’entretien de la bâtisse, Ibrahima Touré du Comité de gestion de la mosquée a remercié le réseau Aga Khan pour avoir pris entièrement en charge les travaux de réfection de l’édifice de culte.
Sory Ibrahima GUINDO
03 août 2005