Partager

ATT désavoue Moussa Balla Diakité

« Je ne peux pas me permettre de jouer avec les
gouvernements. Le gouvernement n’est pas responsable
des difficultés actuelles. Il y a certes quelques
corrections à faire et on va les faire
« , avait
annoncé le président ATT lors de sa conférence du 8
juin.

Avant-hier lundi soit douze jours plus tard, ces
propos du Chef de l’Etat ont été concrétisés. En
effet, le ministre de la Jeunesse et des Sports Moussa
Balla Diakité et la ministre de la Promotion de la
Femme, de l’Enfant et de la famille Mme Berthé Aïssata
Bengaly ont été débarqués par décret présidentiel.

Quant à la ministre de l’Emploi et de la Formation
Professionnelle Mme Diallo M’Bodji Sène, elle a été
propulsée au département de la Promotion de la Femme,
de l’Enfant et de la Famille.

Les ministres qui viennent d’être ainsi débarqués
ont-ils été à hauteur de mission ? On ne saurait le
dire quand on s’en tient à ces propos du président de
la République lors de la formation du 1er gouvernement
de durée : <<Si tu es bon on te garde, si tu n’es pas
bon, on te sort
>>.

De ce point de vue, le
réaménagement technique intervenu avant-hier lundi
laisse croire que les ministres partants n’ont pas été
à hauteur de mission. Il serait cependant difficile
d’en dire autant de l’ex-ministre de l’Emploi et de la
formation professionnelle Mme Diallo M’Bodji Sène qui,
elle, n’a fait que permuter.

Des deux ministres partants, le cas de celui de la
Jeunesse et des Sports M. Moussa Balla Diakité aura
retenu l’attention des uns et des autres. On peut
affirmer sans risque de se tromper que celui-ci a été
désavoué par le président ATT.

On se rappelle en effet
que l’homme avait sans ménagement pris à partie lors
de son interpellation à l’Assemblée Nationale les
députés qui avaient réclamé sa démission. <>, avait-il
martélé.

Au sujet de la crise du foot-ball malien, le ministre
avait dégagé sa responsabilité en enfonçant la
Fédération Malienne de Foot-ball. Il avait argué que
le football n’était pas la seule raison de sa présence
au gouvernement.

Si le pays a flanché ces derniers
temps dans le domaine du ballon rond, s’était-il
défendu, il n’en demeure pas moins qu’il a remporté
des victoires éclatantes dans d’autres disciplines
sportives.

Il ne fallait donc pas jeter le bébé avec
l’eau du bain. Mais ces explications n’ont,
semble-t-il, pas convaincu le président de la
République, pas plus que les élus de la nation qui
avaient déploré le jour de l’intepellation que les
ministres maliens n’aient pas le sens de la démission.

Par ce réajustement technique, le Chef de l’Etat vient
de donner raison aux députés qui ont tantôt réclamé la
démission du désormais ex-ministre de la Jeunesse et
des Sports ne serait-ce que pour sa responsabilité
morale dans la crise de notre foot-ball roi.
Aujourd’hui, avec ce désavoeu cinglant, le ministre
Moussa B. Diakité est sorti par la petite porte.

Quant à la ministre de la promotion de la Femme, de
l’Enfant et de la Famille Mme Berthé AÏSSATA Bengaly,
les raisons de son départ continuent à faire couler
beaucoup d’encre et de salive.

A-t-elle été débarquée
sur la demande de son parti d’origine à savoir l’UDD?
Ou a-t-elle eu des démêlés avec la Première Dame? En
tout cas, son départ aura été accueilli avec
enthousiasme par le parti de la Colombe.

D’autant que
l’UDD était très remontée contre elle pour avoir
déserté le parti au profit du Mouvement Citoyen. Que
le chef de l’Etat ait donc agi sur la demande de l’UDD
ou pas, cette sortie de Mme Berthé Aîssata Bengaly du
gouvernement est aujourd’hui perçue par le peuple UDD
comme une victoire du parti sur elle.

Ainsi qu’on peut le constater, il ne s’agit là que
d’un léger remembrement ministériel dans la mesure où
la grande majorité des ministres conservent leur
portefeuille. Conformément aux déclarations du Chef de
l’Etat, le remaniement tant annoncé n’a pas apporté un
grand changement à l’attelage gouvernemental.

En effet, lors de la conférence du 8 juin, celui-ci
avait clairement indiqué qu’il ne fallait pas jouer
avec les gouvernements en procédant à des remaniements
intempestifs susceptibles d’engendrer une certaine
instabilité gouvernementale.

Un tel comportement
tendra à rendre le gouvernement responsable, avait-il
expliqué, de toutes les difficultés que traverse le
pays alors que celui-ci, loin d’être à l’origine de
ces maux, fait de son mieux pour les juguler.

Pire,
avait-il poursuivi, ce serait donner dans le panneau
de ceux qui font du tapage médiatique pour se faire
caser ou caser les leurs dans l’équipe
gouvernementale. Il est hors de question pour les
autorités, avait-il martélé, de céder à ces chantages
médiatiques.

En revanche, le Chef de l’Etat avait reconnu
humblement qu’il y avait des retouches à faire au sein
du gouvernement. Il fallait bien apporter quelques
modifications, histoire de donner plus d’efficacité à
l’action gouvernementale.

Pourquoi se limiter,
s’interrogeront certains, à quelques corrections ? Ce
léger remaniement ministériel n’était-il pas
l’occasion inespérée de débarquer les ministres des
partis qui ont prématurément affiché leur ambition
pour la présidentielle de 2007 ?

Inquiétudes légitimes
certes, mais Koulouba en a, semble-t-il, décidé
autrement. Cette éventualité était d’autant moins
envisageable que le Chef de l’Etat avait le 8 juin
dernier estimé qu’il n’avait pas encore à cet effet
toutes les cartes en main.

Un remaniement ministériel
en profondeur suppose, avait-il expliqué, que les
partis politiques qui l’accompagnent aient adopté une
position fixe. Or, aucun d’entre eux n’a jusqu’à
preuve du contraire officiellement remis en cause la
gestion consensuelle du pouvoir.

Et il n’est pas très
indiqué de se référer à des rencontres politiques ou à
des déclarations individuelles pour opérer un
changement en profondeur. De ce fait, un véritable
remaniement ministériel faisant appel aux forces
socio-politiques sincèrement acquises à la cause de
Koulouba n’est pas pour demain.

Car les formations
politiques soupçonnées d’avoir un autre agenda
bataillent dur en ce moment afin que le Chef de l’Etat
n’ait pas toutes les cartes en main. Un tel
gouvernement ne pourra voir le jour qu’à quelques
encablures de 2007 et avec tout le risque que cela
comporte pour le président ATT.

En somme, ce réaménagement technique laisse plus d’un
partenaire de Koulouba sur sa faim. Espérons enfin
qu’il balise le terrain à un vrai remaniement
ministériel capable de donner plus de lisibilité au
paysage politique d’ici 2007.

Samou KONÉ

22 juin 2005