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Cette conférence débat est une initiative concertée du cercle de réflexion et de formation islamique au Mali (CERFIM), la ligue islamique des élèves et étudiants du Mali (Lieema), l’association malienne des jeunes musulmans (AMJM), l’association islamique pour le salut (AISLAM) et l’Union nationale des associations féminines de femmes musulmanes (UNAFEM).

Après avoir défini clairement le concept de laïcité qui traduit la simple décision intervenue (un moment donné) de séparer l’Etat de l’Eglise c’est à dire du pouvoir religieux, le conférencier a tout au long de son exposé tenu à lever toute équivoque, quant à ce que doit être l’attitude du musulman face à la laïcité à laquelle il doit se conformer, tant que cela n’entre pas en collision avec des principes et valeurs chère à l’islam.

Le musulman qui vit dans un Etat de laïcité ne doit pas rejeter systématiquement les exigences du système. Il doit faire la part des choses en prenant pour son compte ce qu’il y a de positif et en repoussant ce qui pourrait être en porte à faux avec sa foi musulmane dira-t-il en substance.

La laïcité, selon le docteur es lettre en philosophie veut dire non pas disparition de la religion, mais plutôt l’impossibilité pour l’Etat de s’immiscer désormais dans la gestion de question relevant du religieux.

Pour lui, il (l’Etat) se doit aussi en vertu du même concept, de se garder désormais à équidistance entre les différentes confessions religieuses pour lesquelles il doit juste rester un interlocuteur.

Le concept, explique le conférencier, suscité une certaine peur en occident d’où viennent ses racines. Cette peur explique, selon lui, certaines prises de positions de l’Etat, en Europe, mais il s’agit, dira-t-il, de positions qui, au fond, ne visent qu’empêcher l’expansion d’autres confessions comme l’islam qui est vue comme une religion potentiellement fondamentaliste ou extrémiste.

Toute chose qui, a-t-il tenu à préciser, n’est qu’une vision largement erronée de l’islam qui reste une religion de paix, de droiture de partage… Le conférencier toutefois, a tenu à attirer l’attention de l’élite intellectuelle en Afrique sur une tendance de l’Occident à les utiliser pour mieux véhiculer ses politiques.

« Sans le savoir vous jouez le rôle de véhicules transportant dans nos pays, le concept de laïcité tel qu’appliquée en France et ailleurs en Europe« . Nos Etats n’ont nullement besoin d’une telle Laïcité colportée et qui ne prend nullement en compte nos réalités culturelles, sociales et psychologiques a-t-il ajouté en invitant par la même occasion les Etats africains à travailler à adapter cette laïcité à leurs propres réalités.

Mais, s’il y a une chose que l’islamologue a tenu à dénoncer de vive voix, c’est bien, selon lui, la lecture différente que les autorités, en Europe, font du concept selon qu’il s’agit d’un chrétien ou d’un musulman.

Pour lui, le cas du port du foulard par les jeunes filles musulmanes à l’école publique, affaire qui a défrayé la chronique en France, est l’exemple type de la violation par l’Etat français du principe de la laïcité et, partant, de la loi de 1905 relative à la liberté de culte qui, selon lui, en aucune de ses dispositions n’interdit expressément le port du foulard à l’école.

Le vrai fond du problème a-t-il en outre précisé, c’est qu’en France, a émergé une élite qui utilise désormais la laïcité comme un instrument idéologique.
Chose qui n’a jamais été, selon le conférencier, l’essence même du concept dans ce pays.

Un Etat Laïc peut-il s’accommoder avec la création d’un parti religieux ; est-il possible qu’un Etat moderne soit laïc ?… sont entre autres quelques unes des interrogations soulevées par l’assistance et qui ont amené le conférencier à apporter des réponses apparemment bien reçues par l’auditoire.

Oumar Diamoye

22 août 2006.