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Gérer, c’est prévoir, a-t-on coutume de dire mais, peut-on affirmer que c’est toujours le cas au Mali, comme ailleurs en Afrique? La question a tout son sens et elle nous impose de puiser dans un passé récent les expériences accumulées dans le cadre de la gestion des affaires publiques pour éviter toute affirmation gratuite.

Le Mali, à l’instar de tout autre pays, est
confronté à ce qui est communément appelé depuis quelques mois la cherté de la vie. Mais, lorsqu’on analyse les énormes potentialités du pays, on a du mal à comprendre que les autorités successives maliennes n’ont encore pu assurer l’autosuffisance alimentaire. Lequel des pouvoirs est-il mieux placé pour amener le Mali à l’atteinte de cet objectif majeur, tant caressé par les populations quelques années après l’indépendance du pays?


Le pouvoir ATT face aux précédents

Ce qui est sans ambiguité, c’est que tous les pouvoirs qui ont précédé celui du président Amadou Toumani. L’espoir n’est pas perdu, puisque ATT est au début de son deuxième mandat qui s’annonce certes, davantage difficile en raison de la conjoncture internationale née de la hausse vertigineuse du prix du pétrole qui n’épargne aucun pays.

Mais la multiplication en cours des initiatives tendant à une recherche de solutions durables représente un motif d’espoir. Il ne s’agit pas d’incantations, mais d’actes concrets dont la mise en oeuvre est effective depuis quelques semaines. Au moins le pouvoir actuel a de la chance et l’opportunité de démontrer que l’objectif d’autosuffisance alimentaire peut bien être atteint.

Relever ce défi demande que les efforts soutenus soient déployés par l’ensemble des acteurs de la lutte pour l’autosuffisance alimentaire à travers l’initiative riz, un projet du Premier ministre que mérite d’être soutenu en vue d’un renversement de tendance. Récemment beaucoup d’obstacles dans la mise en oeuvre de l’initiative riz ont été levés, l’initiative est donc loin d’échouer.

Par contre, aucun pouvoir, malgré les énormes potentialités de l’Office du Niger, n’est arrivé à assurer l’autosuffisance alimentaire. De là on comprend qu’ils ont tous échoué par rapport à cet objectif. Place donc au pouvoir ATT de relever ce défi majeur en plus de ceux de l’école et de l’insécurité au Nord-Est du pays.

Les différentes concertations en vue doivent être des cadres appropriés de propositions de solutions aux problèmes qui assaillent les populations, pourvu que leurs représentants jouent sincèrement leur partition.


Pourquoi les difficultés sont elles structurelles

Certes, le pays est considéré comme étant parmi les plus pauvres, mais il s’agit d’une situation qui a des explications qui, pourtant, ne doivent échapper à personne. A vocation agro-sylvo-pastorale, le Mali pouvait avoir une économie développée au point de se retrouver aujourd’hui parmi les pays les mieux enviés, parce que les mieux dotés de ressources immédiatement utilisables et qui suffiraient pour la consommation interne et la commercialisation à l’étranger.

Il fallait, à cet effet, que nous développions au maximum nos potentialités agr-sylvo-pastorales inestimables. A ce jour malheureusement, aucun pouvoir n’a pu assurer un développement de ce secteur de production des denrées alimentaires qui auraient pu mettre aujourd’hui le Mali et les Maliens à l’abri de cette escalade infernale des prix des denrées de première nécessité. Hélas, aucun des pouvoir n’a donné la preuve que gérer c’est prévoir.

Pensaient-ils à cela? Rien n’est moins sûr, quand on sait que, en tout cas, de l’ouverture démocratique à ce jour, il y a eu beaucoup de fonctionnaires qui se sont enrichis. Les pouvoirs, ce sont des hommes, leur caractère, leur personnalité et leur centre d’intérêt.

En général, les pouvoirs qui se sont succédés n’ont jamais donné la preuve à travers les actes qu’ils posent qu’ils prévoient l’avenir, les crises. Traditionnellement, on attend que les problèmes se posent pour commencer à chercher les solutions. Tous ces constats démontrent que les problèmes que nous vivons aujourd’hui d’ordre structurel et que les pouvoirs précédents sont à la base de cette situation explosive à laquelle nous devons faire face aujourd’hui.

C’est à partir de cette considération qu’on estime que certains n’ont même plus droit à la parole, simplement parce qu’ils sont disqualifiés à cause de leur incapacité à gérer des problèmes qui sont demeurés ou qui surgissent et prennent des proportions davantage inquiétantes.


Les contraintes de la hausse du prix du pétrole

Cependant, la conjugaison des facteurs exogène est en train de contraindre autorités et producteurs à se surpasser afin d’assurer une production maximale qui est aujourd’hui le seul gage de la sécurité alimentaire et de la quiétude pour le futur. De ce point de vue, il apparait indiscutable que la situation dans laquelle le Mali se trouve aujourd’hui interpelle tous les Maliens.

Au stade actuel, il importe surtout d’aller au-delà des critiques et accusations interminables, parce que stériles pour conjuguer nos efforts dans le sens de la correction des lacunes et insifusances accumulées depuis plusieurs décennies. Ces efforts et cette synergie ne doivent pas être conditionnés à des appartenances politiques ou idéologiques.


Les aspirations du peuple avant tout

Il est nécessaire de donner la preuve à l’opinion publique internationale que le Mali est une nation et qu’à ce titre, les Maliens ont un certain nombre d’ambitions communes, de préoccupations similaires, le tout convergeant vers l’amélioration des conditions de vie et de travail de l’ensemble de la population.

En effet, il y a lieu de se demander ce que vaut un Malien sans le reste de la population, surtout lorsqu’il s’agit d’un décideur. Qu’il soit issu d’un parti politique ou de la société civile, qu’importe? Ce qui compte, c’est l’intelligence, la volonté et l’engagement avec lesquels les difficultés socio-économiques sont abordées et gérées, tout le reste n’est qu’une gymnastique contribuant simplement à faire perdre du temps et à retarder le décollage économique.

Il n’y a pas de miracle, il ne pourra se faire qu’à travers le travail, l’abnégation, la sincérité. Si tout le monde, ou du moins les décideurs et leaders d’opinion pouvaient comprendre cela, tout serait plus facile que maintenant, parce que les aspirations profondes des Maliens seront accomplies, mais non sans sacrifices bien entendu.

Il importe que les uns et les autres saisissent l’opportunité d’avoir aujourd’hui un président de la République qui a une forte volonté politique de s’attaquer aux problèmes dits structurels et qui ont la vie dure à cause du laxysme de ceux qui ont précédé ATT au pouvoir.


Moussa SOW

17 Juillet 2008