Le Tribunal correctionnel de la Commune lll , présidé par Hamidou Banhary Maïga et avec sur le banc du ministère public, le procureur Sombé Théra a, au cours de son audience du mardi 4 mai, condamné à douze mois de prison ferme l’ex-régisseur de la prison de Ségou pour complicité dans l’évasion d’Ismaïl Haïdara.
Exilé depuis en Allemagne, Ismail Haidara est un codétenu de l’ex-PSG de la BHM SA, Mamadou Baba Diawara. Tous deux avaient été arrêtés dans le cadre de l’affaire des exonérations où Ismail Haidara avait, en ce qui le concerne, été condamné à 15 années de réclusion criminelle pour atteinte au bien public.
L’ex-régisseur, qui avait été placé sous mandat de dépôt le 16 juillet 2009 et qui vient d’être reconnu coupable des faits à lui reprochés, a encore quelques mois à passer en prison avant de purger sa peine.
Après la lecture de l’arrêt de renvoi par le greffier, le président donna la parole au ministère public dont le siège était occupé par le Procureur Sombé Théra. Ce dernier n’est pas passé pas par quatre chemins pour charger Sékouba Doumbia. Il l’accusa de complicité dans l’évasion d’Ismaïl Haïdara, qui était placé sous sa responsabilité dans la maison d’arrêt de Ségou. Ismail Haidara purgeant sa peine à Ségou sous la surveillance du chef de l’établissement, s’est curieusement retrouvé dehors.
Les enquêtes menées ont prouvé qu’il avait quitté la prison et était libre de tout mouvement depuis décembre 2008. Cela bien avant l’ordre de sa mise en liberté. » Pendant sa détention, M Haidara n’était pas en prison, où pouvait-il donc se trouver? « , interrogea Sombé Théra.
L’accusé de répondre que ‘’compte tenu de son état de santé, Ismaïl Haïdara faisait régulièrement la navette entre Bamako et Ségou « . A Ségou, indique t-il, il était logé dans une villa sise au quartier Angoulême.
Il y a des textes qui prévoient des sorties de prisonniers pour des soins, mais que Ismail Haidara se soit retrouvé dehors correspond à quelle loi? l’assener le Procureur Théra.Ce qui, selon Sombé Théra, peut être qualifié d’une évasion.
Personne n’a sa place en prison dira t-il, mais ceux qui sont chargés de veiller sur eux doivent le faire correctement. L’évasion, de façon classique, est une atteinte à l’autorité de la justice. Sur ce, le Procureur a demandé de lui infliger la peine maximale.
Les avocats de Sékouba Doumbia, composés, pour la circonstance, de Maîtres Boubèye Maïga, Amady Karembé, Oumar Sangaré, Ibrahim Kelly et ‘Antonin Sidibé ont tenté de battre en brèche la charge du ministère public. Sékouba Doumbia n’a pas fait évader le prisonnier, contrairement à ce que d’aucuns ont tendance à le faire croire.
Ismaïl Haïdara ont-ils relevé, a été libéré sur ordre du Procureur général près de la Cour suprême. Le régisseur, en le libérant, n’a fait qu’appliquer une décision de justice reçue en bonne et due forme. Maître Aboubacrine Boubèye Maïga de revenir à la charge pour demander au procureur s’il détient quelque chose qui matérialise l’évasion de M Haïdara, avant l’ordre de sa mise en liberté.
Et d’ajouter, par la suite, qu’étant attendu qu’Ismaïl Haïdara était en liberté, pourquoi on ne l’a pas donc arrêté si tel était réellement le cas? En conséquence, les avocats ont demandé la relaxe pure et simple de leur client.
Après s’être retiré pour délibérer, le Tribunal, statuant publiquement contradictoirement en matière correctionnel et en premier ressort contre Sékouba Doumbia l’a declaré coupable des faits de complicité, avant de le condamner à 12 mois de prison ferme.
Après lecture du délibéré, les avocats ont jugé le verdict sévère à l’encontre de leur client. La peine a été trop sévère à leur goût. Elle aurait pu être assortie de sursis, dira Maitre Karembé de l’association Avocats sans frontière. Son collègue Aboubacrine Boubèye Maïga, lui, a soutenu que la procédure a été mal menée. On n’a pas fait d’enquête, on a désigné un coupable, on l’a condamné, a-t-il déploré.
Abdoulaye DIARRA
05 Mai 2010.