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C’est certain qu’avec le procès opposant Amadou Djicoroni, d’une part et Tiécoro Diakité et les Héritiers de Faran Samaké, d’autre part, le président de la République, Amadou Toumani Touré vient de recevoir un grand coup. Nul besoin de dire que le chef de l’Etat a tenté de relever le défi de la réconciliation nationale, à travers les régimes, les partis politiques ou tout simplement des personnalités emblématiques de notre pays. Il avait, pour cela, commencé par initier un consensus politique qui a volé en éclats, en commençant par l’Assemblée nationale.

L’on se rappelle de la déclaration de feu Kadari Bamba, lors d’un point de presse, à l’hémicycle, quand il annonçait que ‘’ le Rassemblement pour le Mali fait partie de l’opposition parlementaire. ‘’ Ce qui valut d’ailleurs au Rpm d’être considéré comme le parti à combattre par le pouvoir. En fait, pour les observateurs, ce résultat a été atteint puisque le RPM a été affaibli. De 46 députés à l’Assemblée nationale, il s’est retrouvé avec 11 élus dont un seul, en l’occurrence, le président du parti, Ibrahim Boubacar Kéita a été réélu. ATT a essayé de recoudre, en vain, les tissus déchirés de l’US-RDA et du PSP.

De même, il a fait des tentatives de réconciliation entre l’US-RDA et le PIDS dirigé par Daba Diawara, président du Comité d’appui aux réformes institutionnelles (CARI). Il faut rappeler que les militants de ces deux partis politiques ont mené un rude combat judiciaire pour l’appropriation du sigle du parti. Ensuite, il a été très difficile de les regrouper au sein de la même famille politique. Les négociations dans ce sens, nous a-t-on dit, continuent.

Récemment, juste avant l’anniversaire de l’indépendance de notre pays, des rumeurs persistantes ont couru disant que le président de la République aurait invité l’ancien président de la République, Moussa Traoré, à la tribune du défilé du 22 septembre. C’est pourquoi, les réactions n’avaient pas tardé à fuser, aussi bien de la part des associations démocratiques que des hommes politiques, pour dénoncer cette initiative jugée inopportune.

A l’occasion, la visite de l’ancien président Alpha Oumar Konaré à Koulouba a fait dire à plusieurs observateurs que c’était dans l’objectif de faire changer d’avis le président ATT. Ce procès en diffamation contre Amadou Djicoroni réveille donc les rancoeurs du passé, du moins, du côté des partisans de Modibo Kéita. Pourtant, mardi dernier, au tribunal de la commune III, l’un des plaignants, Tiécoro Diakité, nous avait confié que les Héritiers de Faran Samaké disent tout haut que Modibo Kéita était le président de tous les Maliens.

Du coup, ce procès remet sur la place publique l’idée de la réhabilitation ou non de l’ancien président Moussa Traoré. C’est donc un gros risque à encourir pour les défenseurs de la réconciliation nationale entre la deuxième République et le mouvement démocratique issu du 26 mars dont certains ont déjà déclaré leur candidature pour l’élection présidentielle de 2012. Le président de la République, Amadou Toumani Touré, peut donc se faire des désillusions sur la réconciliation nationale.

Pourtant, des acquis, même s’ils ne sont tous des oeuvres du chef de l’Etat, ont été engrangés. C’est à ce titre qu’il faut rappeler que l’US-RDA a fusionné avec le BDIA Faso Jigui. L’animosité qui a succédé aux déchirures de l’Adéma-PASJ, entre le RPM, l’URD et la Ruche s’est estompée. Aujourd’hui, on parle plutôt de retrouvailles de la grande famille des Abeilles. Malgré tout, le procès opposant Tiécoro Diakité et les Héritiers de Faran Samaké à Amadou Seydou Traoré dit Djicoroni, s’il se poursuit, risque d’ouvrir d’anciennes plaies. Du coup il affectera sûrement le président de la République, Amadou Toumani Touré, qui tient à terminer son dernier mandat, dans un pays réconcilié avec lui-même.

Baba Dembélé

04 Novembre 2010.