Ainsi, depuis son incarcération le 13 avril dernier à la prison centrale de Bamako-Coura, l’étau se resserre autour de Daouda Yattara et de ses présumés complices. Deux personnes viennent de faire les frais de leur collaboration avec « Sitanè ». Il s’agit du chasseur Mamby Kéïta résidant à Kangaba connu sous le nom de Kaaba Mamby et du Caporal de Garde N’Tji Togola.
Depuis le lundi 9 mai 2005, le Caporal fonctionnaire à la Garde Nationale, N’Tji Togola est sous les verrous dans une cellule de l’Etat-major de la Garde Nationale situé à N’Tomikorobougou contiguë à l’Ecole Nationale de Police.
Quant à Kaaba Mamby, il est incarcéré au Camp I de la Gendarmerie Nationale depuis le jeudi 12 mai 2005. Toutes ces deux personnes sont accusées de complicité intelligente avec Daouda Yattara « Sitanè », un présumé criminel.
KAABA MAMBY, UN PRESUME TORTIONNAIRE
Le chasseur de Kangaba, Mamby Kéïta connu sous le nom de Kaaba Mamby en détention provisoire au Camp I depuis le jeudi 12 mai 2005 est accusé d’avoir séquestré Mory Magassouba dit Blakoroba depuis Kangaba avant de le livrer à Daouda Yattara à Sitanèbougou à Bamako, sa résidence. Selon nos sources, c’est à Kangaba chez Mamby Kéïta que le Guinéen Mory Magassouba dit Blakoroba a été ligoté lors d’une soirée dînatoire organisée par Kaaba Mamby en complicité avec Daouda Yattara où le captif était l’invité principal.
Blakoroba, en se rendant à Kangaba chez Mamby où il était de transit pour Bamako, ne savait pas ce qui l’attendait. Comme on le dit en Malinké, « Niyé i djoto djanfa maa, a la bèna i niala de » traduction, un complot est toujours efficace à moins que tu ne sois associé à la préparation.
C’est pourquoi Blakoroba fut vite maîtrisé au domicile de Kaaba Mamby situé au quartier trois de Kangaba appelé « Fugura » pour ceux qui connaissent Kangaba. Il fut ligoté des mains et des pieds, à l’aide d’une corde comme un mouton puis jeté dans le coffre de la voiture Peugeot 305 de couleur noire appartenant à Mamby Kéïta. Direction : Sitanèbougou.
Arrivée chez Daouda Yattara la même nuit, Mamby Kéïta qui était lui-même au volant de sa 305 livra son butin de chasse (entendez par là Blakoroba ligoté) à Daouda et retourna la même nuit à Kangaba. En provenance de Kangaba, Mamby a fait escale au poste de contrôle de Sébénikoro. Blakoroba alors dans le coffre de la 305 avait toute la latitude de crier au secours ; mais non. Selon nos sources, le captif était sûr de lui-même au point qu’il disait que Daouda ne peut rien faire contre lui.
Une année après la disparition de Blakoroba dans des conditions qui restent encore à élucider, d’aucuns affirment que n’eût été Kaaba Mamby, Daouda Yattara n’aurait pas mis la main sur Blakoroba. En tout état de cause, Kaaba Mamby est de nos jours entre les mains des gendarmes du Camp I de la Gendarmerie Nationale du Mali. Accusé de séquestration sur la personne de Blakoroba, le présumé tortionnaire qu’est Kaaba Mamby répondra de ses actes.
PHOTOGENIQUE, LE CAPORAL N’TJI TOGOLA
Selon nos sources, ce sont les éléments du service de la Sécurité d’Etat (SE) qui ont découvert suite à des investigations, une complicité intelligente entre le Caporal fonctionnaire à la Garde Nationale, N’Tji Togola et Daouda Yattara dans l’assassinat de Kassim Camara dit Kassim Dafara en fin mars 2005. D’autres sources révèlent que l’image du Caporal apparaît bel et bien sur des photos en compagnie de Daouda Yattara.
Sur la photo dont nous disposons, Blakoroba apparaît bien ligoté ; sur la même photo, on peut apercevoir les pieds de deux porteurs d’uniforme en treillis militaire portant des bottes (voir photo) mais leur figure n’apparaît pas sur la photo. Est-ce que N’Tji Togola serait parmi eux ? Nous ne saurions l’affirmer. Mais il paraît que sur d’autres photos, on reconnaît bien le Caporal N’Tji.
C’est fort de tous ces indices que la SE aurait informé le nouveau chef d’Etat-major de la Garde Nationale, le Colonel Broulaye Koné d’une possible implication d’un de ses éléments, en l’occurrence, le fonctionnaire Caporal N’Tji Togola dans les assassinats d’hommes dont « Sitanè » est accusé. Sur le champ, la Garde ordonna l’incarcération du Caporal N’Tji.
De l’avis d’un militaire, Togola doit en principe épuiser d’abord une punition de 45 jours dans une cellule à l’Etat-major de la Garde, selon le règlement militaire où il sera interrogé et pourra peut être mis à la disposition de la justice militaire. Si sa culpabilité est avérée, c’est fort probable qu’il soit radié des rangs de nos forces de sécurité. Photogénique est le Caporal N’Tji Togola.
QUI EST N’TJI ?
N’Tji Togola a fait son incorporation au sein des forces de l’ordre et de sécurité du Mali en 1993 sous couple de l’Armée de Terre (AT). Il effectua sa formation militaire à Ségou au terme de laquelle, il a été mis à la disposition de l’Armée de l’Air appelée, « béret Rouge ». Après quelques années passées à l’Armée de l’Air, il demanda un transfert à la Garde Nationale. N’Tji Togola vient de terminer une formation militaire qui l’a promu au grade de Caporal.
Décidément, l’affaire Daouda Yattara dit « Sitanè » est loin d’être close. Que la vérité triomphe.
Daba Balla KEITA
16 mai 2005