En décembre dernier, face à la résistance de certains paysans soutenus des hommes politiques en l’occurrence, le Docteur Oumar Mariko du SADI, le Premier ministre, chef du gouvernement Ousmane Issoufi Maïga avait fini par capituler en ce qui concerne le paiement de la redevance eau en zone Office du Niger.
Après une déclaration martiale portant sur le paiement obligatoire de cette redevance et au temps indiqué dans le cahier de charges, il s’est rétracté en forçant la main à la direction de l’Office du Niger de revenir sur sa décision d’éviction et de faire un troisième report d’échéance. Ainsi, il avait ordonné trois mesures que la direction de l’ON devait appliquer vaille que vaille.
Premièrement, la réinstallation sur leurs anciennes parcelles de tous les évincés qui avaient payé une partie de leur redevance eau avant le 30 juin 2004 et qui doivent s’acquitter du reliquat, au plus tard le 31 mars 2005.
Deuxièmement, le PM avait également demandé à l’Office du Niger la réinstallation des déguerpis, c’est-à-dire ceux qui avaient bénéficié des champs des paysans frappés par les mesures d’éviction, sur d’autres parcelles aménagées et troisièmement, l’examen des dossiers des paysans qui n’avaient rien payé avant le 30 juin 2004 et qui comptent payer avant le 31 mars 2005 pour bénéficier d’autres champs.
En terme clair, pour Pinochet, les paysans qui avaient été expulsés de leurs champs pour non paiement de la redevance eau les retrouvent au prix d’une simple promesse de s’acquitter de leurs arriérés au plus tard le 31 mars 2005, considérée comme date butoir après deux reports successifs.
A quelques jours de l’expiration de cette date, soit le 25 mars dernier, la direction de l’Office du Niger a élaboré un tableau panoramique des solutions apportées aux recommandations concernant les nouvelles décisions relatives aux évictions des exploitants agricoles pendant la campagne agricole 2003-2004.
Ainsi, concernant le premier cas, la réinstallation sur leurs anciennes parcelles de tous les évincés qui avaient payé une partie de leur redevance avant le 30 juin 2004 et qui s’acquitteraient du reliquat au plus tard le 31mars 2005, sur 611 exploitants agricoles pour 1 601 hectares, 484 exploitants ont payé le reliquat pour une superficie de 1 330 hectares, soit un taux de réalisation de 86%.
S’agissant du deuxième cas, la réinstallation des bénéficiaires des parcelles ayant fait l’objet de retrait suite au paiement partiel de la redevance sur d’autre parcelles aménagées, il est prévu la réalisation des travaux d’aménagement de 352, 9 ha dans le casier de Koumouna dont la convention de maîtrise d’ouvrage a été déjà signée avec l’AGETIER, le lancement des travaux d’aménagement de 60 ha dans le casier de Molodo, l’aménagement de 3 160 ha dans le casier de Ké Macina et enfin, le périmètre de Kogoni Peulh pour 125 ha a été déjà aménagé et même réceptionné.
En ce qui concerne, le troisième et dernier cas portant sur l’examen des dossiers de ceux qui n’avaient rien payé avant le 30 juin 2004 et qui s’acquitteraient de la totalité de leur redevance au plus tard le 31 mars 2005 en vue de leur installation sur d’autres terres en fonction des disponibilités, sur 1 489 exploitants agricoles seulement 422 pour une superficie de 578 ha ont totalement payé soit 33% de réalisation. Ainsi, leurs dossiers d’installation sur d’autres terres disponibles seront examinés quand, ils feront la demande.
Au regard de ce tableau, il ressort qu’il y a des « bons mauvais payeurs » et des « mauvais mauvais payeurs », l’ensemble des paysans concernés par la mesure d’éviction étant des mauvais payeurs.
Parmi les « bons mauvais payeurs », il y a les paysans qui ont été installés sur leurs anciennes parcelles après avoir acquitté leur reliquat à la date butoir indiquée. Et les « mauvais mauvais payeurs » sont ceux qui n’avaient rien payé et qui devaient s’acquitter de la totalité de leur redevance au plus tard le 31 mars dernier.
Ainsi, pour la campagne 2004-2005, à la date du 25 mars 2005, sur la somme de 4 125 450 075 de FCFA à recouvrer, 2 539 355 135 de FCFA l’ont été. Ce qui fait un taux de recouvrement de 61,55% contre 90,83% pour la campagne de 2003-2004.
La contre performance dans le recouvrement de la redevance eau est due au laxisme de l’Etat, singulièrement du chef du gouvernement Ousmane Issoufi Maïga qui souffle le chaud et le froid en même temps en ce qui concerne la délicate et sensible question de la redevance eau dont dépend l’avenir de l’Office du Niger.
Si l’Etat et principalement le Président de la République Amadou Toumani Touré veut que l’Office du Niger soit le grenier de l’Afrique, il va falloir que la question de la redevance eau qui représente plus de 70% des fonds de l’ON, soit réglée une fois pour toute.
Et pour cela, il faut que des mesures courageuses soient appliquées à tous les paysans et investisseurs privés nationaux et internationaux.
Sur la question, il parait, selon des sources bien informées, que le Premier ministre s’apprête à animer une conférence de presse ici à Bamako.
Alassane DIARRA
10 mai 2005