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L’organe de diffusion remplace ou renforce au besoin la traditionnelle mission du griot ou du Koroduga (ça peut être un bouffon) qui à la charge de dissémination de messages ou de mots d’ordre.

Plus dense, la transmission par ondes hertziennes rayonne sur l’aire géographique et les populations. Elle peut être facteur de fédération ou de synergie des forces et compétences des mêmes populations dans la concrétisation d’initiatives ou projets de développement à la base.

Il faut un déclic à toute œuvre humaine. Est dès lors apparue comme innovatrice et futuriste la semaine de la radio communautaire dont le thème a été «la Radio Communautaire et les initiatives de développement local». Une aspiration fondée, une ambition légitime tout a fait nationale.

Mieux vaut tard que jamais

La première semaine de la radio communautaire a eu lieu du 19 au 23 décembre 2005, quatorze ans après que l’organe ait accompagné le vent d’instauration de la démocratie. A mi-chemin elle s’est engagée dans l’implantation du processus de décentralisation.

Dans l’ensemble, la mission militante ou patriotique de service d’utilité publique est accomplie à la satisfaction des auditeurs (la radio rurale de Kayes et Bamakan à Bamako font partie des pionnières).

Comme pour les acteurs de tout processus d’évolution il est arrivé que les radiodiffuseurs pêchent par ignorance. Il y a approximativement moins de mal et beaucoup de peur.

Le relatif retard avec lequel s’est tenue la semaine se justifie donc difficilement, tant est reconnu le rôle de pionnier du Mali dans le domaine de la radiodiffusion privée en général et communautaire en particulier.

La semaine a permis la réidentification des difficultés de formation et d’équipement. La problématique de la difficulté de collecte de fonds auprès de populations souvent démunies, la précarité financière exacerbée par la mauvaise définition de typologie (Associatif, Confessionnel ou Communautaire similaires sur un marché insidieusement prospecté par le
Commercial) qui laisse les sensationnels ou agressifs générer des recettes alors que les «sociables» ont peu ou rarement l’oxygénation de ressources publiques, de subvention ou de (bien maigre) publicité.

Et pourtant l’organe se fonde dans la plupart des cas a partir de cotisations de membres de la communauté qui y croient avec immanquablement l’appui financier ou matériel d’un donateur toujours ni désintéressé ni apolitique.

Toutefois il est constant que dans le fonctionnement : la faiblesse du budget puisse se justifiée par la minceur des recettes («l’annonceur» peut offrir chèvre ou brebis alors que l’auditeur enthousiasmé fait don de poulet, de lait, d’igname ou de patate. Ce n’est pas rien au terroir, mais loin de couvrir les charges de fonctionnement).

Toutefois au terme de l’initiation a l’identification d’initiatives de développement local et de l’analyse de situation des «communauteurs» on peut retenir du nombre de recommandations ; le vœux de consolidation des acquis des radios communautaires en matière de promotion du genre, de la lutte contre le Sida, et de la défense des droits humains en vue de l’émergence d’une société civile forte et dynamique et bien sur le renforcement du rôle de la radio communautaire dans le développement participatif.

Quantité n’est pas qualité mais la représentativité à la semaine (radios de Fana, Dioïla, Ouéléssébougou, Bougouni, Sélingué, Kérouané, Sikasso, Niono et Nonzombougou.) se devait un peu plus pointue (environ 300 récépissés ont été délivrés, 162 radios sont en activités – selon le Président du Conseil supérieur de la communication : 2023 fréquences radios sont disponibles).

Persévérer dans la lutte

Sans le déplorer on peut remarquer que les travaux de réflexions se soient confinés aux sièges de la coalition des alternatives africaines dette et développement de l’Ong. Axe – Formation en Commune I. – comme la vocation est de rester proche de la communauté – le fait que les dits locaux soient peu ou pas connu du grand public ne saurait être un handicap.

Le manque de visibilité n’est pas en lui-même cause d’approximation alors que la cogitation en vase clos favorise l’approfondissement de la recherche dans un milieu ou la déperdition est alors moindre.

En un mot le mérite est grand pour la tenue de la concertation qui ne pouvait se faire sans la confiance du partenaire Canadien Carrefour Canadien International et la volonté déterminée des initiateurs (l’activité était envisagée depuis au moins deux ans).

Ce n’est d’ailleurs pas un acquis dans un contexte de raréfaction de ressources publiques mais aussi de manque de crédibilité de certains consultants ou porteurs de projets très enclins au gain ,peu sensibles aux résultats et encore moins aux… justificatifs.

Quand on sait que le bien être des populations en général ,des paysans en particulier (s’ils ne sont les plus nombreux) est une quête permanente, l’alliance des radios communautaires (Arcom) qui a accomplie une part de bataille doit persévérer dans la lutte.

Moïse Traoré

Ortm

13 janvier 2006.