Religieux, chanteur précurseur du « zikiri » dans son genre premier, Racine Sall, 35 ans après son premier album enregistré à Paris, continue de transmettre le message de Dieu dans un style dont il a le secret.
Le « zikiri » est bien apprécié par les Maliens. Beaucoup y voient un côté spirituel. Les chanteurs de « zikiri », à l’image de Mohamed Diaby, font aujourd’hui l’objet de beaucoup de sollicitations à travers les mariages et baptêmes. Des jeunes artistes sont en train de faire carrière dans le domaine.
Mais parler de « zikiri » sans faire allusion au précurseur de ce genre musical, Racine Sall, relèverait d’une grave injustice. Présent sur les antennes de la radio nationale depuis plus de 30 ans, Racine Sall continue de chanter avec l’ardeur de ses 18 ans.
L’homme a placé haut la musique religieuse aux côtés des autres. Grâce à sa voix unique et à son inspiration incommensurable, Racine Sall, depuis 30 ans, fait partie des musiciens maliens à qui la communauté musulmane doit reconnaissance.
Issu d’une famille de religieux, Racine est originaire de Kayes. Il est le fils de Mahamadou et de Houlaye Sow. « A l’époque, c’est son père qui rendait la justice religieuse dans son village, après les juges civiles. Après le décès de son père alors qu’il avait dix ans, Racine a séjourné chez son grand frère, chez qui il a terminé ses études religieuses ».
Très tôt, le jeune embrasse la chanson religieuse sans pourtant que ses parents soient griots ou chanteurs. « La musique m’est venue comme ça. C’est un cadeau de Dieu ».
Considéré comme le précurseur du « zikiri » dans notre pays, Racine Sall a mené plus de 20 ans durant un combat solitaire avant de s’imposer. L’homme doit être aujourd’hui très fier d’avoir cru en l’avenir du « zikiri » et de voir le marché inondé de cassettes de ce genre musical. A ses dires, le « zikiri » demande moins d’instruments. « Mais cela n’affecte en rien la qualité du produit ».
Dans ses chansons, Racine traite le thème de Dieu, le prophète et de temps en temps ceux qui ont aidé à asseoir la religion. En un mot, il conseille et sensibilise sur les bonnes pratiques de la religion musulmane dont il est un des fervent défenseur. « Je ne chante pas les louanges des hommes ».
Autodidacte, Racine Sall fait partie des premiers sinon le premier artiste malien à faire un album. C’était en 1973. Père de 6 enfants, Racine en est aujourd’hui à son 13e album.
Aux jeunes générations, il n’a qu’un seul conseil à la bouche : « Je dis aux jeunes de mesurer la portée de tous ce qu’ils disent dans leurs chansons. S’ils mélangent du coupé-décalé à leur musique, c’est sûr que le message qu’ils veulent faire passer ne passera pas. Ça sera de l’amusement. Je n’accuse pas, mais je conseille ». Avis autorisé d’un devancier !
Amadou Sidibé
25 Septembre 2008