Gao, vendredi vers 18h30 : un sourd bruit retentit dans la ville. C’est celui d’une grenade. Elle vient d’exploser dans la cour du Commissariat. Une seconde explosion est entendue une quinzaine de minutes plus tard. Ousmane Abdoulaye Touré, directeur de la radio privée Naata de Gao la toute première radio de la Cité des Askia à rendre compte de l’affaire s’est rendu sur les lieux une vingtaine de minutes après les faits. Il ne peut rien voir car les lieux sont bouclés par un fort dispositif de sécurité.
Contacté au téléphone samedi, il nous dira que selon ses informations, le détenteur des deux grenades était un ancien militaire qui était détenu, quelques jours plus tôt par la police pour des raisons qu’il ignore. « Il n’aurait pas apprécié sa détention » et une fois libre, il cherchera à se venger.
Il se procure deux grenades, en jette une dans la cour du Commissariat de police qui l’avait détenu, sans faire de blessés. Il sera, toujours d’après notre informateur, poursuivi par trois policiers qui le rattrapent près de la mosquée de Djoulabougou, en face du célèbre marché « Washington ». Projeté à terre, le fugitif sort une seconde grenade qu’il dégoupille mal, qui explose et le tue sur le champ, blessant deux des policiers et cinq passants. « J’ai vu les blessés à l’hôpital samedi matin.
Un policier est blessé aux orteils et l’autre au visage ».
Le communiqué du ministère de la Sécurité et de la Protection civile lue au journal télévisé samedi soir confirmant ces blessures a précisé que la vie des blessés est hors de danger. Cependant, ce communiqué ne parle que d’une grenade portée par un individu dont l’identité n’a pas été révélée, « les enquêtes continuant leur cours ».
Pour un informateur qui requiert l’anonymat, « l’individu » s’appellerait Mahamadou Touré et il serait un ancien militaire qui a été radié de l’armée depuis plusieurs mois.
Comment s’est-il procuré la munition ? Nous n’avons pas eu de réponse à cette question mais il faut signaler « que ce n’est pas la première fois que des grenades explosent à Gao ».
Pour cette responsable d’Ong, la cité des Askia est devenue plus dangereuse. « Le chanvre indien est ici monnaie courante et fait des dégâts parmi nos jeunes ».
Ailleurs dans la Région, à Ansongo précisément, le mercredi 8 avril vers 11 heures, déplorent plusieurs notables de la ville approchés par nos soins « une patrouille d’éléments intégrés, a tué, dans le Gourma de Labezzanga un chamelier du nom de Zibo Mahamadou ainsi qu’un chevrier de dix ans du nom Mahamadou Diori ».
Les mobiles de ces actes ne nous ont pas été donnés. Mais notre source a précisé que « devant l’ampleur et l’ancienneté de l’insécurité dans ce cercle, une rencontre intercommunautaire sera incessamment organisée ».
La Région de Gao s’est également illustrée ces derniers mois par des désordres intra communautaires liés au trafic de drogue. Devant l’urgence de ce problème, des efforts initiés par des leaders de communauté sont en cours au sein de la communauté arabe et nomade d’une manière générale pour préserver la fragile paix du Nord. En attendant la visite du guide libyen qui reste d’actualité, assurent nos informateurs.
Adam Thiam
Le Républicain du 12 Avril 2010.
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Deux grenades jetées sur le Commissariat de police de Gao… : … La troisième tue son porteur
Gao, dans la nuit du vendredi 9 au samedi 10 avril, un individu non identifié s’est dirigé vers le quartier « Djoulabougou », communément appelé Cinquième quartier, plus précisément vers le Commissariat de police, aux environs de 19 heures.
Il n’y avait aucune sentinelle. Quelques agents étaient dans la cour en train de siroter le bon thé de la cité des Askias. Coup de tonnerre dans un ciel serein: une grenade non dégoupillée tombe devant les éléments de sécurité. Panique.
Certains ont pris la poudre d’escampette par le côté ouest du Commissariat. Dans la minute qui a suivi, une deuxième grenade tombera encore, sans exploser. Seconde panique.
Les plus téméraires avancent vers le portail et voient un jeune homme, le lanceur de l’engin, courir. Rapidement, ils le pourchassent de la mosquée du quartier jusque aux abords du fleuve.
Se sentant en danger, le fugitif tente alors de dégoupiller la troisième grenade qu’il portait et de la jeter en direction des policiers.
Mal lui en prit, puisqu’il était un amateur en matière d’explosifs et qu’elle a explosé entre ses mains. Du coup, ses entrailles sont sorties et tout son corps fut déchiqueté. Il est donc mort. Les éclats de grenade ont occasionné l’amputation de l’orteil d’un policier et des blessures au visage d’un autre.
Des manœuvres, qui déchargeaient non loin de là un camion, ont été également légèrement blessés. Une enquête est ouverte par le duo Dogon (Timbely et Guindo) de la Sécurité d’État de Gao. La première des choses sur laquelle les enquêteurs travaillent en ce moment est l’identification du criminel.
Il semble que ce soit un jeune homme de 18 à 25 ans, de teint noir. Il n’est donc ni Arabe ni Touareg. Sa photo mortuaire, nous a t- on dit, a été affichée au commissariat de police de Gao afin d’inviter les uns et les autres à venir la voir pour une éventuelle reconnaissance. Ce qui pourrait bien orienter les enquêteurs.
Rappelons qu’en janvier 2009, trois notables touaregs avaient été visés par des tirs de grenade, à Gao aussi: le directeur de l’Agence du développement du Nord (ADN), Mohamed Ag Akilinine, un membre du Haut Conseil des Collectivités, Azaz Ag Loudag-dag et l’Honorable Assarid Ag Imbarcawane.
Les trois personnalités n’ont pas été touchées. Mais, il y a quand même eu deux victimes, l »un des assaillants et une domestique.
On croyait cette période révolue. Voici que l’on revient en arrière, au moment où des nouvelles initiatives pour la paix se développent, tant au niveau de la société civile que du gouvernement.
Chahana Takiou
Le 22 Septembre du 12 Avril 2010.