Les auditeurs d’Africa n°1 ont dû faire le constat d’eux-mêmes. Cette station, qui diffusait ses programmes au Mali et dans le reste du monde, est muette depuis quelque temps. Son silence à Bamako date du mois d’octobre.
L’arrêt de ses émissions dans l’espace audiovisuel bamakois est consécutif à l’incapacité de cette radio d’honorer ses engagements financiers vis-à-vis de l’ORTM, son partenaire stratégique.
Selon le DGA de l’ORTM, Nouhoum Traoré, son service a été obligé de couper le signal d’Africa n°1 en octobre dernier pour avoir cumulé des arriérés d’impayés relatifs aux frais de location de ses installations techniques.
Les règlements des factures qui se font trimestriellement n’étaient plus réguliers et l’ardoise devenait de plus en plus salée. Pour entrer en possession de son dû, l’ORTM, à en croire son DGA, avait commis son conseil juridique sans avoir gain de cause. Le DG, Sidiki Konaté avait personnellement effectué le déplacement de Libreville au Gabon pour tenter de décanter la situation. Mais en vain.
Le partenaire gabonais avait même émis un chèque sans provision, mais qui fut par la suite crédité. Depuis lors, plus rien n’a été payé et la créance était estimée à plus de 50 millions de F CFA au mois d’octobre. L’ORTM, qui doit éclaircir son bilan financier de l’année 2004-2005 en cette fin d’année, doit aussi se justifier devant son conseil d’administration. Bien de raisons qui l’ont décidé à couper.
Le déclin d’une chaîne
Cette coupure de signal d’Africa n°1 n’est que la face cachée des déboires que cette chaîne connaît depuis longtemps. Après avoir fait la fierté du peuple gabonais et de tout un continent depuis 1981, année de sa création, Africa, comme l’appellent affectueusement ses auditeurs, assiste impuissant à sa descente aux enfers.
Conséquences : des coupures de signal dans plusieurs autres capitales africaines et autres points du globe pour les mêmes raisons d’insolvabilité. Mais bien avant, les programmes ont commencé à se réduire comme peau de chagrin. Les émissions ne respectaient plus leur rythme normal de 24 h/24.
Les causes profondes du déclin d’Africa seraient imputables à son initiateur et principal bailleur de fonds, le président du Gabon, El hadj Omar Bongo Ondimba (OBO). Le parrain, qui n’était plus satisfait de son « enfant », lui a coupé les vivres.
Les difficultés financières ont eu à leur tour comme effet une vague de départs du personnel. Des animateurs et journalistes talentueux, qui ont contribué à rehausser l’image de la chaîne, se sont démis au profit de chaînes TV privées et de radios au Gabon ou à l’étranger.
Il est de plus en plus question de la fermeture définitive de la station qui couvre beaucoup plus le territoire gabonais et alentours qu’ailleurs. Sa vocation panafricaine est désormais à l’encans. Est-ce la fin d’une légende nommée Africa n°1 ?
Abdrahamane Dicko
22 décembre 2005.