Tous les jours appartiennent au voleur mais un au propriétaire, dit-on. Ce dicton sied à Adama qui l’a appris à ses dépens le vendredi 16 avril 2010. Le jeudi à 5 heures du matin, Sinè Salamanta vendeur de Café près du Commissariat de police du 3è arrondissement s’installe, en déposant 10 miches de pain sur sa table et s’étala sur le banc attendant l’apparition du soleil. Soudain, Adama vint et le trouva endormi. Il prit les 10 miches avant de disparaitre dans la nature.
Ayant constaté à son réveil le vol de ses pains, Sinè Salamanta n’a laissé apparaitre aucun sentiment. Le lendemain, Adama le voleur, refait surface et profita du scénario de la veille pour récidiver son forfait. Sauf que cette fois, il veut emporter totalement les ustensiles de Sinè. Il dépose les 10 miches de pain de l’autre côté de la voie bitumée et revient pour s’emparer de la marmite déposée sur le fourneau. Croyant que celle-ci était remplie de viandes il l’a soulevée avec force. Malheureusement pour lui, le couvercle tomba faisant un grand bruit qui réveilla le vendeur en sursaut.
Sinè demanda à Adama d’expliquer les raisons de sa présence à son lieu de travail. Il lui répondit qu’il venait livrer du pain à ses clients. «Où se trouvent tes pains et quelle boulangerie t’en fournit ?», lui demande le vendeur de café. Adama le voleur indiqua du bout de doigt le lieu. Sinè vint les voir et remarqua que ce sont ses pains. «Tu es un voleur ce sont les miens», a-t-il dit au voleur.
Pour se tirer d’affaires, Adama interdit à Sinè de le traiter de voleur affirmant qu’il travaille dans ce domaine depuis quelques années. Finalement, le Bozo lui demande qu’ils se rendent ensemble au Commissariat de police.
Cette proposition n’a pas plu à notre homme. «Je suis chauffeur de profession je te laisse ma clé pour aller chercher le prix de ton pain», a-t-il dit au vendeur de café. Celui-ci accepta avant de revenir sur sa décision. Le voleur lui dit encore qu’il était vendeur de tissus tombé en faillite. «J’ai faim c’est ce qui m’a poussé à voler ces pains. Sinon, je ne suis pas voleur», a-t-il ajouté.
A ces mots, Sinè le vendeur du café lui a intimé l’ordre de le suivre au poste de police du 3è arrondissement. Une discussion vive s’est engagée entre les deux hommes.
Les policiers qui les observaient de loin sont intervenus et les ont conduits au poste. A l’interrogatoire Adama se fait appeler Drissa et reconnait les faits qui lui sont reprochés. Il fut mis au frais.
Ses parents appelés acceptent de rembourser le prix de 10 miches de pain trouvées en sa possession.
Cependant, faute de preuve, ils ont refusé de payer les 10 autres miches volées la veille par Adama. Maintenu en garde à vue, il sera également obligé de payer la contravention car le vol est un acte puni par la loi.
Une fois de plus, le problème de repères moraux se pose dans notre pays. Comment un jeune d’une trentaine d’années accepte-t-il de se faire prendre pour quelques miches de pain ?
Hassane Kanambaye
Le Ciwara Info du 22 Avril 2010.