Les événements au Proche et au Moyen-Orient et en Asie, ainsi que les besoins importants de consommation d’énergie de la Chine et de l’Inde conjugués aux spéculations dans les milieux pétroliers, ont fait monter les cours du pétrole à des niveaux élevés. Cette hausse a engendré des effets pervers sur les prix à la pompe, les recettes budgétaires et la facture pétrolière.
Au Mali, selon l’Onap, la période 2005-2006 a été marquée par la flambée continue des prix des hydrocarbures sur le plan international. Ainsi, les prix fournisseurs ont augmenté en moyenne de 18 à 40 % entre 2004 et 2005 et de 22 à 35 % entre 2005 et 2006. Ces augmentations de prix ont entraîné des relèvements de prix à la pompe de 8 à 17 % de 2004 à 2005 et de 2005 à 2006.
« Il importe de rappeler que les desdites augmentations n’ont pas été répercutées sur les prix à la pompe et ce, dans le souci de préserver le pouvoir d’achat du consommateur. De septembre 2005 à avril 2006, les prix à la pompe sont restés inchangés en dépit des variations des variations de prix fournisseurs de 8 à 13 % en moyenne sur la même période », souligne la directrice générale de l’Onap Mme Tapo Touga Nadio. Elle ajoute que si « l’on avait procédé à la répercussion intégrale des variations à la hausse des prix fournisseurs, de 5 à 147 %, les augmentations de prix à la pompe seraient de 16 à 43 F CFA par litre selon les produits. En mai 2006, les prix à la pompe du gasoil, du DDO et du fuel-oil ont été augmentés de 15 F CFA/litre et ceux des essences sont restés inchangés ».
Des augmentations de prix à prévoir
Mme Tapo a salué les efforts énormes consentis par L’Etat en subventionnant le prix à la consommation du gaz butane à hauteur de 1,5 milliard de F CFA en 2005. Il a, en outre, procédé à des réajustements à la baisse des droits et taxes entraînant des pertes de recettes douanières de l’ordre de 15,3 milliards de F CFA l’année dernière.
Des efforts, dira la directrice de l’Onap, ont été consentis depuis quelques mois par les opérateurs pétroliers qui ont enregistré des baisses de marge brute sur les produits du fait des augmentations des prix fournisseurs.
En ce qui concerne la facture pétrolière, elle s’est accrue de 47 milliards de F CFA passant de 147 milliards de F CFA en 2004 à 194 milliards de F CFA en 2005. Elle pourrait s’alourdir de 41 milliards de F CFA en 2006 pour atteindre environ 235 milliards de F CFA si la tendance à la hausse des cours mondiaux se maintenait.
Face à cette flambée continue des cours mondiaux et aux conséquences qui en découlent, l’Etat malien pourra-t-il gérer les contraintes majeures de toute nature ?
Il s’agit, entre autres, d’assurer l’approvisionnement correct du pays en produits pétroliers à moindre coût, de préserver de façon générale les recettes fiscales de l’Etat sachant que les recettes pétrolières représentent entre 40 et 45 % des recettes douanières totales, de garantir aux opérateurs pétroliers une marge suffisante leur permettant de réaliser des investissements dans le sous-secteur, de préserver les équilibres économiques et sociaux, de gérer la flambée continue de prix fournisseurs dans un contexte et conjoncture internationale marquée par des incertitudes dans les milieux pétroliers. C’est en tout cas des questions que se posent de nombreux consommateurs maliens.
Sidiki Y. Dembélé
21 juillet 2006