Partager

Comme annoncé dans notre édition du 13 novembre dernier, le gouvernement du Mali est sorti de sa réserve jeudi en tenant à l’hôtel Nord-Sud une conférence de presse pour dénoncer le contenu du rapport 2006 du système des nations unies sur l’indice de développement humain. Ce rapport publié par l’organisation internationale classe le Mali 175e sur 177. Ce classement du Pnud est contesté par les autorités maliennes.

Au cours de la conférence de presse qu’ils ont animée, les ministres, Marimantia Diarra (Plan et Aménagement du territoire), Gaoussou Drabo (Communication et Nouvelles technologies), Hamed Diane Sémega (Mines, Energie et Eau) et Ousmane Thiam (Promotion des investissements et des PME, porte-parole du gouvernement) ont, chacun, dénoncé au nom du gouvernement le rapport.

« Il est incroyable que le Pnud se prête à de tels jeux. Ce rapport est dommageable pour l’image de notre pays. Il traduit une volonté de nous maintenir toujours dans la pauvreté », s’est offusqué le ministre Séméga.
Son collègue de la Communication trouve l’aspect concernant le Mali franchement « détestable ». Pour Ousmane Thiam, il s’agit soit d’une « incompétence notoire » ou d’une « malveillance » de la part des experts ou consultants, qui ont élaboré ce rapport, où les chiffres se rapportant à notre espérance de vie, le taux d’éducation et le PIB (critères sur la base desquels sont élaborés le rapport) sont biaisés à en croire les membres du gouvernement.

Les membres du gouvernement doutent d’ailleurs si les experts ou consultants du Pnud n’ont fait que reconduire simplement certains chiffres datant de plus d’une dizaine d’années. En tous les cas, d’après les explications du ministre Diarra, dans ce rapport 2006, l’espérance de vie est de 48,1 ans. Un chiffre presque identique à celui de l’année 1976 où l’espérance de vie avait été de 48,2.
La logique voudrait que ce chiffre augmente. Selon M. Diarra, l’espérance de vie au Mali, d’après les chiffres officiels donc gouvernementaux, est de 65,3 ans. Dans le domaine de l’éducation, alors que le rapport estime à 19 % le taux d’alphabétisation et à 378 dollars de PIB par personne, les conférenciers ont avancé les chiffres de 27,15 % et 459 dollars US.

Au cours des échanges avec la presse, les membres du gouvernement ont estimé que ce rapport écorne l’image du Mali. « Ce rapport porte préjudice à l’image du Mali », a indiqué le ministre Drabo et son collègue Thiam d’ajouter qu’« il jure avec les efforts du Mali en matière de développement ».

Comme mesures pour prévenir de tels désagréments, les conférenciers ont annoncé la constitution de données nationales sur le développement humain pour diffusion sur le Net. Par ailleurs les autorités espèrent que la lettre adressée à l’organisation sera suivie d’effet à savoir « replacer le Mali dans sa juste place », a indiqué Ousmane Thiam qui avait auparavant, exposé les prouesses et avancées réussies par le Mali en matière de bonne gouvernance, son élection au titre des PPTE, les multiples accords financiers signés avec les bailleurs de fonds.
Le Mali n’est pas le seul pays à contester le rapport 2006. Le Premier ministre nigérien sur les antennes de RFI s’est aussi élevé contre le document. En 1997, le Mali avait protesté et avait obtenu gain de cause puisqu’il avait gagné de cause. En sera-t-il de même cette année ?

Denis Koné

17 nov 2006