Si réconciliation il doit avoir entre le bourreau et la victime (peuple), le premier doit reconnaître son tort et le second accepter de se réconcilier.
La célébration des 50 ans du Mali indépendant est placée sous le signe de la réconciliation nationale. Ce qui sous-entend le pardon mutuel entre les fils du pays. De ce fait, tout avait été concocté par le régime ATT pour réhabiliter l’ancien président dictateur Moussa Traoré.
Les tentatives de l’inviter à la loge officielle lors des festivités officielles du cinquantenaire, l’interview qu’il a accordée au DG de l’ORTM avant de demander plus tard sa non-publication sont passées par là. Il a fallu l’intervention des personnes de bonne volonté dont le président Alpha Oumar Konaré pour dissuader ATT dans son initiative personnelle de faire venir Moussa à la tribune le 22 septembre 2010.
Si ce qui avait été annoncé et avait eu lieu, nul doute que la réaction des démocrates et des patriotes convaincus n’allait pas se faire attendre. Lundi, à la faveur du 20e anniversaire du Cnid/Association née dans une villa à Faladié un certain 18 octobre 1990, le président d’honneur de l’Association et non moins président du Cnid, Me Mountaga Tall, est revenu sur la question de la réconciliation nationale.
A l’entendre, le Cnid fait partie de ceux qui ont prôné la réconciliation nationale. Ce qui ne signifie pas pour autant, pour Me Tall, oubli et relâchement. Interrogé s’il pardonne ou pas à Moussa Traoré, le président d’honneur du Cnid/Association a été on ne peut plus clair : « Nous sommes pour la réconciliation mais encore faudrait-il qu’elle se passe dans des règles de l’art. Non pas par des petites traverses ».
Indiscutablement, Me Tall comme des milliers de Maliens porte encore en mémoire les traumatismes vécus sous le régime du parti unique. En essayant de décoder les propos du patron du Cnid, l’on peut dire que si réconciliation il doit avoir entre le bourreau et la victime, il faudrait que le premier reconnaisse ouvertement son tort et la victime, le peuple, accepte de se réconcilier.
Pour tout dire, ce n’est pas au Mouvement démocratique de courir après Moussa au nom d’une quelconque réconciliation nationale, mais plutôt l’inverse. Si ceux qui ont mené le combat démocratique le font, ce sera non seulement une remise en cause des mouvements de mars 1991 mais aussi une façon de cautionner les errements de celui qui avait été condamné à la peine capitale lors des procès des crimes de sang et économiques.
Mohamed Daou
22 Octobre 2010.