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Les spéculateurs, comme à leur habitude, profitent de l’occasion pour renchérir les prix.
Dans le ménage, à chacun ses soucis en ce mois de carême. Les chefs de famille ont pour principale préoccupation le prix des céréales. Mais une fois le riz, le mil et le sucre disponibles à la maison, il leur reste à assurer le « prix de condiment » quotidien.

La balle revient alors dans le camp des ménagères qui doivent se démener pour sortir de la marmite un plat savoureux, quelle que soit la somme remise pour aller au marché.

Du coup, le prix des condiments devient la hantise des braves ménagères. À cette période, pour cause de Ramadan, cinq condiments retiennent particulièrement l’attention des maîtresses de maison : l’huile, la viande, le poisson, la tomate et l’oignon. Les trois premières sont incontournables dans notre cuisine tandis que les deux dernières sont très demandées pendant le mois de carême parce qu’il constitue la base de la sauce qui porte son nom, « jaba ji » (sauce à base d’oignon et de tomate). Une sauce très appréciée par les jeûneurs pour ses propriétés digestives.

Comme l’année dernière, le mois de Ramadan coïncide avec l’hivernage, une période de soudure pour ces produits qui proviennent principalement de la zone de Niono pour les oignons. L’oignon est en effet cultivé après l’hivernage. Le stock existant sur le marché est celui de la campagne passée. Il faudra donc attendre encore quelques mois pour voir l’oignon nouveau « jaba-coura » sur le marché, explique Sinaly Kamaté, grossiste d’oignon.

Aujourd’hui, le kilogramme du produit coûte entre 375 et 400 Fcfa contre 200 à 175 Fcfa, il y a quelques mois. A priori, la hausse est considérable et l’oignon peut être considéré comme le condiment le plus cher du marché. Mais en fait, les prix se situaient pratiquement en baisse même par rapport à l’année dernière (550 à 650 Fcfa).

Pour la tomate fraîche, la plupart des ménagères sont d’avis que les prix sont raisonnables. Karim Diaby, un vendeur, explique que c’est Baguinéda, Fana, Konobougou, Markakoungo, Dialakoroba, Sanankoroba mais surtout Ouéléssébougou et Kati qui ravitaillent les marchés de la capitale. Le grand panier aujourd’hui est cédé entre 22500 et 25000 Fcfa contre 50.000 Fcfa et 60.000 Fcfa pour la même quantité l’année passée. Le vendeur assure que le prix de la tomate restera longtemps à un niveau relativement bas puisque les différentes zones de production ont commencé leurs récoltes dans quelques semaines. « Ici, une dizaine de jours, les marchés seront inondés de tomate », assure le commerçant.

Par contre, les prix des produits tels que l’aubergine, le chou, la carotte et le piment a pratiquement doublé. Parmi les condiments, c’est la courgette et les choux qui se singularisent en prenant l’ascenseur. Quasiment inconnu de la ménagère malienne jusqu’à une date récente, ce légume est aujourd’hui très apprécié dans le « jaba ji ». En période de pénurie d’oignon, des femmes l’utilisent pour rehausser le goût et la consistance de la sauce. La courgette qui se vendait, il n’y a pas 10 jours entre 25 et 50 Fcfa coûte maintenant entre 100 à 200 Fcfa selon la taille.

Aussi, d’autres produits comme le gingembre, les citrons et le tamarin, des produits très appréciés aussi pendant le Ramadan pour la confection des boissons rafraîchissantes et la préparation de la bouillie de rupture du jeûne, connaissent une petite hausse. Ainsi, le kilo du gingembre est passé de 250 à 350 voire 400 Fcfa.

« Nous cédons le kilogramme à 200 Fcfa aux détaillants. Donc, s’il y a spéculation, c’est n’est certainement pas à notre niveau. Ce sont les détaillants qui cherchent trop de bénéfices« , témoigne Seydou Sangaré, grossiste de ce produit. Mais la quantité disponible est suffisante et peut même être en surabondance.

De manière générale, sur le marché des condiments, la situation reste calme. « Pour le moment ça va », reconnaît Mme Mariam Fofana, sans cacher sa crainte d’une rupture de l’actuelle stabilité des prix.

Doussou DJIRÉ

05 Septembre 2008