Un atelier de validation du rapport de la recherche sur les partis politiques au Mali a regroupé plus d’une soixantaine de responsables et représentants de formations politiques toutes tendances confondues.
La recherche a porté sur un échantillon de 5 partis politiques (Adéma, RPM, URD, US-RDA, Pecsam), c’est-à-dire 4 partis plus représentatifs de l’échiquier politique et un (Pecsam) qui se réclame de l’opposition extraparlementaire et ne disposant d’aucun représentant dans les institutions de la République.
Selon les conclusions de l’équipe de recherche, la démocratie pose de nouveaux problèmes et défis communs aux pays africains.
« Des crises plus ou moins violentes ont fait surgir des embûches périlleuses sur leur chemin les poussant jusqu’à s’interroger sur la pertinence des choix des modèles démocratiques parfois imposées… Des guerres civiles consécutives aux nouveaux enjeux de pouvoir menacent la survie de certains pays et déstabilisent la sous-région. Les élections, à chaque fois, créent des angoisses en raison des comportements des acteurs politiques. Les populations préoccupées par des questions de survie quotidienne, semblent ignorer le jeu politique laissant le champ libre à des politiciens plus ou moins avides de pouvoir et de puissance et à des élites coupées des réalités du terrain. Les faibles taux de participation aux élections semblent délégitimer les processus démocratiques en cours ».
Autant de questions importantes sur lesquelles il convient de réfléchir sans complaisance et en toute lucidité si l’on veut donner une nouvelle chance à la démocratie en Afrique suggère le rapport.
Aussi au cours des débats, les responsables et représentants des formations politiques se sont-ils de nouveau appesantis sur les maux qui minent la classe politique malienne qui, du reste, on observe ailleurs en Afrique, a expliqué Pr. Augustin Loada, directeur du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) au Burkina Faso.
Il s’agit, entre autres, du régime juridique des partis politiques, de leur fonctionnement et de leur financement, de la gestion des conflits internes, de la désignation de candidats aux élections, de l’intégration du genre, de la culture du dialogue entre partis politiques et aussi du changement du comportement de l’homme politique, etc.
Au terme de l’atelier, les responsables des partis politiques, comme le souligne le rapport dans sa conclusion, ont estimé que malgré les avancées palpables enregistrées, la démocratie malienne marque le pas.
Ainsi au moment où nos voisins (Sénégal, Burkina Faso et Bénin) enregistrent des taux de participation aux élections de plus de 50 %, celui du Mali atteint à peine les 40 %.
Alors que le Sénégal semble trouver une réponse au « nomadisme politique » en inscrivant dans sa Constitution la perte de mandat pour tout député ayant décidé de rejoindre les rangs d’un autre parti sous les couleurs desquelles il n’a pas été élu, notre pays peine à prendre une telle décision courageuse.
La liste des exemples n’est pas exhaustive et il s’agit de recettes qu’il faudrait expérimenter.
Tout en se félicitant du travail de l’équipe de recherche, les participants ont apporté des contributions et ont fait des propositions susceptibles d’améliorer le document.
Ils ont particulièrement recommandé à l’Institut pour la démocratie et l’assistance électorale (Idea), un des organisateurs de l’atelier, un appui pour la tenue régulière de rencontres sur le dialogue entre partis politiques maliens.
De telles recherches similaires sur les partis politiques ont été menées au Sénégal, Burkina Faso, Bénin, Nigeria et au Ghana.
Denis Koné
16 janvier 2006.