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C’est parti pour un mois de jeun pour les fidèles musulmans. Ce mois constitue un moment de prières et d’abstinence pendant la journée. Les musulmans doivent s’abstenir de manger et boire du lever au coucher du soleil. Paradoxalement, malgré les privations, les dépenses engendrées par le mois pèsent lourd sur le budget des ménages. En effet très souvent, c’est le moment où les prix des denrées alimentaires prennent l’ascenseur sous la pression de la demande, mais surtout de la spéculation sur certains produits de consommation courante comme le mil, le riz, le lait, l’huile.

Cette situation contraire aux principes de l’islam, est favorisée par la libéralisation des prix. Du coup, les efforts faits par les pouvoirs publics pour maintenir les prix à un niveau raisonnable ne sont pas totalement ressentis par les consommateurs.

Heureusement, contrairement aux autres années, ce n’est pas encore la valse des étiquettes sur les marchés de la capitale. Les prix des denrées sollicitées pendant le mois de ramadan sont encore relativement stables.

Nous nous sommes rendus sur certains marchés de la capitale pour vérifier l’état des lieux. Le kilogramme de dattes varie entre 600 et 1000 Fcfa en fonction de la qualité. « Le prix des dattes n’a connu aucune augmentation jusqu’ici« , confie Aminata Cissé, une vendeuse de ce produit rencontrée au marché de Dibida. « Je ne suis pas sûre qu’il y aura une augmentation des prix dans les prochains jours. Les grossistes ne nous ont pas encore signalé de problème à l’importation« , poursuit la vendeuse.

DES FACTEURS EXOGENES :

A. M. importe les dattes d’Algérie et de Mauritanie. Pour lui, il n’y a pas de raison que les prix augmentent. « Les stocks de dattes sont suffisants sur le marché. Je pense que tout ira bien pour le mois« , rassure notre interlocuteur.

Le prix du sucre est aussi stable sur les marchés du Dibida, de Bozola et de Dabanani. Ce produit a même connu une légère baisse comparativement au mois dernier. Le prix du kilogramme de sucre est cédé entre 375 et 400 Fcfa contre 450 Fcfa à la même période l’année dernière. Les importateurs rencontrés n’ont pas pu fournir d’explications précises sur les raisons de cette baisse.

Contrairement au sucre, le lait est relativement cher. Le kilogramme de lait revient de 2500 à 2800 Fcfa. L’année dernière à cette même période, la même quantité de lait coûtait 2000 Fcfa, voire moins en certains endroits.
« Le prix du lait a connu des augmentations depuis trois mois. Selon mes informations cela serait du à la conjoncture internationale« , a confié Sambou Traoré, un grossiste. Ce commerçant vend le sac de 25 kg entre 66.500 et 67.000 Fcfa en fonction de la qualité du produit.

Il faut dire que la situation du lait est assez particulière. La hausse des prix est engendrée par des facteurs exogènes, notamment l’accroissement de la demande au niveau mondial et la diminution de la production dans certains pays, grands producteurs.

Le prix de l’huile aussi connaît une relative hausse. Le litre d’huile est vendu entre 600 et 700 Fcfa contre 500 à 600 F cfa à la même période l’année dernière. Le bidon de 20 litres coûte de 13 à 14.000 Fcfa. Le fût de 200 litres est vendu entre 110.000 et 115.000 Fcfa. Les importations proviennent essentiellement de Côte d’Ivoire qui produit l’huile de palme.

Les prix des céréales sont quant à eux stables dans l’ensemble. Le sac de 100 kg de riz oscille entre 27 500 et 30.000 Fcfa selon la qualité et le type.
Le grossiste, Bakoré Sylla, indique que les mesures du gouvernement qui ont consisté à lever la TVA et les autres droits de douanes sur certaines denrées alimentaires, a notablement contribué à stabiliser les prix.

Bakoré Sylla, à travers sa société les Grands greniers du bonheur (GGB) dispose d’un stock de 20.000 tonnes de sucre et 30.000 tonnes de riz. « Nous remercions le gouvernement pour ses efforts et nous assurons les consommateurs que le mois de carême se passera bien« , promet Bakoré Sylla en assurant que depuis des années, les prix du sucre et du riz n’avaient pas connu une telle stabilité.

Un autre produit prisé en ce mois est la pomme de terre. Elle est cédée entre 500 et 600 F cfa le kg. Le sac de 25 kg coûte 12.000 Fcfa au marché de Médine et dans d’autres points de vente que nous avons sillonnés.

