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Le coup d’État du 22 mars a, encore une fois de plus, mis en évidence les divergences de vues entre les deux centrales syndicales du Mali. Il s’agit de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) présidée par Siaka Diakité et la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM) d’Hammadoun Amion Guindo.

Dans une correspondance en date du 4 avril 2012 adressée au Secrétaire général de l’UNTM dont nous détenons d’une copie, Hammadoun Amion Guindo mentionne : « Le Mali indépendant a connu trois coups d’Etat. Le 1er coup d’Etat survenu en 1968, les travailleurs l’ont subi, le 2ème en 1991, les travailleurs y ont participé et étaient acteurs principaux et enfin le 3ème coup d’Etat, les travailleurs n’y occupent aucune place. Historiquement, les travailleurs maliens, à travers des organisations de lutte pour l’indépendance jusqu’à nos jours, ont été et doivent rester au cœur de la vie politique de notre pays. Encore une fois , nous venons par la présente vous demander, en dehors de toute divergence qu’ensemble nous privilégiions le Mali et que nous nous retrouvions pour une plate-forme d’unité d’action afin que les forces d’avant-garde que sont nos organisations syndicales prennent la tête des différents mouvements et sortent le Mali de cette impasse. Le lieu et l’heure peuvent faire l’objet d’une concertation urgente et diligente entre nos deux secrétaires généraux ».

Le Secrétaire général de l’UNTM, Siaka Diakité, s’est dit surpris par une telle lettre de la part du patron de la CSTM. Dans sa réponse en date du 5 avril, Siaka Diakité écrit : « Vous nous envoyez une surprenante et étonnante lettre sur la situation politique du Mali. Vous nous donnez une bonne occasion pour vous marquer une réponse que vous n’oublierez sans doute pas. Mais quel chemin pensez-vous que nous pouvons prendre ensemble ? Vous êtes dans le camp des pro-putschistes après avoir fait croire à la CSI et au BIT que vous êtes contre le coup d’Etat. Sur la toile mondiale votre passage remarqué est bien signalé. Si vous reconnaissez que vous vous êtes trompé, faites le savoir à votre opinion publique nationale ».

S’agissant du coup d’Etat du 22 mars, l’UNTM a déterminé sa position et a invité les mutins à rétablir l’ordre constitutionnel normal immédiatement. Le Front uni pour la démocratie et la république (FDR), composé de plus de 100 associations et plus de 50 partis politiques majoritaires participe à ce processus. Rappelons que ce front est présidé par Siaka Diakité qui a obtenu le rétablissement de la Constitution de 1992. Cela, au grand dam des pro-putschistes au nombre desquels Hammadoun Amion Guindo. La réponse de Siaka Diakité à son camarade de la CSTM est la partie cachée de l’iceberg. Tout oppose les deux responsables syndicaux. A commencer par la question de l’assurance maladie obligatoire.

La CSTM, qui avait adhéré à ce mécanisme social, a aussitôt changé de camp quand il s’est agi de la composition du conseil d’administration de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CANAM). Depuis, Hammadoun Amion Guindo et ses camarades ont remué ciel et terre pour que le maximum de Maliens ne puissent adhérer à cette politique de solidarité initiée par le Gouvernement au profit des travailleurs. Aussi, quand le coup d’Etat s’est produit, la CSTM l’a applaudi et a manifesté son soutien à la junte. Au même moment, Siaka Diakité se voyait à la tête d’un front anti putsch pour un retour à l’ordre constitutionnel. C’est dire donc que le moment est encore loin pour le rapprochement entre les deux principales centrales syndicales du pays.

Alou Badra HAIDARA

L’Indépendant du 16 Avril 2012


UNTM-CSTM : Le désamour parfait

L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) et la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) ont des visions diamétralement opposées. Les événements politiques survenus dans notre pays ont davantage creusé le fossé entre les deux syndicats.

Le secrétaire général de la CSTM, Hammadoun Amion Guindo, a cru devoir bien faire en adressant une lettre à son camarade de l’UNTM, Siaka Diakité, lui demandant la mise en place d’une plate-forme d’unité d’action.

Le but, selon lui, est que « les forces d’avant-garde que sont les organisations syndicales prennent la tête des différents mouvements et sortent le Mali de cette impasse ». Pour M. Guindo, les travailleurs n’occupent aucune place dans le coup d’Etat du 22 mars 2012 alors qu’ils ont subi celui de 1968 et ont participé et étaient même les acteurs principaux du coup d’Etat de mars 1991. Le secrétaire général de la CSTM veut que « les travailleurs maliens, à travers leurs organisations, de la lutte pour l’indépendance jusqu’à nos jours ont été et doivent rester au cœur de la vie politique de notre pays ».

Cette correspondance d’Hammadoun A. Guindo lui a valu une réponse cinglante de Siaka Diakité. Ce dernier rappelle que cette lettre est surprenante de la part de son auteur d’autant plus que l’UNTM a déterminé sa position sur le coup d’Etat du 22 mars 2012 en déclarant fermement son opposition et en appelant les mutins au rétablissement de l’ordre constitutionnel.

En réponse, le secrétaire général de l’UNTM a fait savoir à son camarade de la CSTM que son syndicat a inscrit ses efforts dans le Front uni pour la démocratie et la République (FDR), qui compte plus de 100 associations et 50 partis politiques majoritaires de notre pays.

Siaka Diakité se demande quel chemin peut-il emprunter avec son camarade de la CSTM qui a choisi le camp des pro-putschistes tout en faisant croire aux instances internationales comme la Confédération syndicale internationale (CSI) et le Bureau international du travail (BIT) qu’il est contre le coup d’Etat.

« Idéologiquement et politiquement, le sens et l’interprétation que nous donnons aux événements nous opposent. […] Si vous reconnaissez que vous vous êtes trompé, faites le savoir à votre opinion publique nationale », lui a intimé le secrétaire général de l’UNTM.

Opposées idéologiquement depuis le clash survenu au sein de l’UNTM au congrès de 1997 et qui a donné naissance à la CSTM, les deux syndicats n’ont jamais soufflé dans la même trompette. L’UNTM dénie même à la CSTM sa qualité de syndicat représentatif. Sa légitimité a été mise en cause par la justice à cause d’une condamnation judiciaire que traîne son fondateur, Hammadoun A. Guindo.

Après les événements du 22 mars 2012 la CSTM a pris fait et cause pour les putschistes,ce qui n’a fait qu’attiser la mésentente entre les deux syndicats que plus jamais rien ne pourrait faire asseoir sur la même table.

Abdrahamane Dicko

Les Échos du 16 Avril 2012