Le rapport indique que la presse malienne évolue dans un environnement sociopolitique où le mépris, la tolérance et l’indifférence se fondent en garantie de la liberté de la presse et, donnent à la presse malienne un pouvoir qui n’est pas le sien.
«Le mépris et l’indifférence sont devenus les armes utilisées par les maliens abusés par une certaine presse qui ne distingue pas l’information de ses propres opinions et qui pense qu’il lui appartient de « régler » des comptes», a-t-il souligné.
Le document indique aussi que l’espoir né de la liberté de la presse depuis l’avènement de la démocratie s’est estompé très tôt. «Certains politiques ont mesuré et bien évalué le pouvoir de la presse, surtout dans une démocratie naissante. Ils ont créé et/ou soutenu des médias d’opinion sous le statut« privé et d’informations générales» qu’ils utilisent ou pour le marketing ou pour régler des comptes. Les pouvoirs publics s’appuient sur la puissance publique pour mettre la presse sous coupe réglée», dénonce-t-il.
Selon le rapport, la précarité économique et financière dans laquelle vit la presse malienne favorise toutes les formes de pression et de corruption du pouvoir économique et celui politique. Il précise que le citoyen malien est la seule victime du non respect des principes professionnels élémentaires de vérification et de recoupements des informations par les organes de presse, sur tout quant à ce qui touche à la vie privée et à la dignité de la personne humaine. «Le devoir d’informer n’autorisant pas à jeter l’individu en pâture à l’opinion, de manière délibérée et parfois méchante… », ajoute-t-il.
Pas de télévision privée au Mali
Le rapport révèle que le Mali ne dispose pas encore de télévision privée. Il précise que les fréquences allouées au pays pour les télévisions privées par l’Union Internationale des Télécommunications, ne sont pas aussi nombreuses que celles des radios privées. «Des politiciens et non des moindres, voudraient s’attribuer des fréquences télés et avoir un oeil sur l’attribution du reliquat aux fins d’éviter que ces fréquences ne soient attribuées à des opérateurs qui ne leur sont pas politiquement favorables. La régulation ne commencera que quand il finira d’attribuer les fréquences à qui il veut », dit le document. Il déplore surtout le manque de cohérence et d’harmonie des textes en la matière
Médias d’Etat manipulés par l’Exécutif
Le rapport souligne que les médias publics que d’autres continuent d’appeler médias d’Etat sont de plus proches de l’exécutif que du citoyen. «Leurs liens avec l’Etat entravent leur liberté et leur indépendance éditoriales. Les directeurs sont toujours nommés par l’exécutif suivant des critères jamais préétablis», dénonce-t-il.
Face à la concurrence des journaux privés, le document pense que l’Essor tire son épingle du jeu par la qualité de sa mise en page, son format et son professionnalisme.
Médias privés économiquement malades
Le rapport note que les défis auxquels sont confrontés les médias privés sont nombreux mais, leur défi majeur est économique. Ces difficultés économiques ont pour noms, le manque de ressources financières, matérielles, logistiques et humaines ainsi que de professionnalisme lié au manque de formation, et le retard technologique.
Il précise que les contraintes économiques expliquent en grande partie les dérives et les violations de l’éthique et de la déontologie.
Le rapport souligne que les privées dont celles affiliées à l’Union des Radiodiffusions et Télévisions Libres (URTEL) sont confrontées à un problème technologique. Car la plupart émettant en analogie, avec un minimum d’équipements à l’heure numérique. A cela s’ajoutent la précarité économique et financière et la déperdition des agents formés
Presse écrite Privée déçoit
Le rapport indique que l’espoir suscité par la presse écrite privée dans les années 1990, avant et pendant la révolution de mars 1991, s’est estompé depuis quelques années. «Les titres à la UNE sont plus attractifs que les contenus, les analyses sont rares et ont cédé la place aux atteintes à l’honneur et à la dignité des citoyens. Les opinions personnelles des journalistes ont remplacé l’information. Les violations répétées de l’éthique et de la déontologie ont fini par discréditer la presse et le non respect de la confraternité est monnaie courante», souligne-il.
Cependant il reconnaît que malgré ses lacunes, la presse écrite privée joue son rôle de 4ème pouvoir en dénonçant les abus, les violations des libertés et les tentatives de corruption tant politique qu’économique. Toute chose qui tend à faire éviter certaines dérives des pouvoirs publics.
Audiovisuelle Privée très pauvre
Le document souligne que contrairement au secteur de la radiodiffusion privée, le secteur de la télévision privée malienne est un des plus pauvres de la sous région. Cet espace n’étant occupé que par trois (3) opérateurs maliens. A savoir Malivision, Multicanal et Africable ainsi qu’un opérateur satellite Multi TV Afrique à travers Multicanal Satellite Horizons.
Le rapport soutient que le vide juridique quant à «la captation des émissions produites hors du territoire malien et leur mise à disposition du public par câbles, fibres optiques, faisceaux hertziens, satellite», ne saurait excuser le silence coupable des pouvoirs et des professionnels car, d’autres textes réglementant la Communication Audiovisuelle au Mali sont opposables à Multi TV Afrique et Multicanal.
Il soutient aussi que conformément à la législation en vigueur, l’exploitation commerciale des images de Multi TV Afrique par Multicanal Satellite Horizons est illégale et doit être arrêtée. Le rapport révèle que cet opérateur fait de la concurrence déloyale à Malivision et Multicanal.
Il précise aussi qu’au moment où l’opérateur malien verse au Trésor Public en moyenne 150.000.000 FCFA par an, l’opérateur Canal Satellite Horizons ne paie que les droits de Douanes sur ses décodeurs et la TVA sur 10 % de son chiffre d’affaires qu’il reverse à SABAH ELECTRONIC son collecteur d’abonnements par l’installation de ses équipements de réception.
Madiba Kéita
02 mai 2006.