UNE PROROGATION OPPORTUNE :

Pour la viande, depuis la fin de l’exonération du paiement de la taxe d’abattage sur ce produit par le gouvernement, le prix du kilogramme de viande avec os est reparti à la hausse pour culminer à 1400 Fcfa sur les marché de Dibida, Sabalibougou et Torokorobougou. La même quantité pour la viande sans os est vendue 1600 Fcfa. Le kilogramme de viande de mouton coûte 1700 Fcfa.

Le directeur national du Commerce et de la Concurrence, Mahamane A. Touré, explique la stabilité relative des prix des denrées de première nécessité sur le marché national, par les mesures décidées par les pouvoirs publics pour faire face à la période de soudure.

Il s’agit de l’exonération de TVA, de taxes de douanes et de droits divers sur certains produits que sont le lait en poudre, l’huile, la viande, le riz et le blé. Cette mesure devait prendre fin le 31 août dernier. Mais en raison du mois de Ramadan, cette date a été prorogée au 31 octobre par le comité interministériel chargé de la question, explique Touré.

Le directeur national du Commerce et de la Concurrence invite tous les commerçants importateurs à profiter des facilités accordées par le gouvernement pour bien approvisionner le pays.


Be COULIBALY


RAMADAN : PAS D’INQUIÉTUDE POUR LE GAZ BUTANE

Le mois de carême est par excellence une période de grande consommation du gaz butane. Pour assurer le ravitaillement régulier des différents points de vente, les opérateurs gaziers ont amassé des stocks suffisants.

L’assurance en a été donnée par le président du groupement des opérateurs gaziers du Mali, Oudiari Diawara, qui salue la bonne collaboration entre le groupement et l’Agence malienne pour le développement de l’énergie domestique et l’électrification rurale (Amader).

Si le gaz est disponible à suffisance pour le mois de Ramadan, c’est parce que les pouvoirs publics ont honoré leurs engagements en s’acquittant des factures de la subvention. « L’État nous a payé a temps. Cette année, nous avons payé en cash les fournisseurs. C’est pourquoi, ils ont mis à notre disposition toute la quantité dont nous avions besoin« , explique Diawara.

Aussi, de commun accord avec l’Amader, les opérateurs gaziers ont décidé de prolonger la campagne de vente promotionnelle du réchaud à gaz à 14 000 Fcfa. Aujourd’hui et pour toute la durée du mois de Ramadan, le gaz et le réchaud sont disponibles aux points de vente habituels.

Par solidarité avec les fidèles musulmans, le directeur général de la Société de distribution de gaz (Sodigaz), a décide de céder les bonbonnes de 6 kg à 1500 au lieu de 2000 Fcfa. « Le mois de carême est un mois de solidarité et de sacrifice. C’est pour cette raison que j’ai décidé de faire une vente promotionnelle pour aider les foyers musulmans« , indique Oudiari Diawara.

Pour éviter toute spéculation sur le gaz subventionné, les opérateurs gaziers en appellent à l’esprit citoyen de tous les revendeurs. Selon le président de leur groupement, des pays voisins commencent à adopter de mesures protectionnistes autour de leur gaz. « Nous devons aussi protéger notre gaz subventionné« , dit-il. En effet, dans un pays voisin, le gaz ne passe la frontière que sur autorisation spéciale du gouvernement.

Les principaux points de ravitaillement de notre pays sont Tema au Ghana et Cotonou au Bénin. L’axe d’Abidjan recommence à fonctionner. La Côte d’Ivoire était l’un des principaux fournisseurs de gaz de notre pays jusqu’à ce que la crise politico-militaire qui déchirait le pays depuis 2002 affecte considérablement le secteur du gaz.
Des discussions sont aussi en cours avec la Mauritanie afin de conclure une convention de ravitaillement du marché à partir de ce pays voisin et ami.

Quelques chiffres pour finir : au titre de l’année en cours, à la date du 31 juillet, notre pays avait consommé 2993 tonnes de gaz contre 2363 tonneS à la même période, il y a un an. A l’horizon 2012, l’ambition est d’atteindre le cap des 20 000 tonnes par an.

L’objectif final de la promotion du gaz étant de réduire la trop grande consommation de bois et de charbon dans notre pays, dans le cadre d’une lutte globale contre la désertification.

A. M. CISSÉ- L’Essor

14 septembre 2007.